EuroBusiness Media (EBM) : Elior, leader mondial de la restauration et des services, présente aujourd’hui sa nouvelle stratégie 2016-2020. J’ai le plaisir de rencontrer son président-directeur général. Philippe Salle, bonjour. Nous sommes le 24 septembre, jour de l’annonce officielle de votre nouvelle stratégie à horizon 2020. Quelles en sont les grandes lignes ?
Philippe Salle : Avant tout, nous entendons renforcer notre positionnement sur la restauration. Nous sommes un restaurateur, et je trouve essentiel de continuer à faire savoir que cela demeure notre premier métier. Bien sûr, le Groupe occupe également le secteur des services mais, je le répète, la restauration est et restera notre cœur de métier. Par ailleurs, la mise en œuvre de notre stratégie repose sur trois principes : se différencier, innover et accélérer.
EBM : S’agissant de vous différencier des autres opérateurs du secteur, comment comptez-vous vous y prendre ?
Philippe Salle : Nous mettrons l’accent sur deux aspects. Le premier, bien sûr, sera la restauration, par notre attention à la qualité du produit, mais aussi à la qualité de notre service, au quotidien, dans nos différentes implantations. Le deuxième aspect consistera à nous différencier dans l’univers du digital.
EBM : Si l’on distingue maintenant les différentes activités du Groupe, quelles sont vos priorités pour la restauration collective ?
Philippe Salle : Pour cette activité, nous avons quatre priorités. Tout d’abord, consolider notre position en Europe continentale : en France, en Espagne, au Portugal et en Italie. Ensuite, nous développer au Royaume-Uni : nous y occupons la 5e place aujourd’hui et nous voulons intégrer le top 3. Troisième point, les États-Unis : nous entendons poursuivre notre stratégie de niche. Nous ne partirons donc pas à la chasse aux gros contrats, mais nous voulons, là aussi, accroître très rapidement notre présence, en la multipliant probablement par trois. Enfin, nous voulons à terme pénétrer le marché asiatique. Selon toute probabilité, ce sera après 2017, mais nous voulons étendre la présence du Groupe hors Europe et hors États-Unis.
EBM : Pour en venir au marché de la restauration de concession, quels sont vos projets ?
Philippe Salle : Je pense que l’évolution sera similaire à celle de la restauration collective. Nous voulons consolider notre position en Europe continentale, donc en France, en Espagne, au Portugal et en Italie. Nous n’avons encore qu’une petite présence aux États-Unis. Là aussi, nous avons la ferme intention de grandir rapidement, pour doubler de taille en restauration de concession. Sur le marché aéroportuaire, nous entendons également pénétrer de nouveaux marchés, en particulier le Moyen-Orient, et probablement l’Asie aussi.
EBM : Dans le secteur des services, où allez-vous placer vos priorités ?
Philippe Salle : Dans les services, nous serons probablement plus sélectifs. Tout d’abord, je tiens à rappeler que nous sommes présents dans les services hors restauration en France. Nous allons probablement nous lancer aussi au Royaume-Uni ou aux États-Unis. J’insiste, ce que nous voulons, c’est nous montrer extrêmement sélectifs et nous assurer que nous apportons une valeur ajoutée au client final.
EBM : À horizon 2020, quels sont vos projets de croissance externe ?
Philippe Salle : Pour notre croissance externe, nous envisageons d’investir jusqu’à un milliard d’euros, essentiellement en restauration collective et un peu en concession, en ciblant prioritairement les aéroports, surtout au Moyen-Orient et en Asie. L’essentiel de l’investissement se fera donc en restauration collective, majoritairement au Royaume-Uni et aux États-Unis.
EBM : Quel niveau de performance économique espérez-vous atteindre en 2020 ?
Philippe Salle : Nous voulons atteindre trois objectifs financiers. Le premier concerne le chiffre d'affaires, que nous voulons porter entre 7 et 8 milliards d’euros d’ici 2020. Le deuxième a trait à la rentabilité : nous voulons réaliser une marge EBITDA oscillant entre 9 et 10 %. Le dernier est le cash flow, ce que nous appelons le rendement, c’est-à-dire les flux de trésorerie disponible dégagés par l’EBITDA. Nous voulons atteindre une fourchette de 45 à 50 %. La trésorerie est évidemment essentielle, car nous voulons garder la maîtrise de nos investissements en fusions et acquisitions, et assurer notre indépendance financière. Enfin, pour atteindre ces objectifs financiers, nous allons lancer un vaste programme de transformation baptisé Tsubaki, à travers huit chantiers destinés à suivre les actions à mettre en œuvre, si nous voulons atteindre nos objectifs d’ici 2020.
EBM : Allez-vous modifier l’organisation du Groupe ?
Philippe Salle : Oui. Nous allons faire en sorte que notre stratégie se reflète dans notre organisation. Nous allons donc nous organiser par activité. L’une de ces entités sera dédiée à la restauration collective, et j’en assurerai la direction. La deuxième sera dédiée aux services, et la troisième à la restauration de concession, que Pedro Fontana dirige à l’échelle mondiale.
EBM : Pour en venir à la vision qui guide cette stratégie : comment voyez-vous Elior demain ?
Philippe Salle : Demain, nous serons plus internationaux. Comme je le disais, nous allons pénétrer de ouveaux marchés, notamment en Asie. Le digital prendra également une grande part dans nos activités, et l’IT occupera donc une place importante. Et rappelons que les RH s’inscrivent bien sûr dans notre stratégie : nos équipes joueront un rôle essentiel dans sa réussite et dans la promotion des valeurs d’Elior, et tout particulièrement la qualité.
EBM : Philippe Salle, merci beaucoup.
Philippe Salle : Merci à vous !