EuroBusiness Media (EBM) : BNP Paribas, l’une des plus grandes banques en Europe, publie ses résultats du deuxième trimestre 2018. Jean-Laurent Bonnafé, bienvenue. Vous êtes Administrateur Directeur général de BNP Paribas.
Jean-Laurent Bonnafé : Merci
EBM : Quels sont les faits marquants des résultats du Groupe au deuxième trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Le Groupe réalise des résultats solides ce trimestre. L'activité commerciale continue sa bonne progression dans un contexte de croissance économique en Europe., Les encours de crédit du Groupe progressent ainsi de 3,7% en glissement annuel.
Les revenus des pôles opérationnels progressent de 1% avec une forte croissance dans International Financial Services, des revenus quasi-stables pour Domestic Markets dans un contexte de taux bas, et un effet de change négatif ainsi qu’un contexte moins favorable qu'au deuxième trimestre 2017 pour les activités de FICC en Europe7.
Les coûts des pôles opérationnels augmentent du fait du développement continu des activités spécialisées. Ils baissent cependant dans les réseaux de la banque de détail et chez CIB.
Le coût du risque du groupe recule sensiblement, à 29 points de base.
Le résultat net part du groupe s'élève à 2,4 milliards d'euros, stable par rapport au deuxième trimestre 2017 ; il correspond à une rentabilité des fonds propres tangibles de 11,2% pour le premier semestre.
En termes de structure financière, le groupe est bien capitalisé et le ratio Common Equity Tier 1 plein s'élève à 11,5% à fin juin.
EBM : La croissance économique reste robuste en Europe, malgré un léger ralentissement. Dans ce contexte, quelle performance pour votre banque de détail dans vos marchés domestiques ?
Jean-Laurent Bonnafé : Notre activité de banque de détail domestique confirme sa bonne dynamique commerciale au deuxième trimestre dans un contexte a de croissance économique robuste dans la zone euro. Domestic Markets continue montre une bonne croissance des crédits dans ses réseaux de détail et dans les métiers spécialisés, de même qu'une hausse des dépôts dans tous les pays.
La Banque Privée affiche une bonne collecte nette sur le trimestre et de son côté, Hello Bank ! a séduit 75,000 nouveaux clients au deuxième trimestre.
Domestic Markets développe progressivement de nouvelles expériences client et poursuit sa de transformation digitale. Le pôle met en place de nouvelles fonctionnalités en ligne telles que l'agrégation de comptes, la remise électronique de chèques et le paiement de factures numériques ; en France, nous sommes classés n° 1 en terme de fonctionnalités sur mobiles par le cabinet spécialisé D-rating.
En France nous adaptons également notre offre aux différentes usages bancaires avec par exemple Nickel, qui a déjà ouvert 950.000 comptes, et la solution universelle de paiement mobile Lyfpay, qui compte déjà plus de 820.000 téléchargements à ce jour.
Par ailleurs, nous déployons des robots afin d'automatiser les processus. Dans Domestic Markets, 150 robots sont déjà opérationnels, 120 autres viendront s'y ajouter d'ici la fin de l'année. tEn même temps, dans notre banque de détail en France, nous continuons de simplifier la structure de notre dispositif régional ; ce qui devrait être tterminé d'ici la fin de l'année.
En termes de résultats, les revenus restent stables à 3,9 milliards d'euros. Comme je l'indiquais, nous constatons une bonne dynamique commerciale dans nos marchés domestiques, mais comme prévu, nous continuons d'être impactés par l'environnement de taux bas.
Les frais de gestion sont en légère hausse, avec une augmentation dans les métiers spécialisés du fait de leur développement continu, mais ils diminuent de 0,5% en moyenne dans nos réseaux de détail.
Compte tenu de la réduction continue du coût du risque, en particulier chez BNL en Italie, le résultat avant impôt dépasse 1,1 milliards d'euros, soit une hausse significative, de 7,6%, par rapport à l'an dernier.
En résumé, Domestic Markets connait une bonne dynamique commerciale et une progression des revenus malgré le contexte de taux toujours bas.
EBM : Au-delà de la zone euro, que faut-il retenir d’International Retail Banking au deuxième trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : International Retail Banking enregistre une forte dynamique commerciale au deuxième trimestre, malgré un effet de change défavorable.
Dans Europe-Méditerranée, l'activité commerciale continue de bien progresser, avec une bonne croissance des crédits et des dépôts en augmentation dans toutes les régions.
nNos banques digitales continuent à gagner de nouveau clients en Turquie où Cepteteb dépasse la barre des 560.000 clients et en Pologne BGZ Optima celle des 217.000 clients.
Nous continuons également de renforcer notre offre digitale, notamment en Pologne où l'application de gestion de comptes sur smartphone Gomobile, lancée récemment, est un succès avec plus de 140.000 téléchargements en six mois.
Les revenus d'Europe-Med, à périmètre et changes constants, progressent de 16%, grâce à la croissance des volumes ainsi que des marges, et à un bon niveau des commissions. Les coûts augmentent, en lien avec le bon développement de l'activité, mais beaucoup plus lentement que les revenus, dégageant un effet de ciseaux largement positif. Au total, compte tenu d’un coût du risque plus bas ce trimestre, le résultat avant impôt de la zone Europe Méditerranée progresse de 53% à près de 200 millions d'euros. Compte tenu de l'effet de change défavorable que j'ai déjà évoqué, il progresse de 31,5 % à périmètre et changes historiques.
Passons à la banque de détail aux États-Unis, où BancWest confirme sa bonne dynamique commerciale au deuxième trimestre, malgré une dépréciation de 7,6% du dollar US par rapport au deuxième trimestre de l'an dernier.
À périmètre et changes constants, les crédits progressent de 3 %, hors impact d’une opération de titrisation au 4ème trimestre 2017, et les dépôts augmentent (+5.5 %) par rapport à la même période de l'an dernier.
Les actifs sous gestion dans notre Banque privée sont en hausse de 6% à 13,4 milliards d'euros.
En matière de ventes croisées avec d'autres entités du groupe, le nombre de transactions avec CIB est en nette augmentation, et nous nous préparons à lancer une nouvelle offre de crédit auto s’appuyant sur l'expertise de Personal Finance dans ce domaine.
Toujours à périmètre et à changes constants, les revenus progressent de 3,9 %, en lien avec l'augmentation des volumes. Les coûts sont bien maîtrisés et BancWest enregistre un effet de ciseaux positif ce trimestre. Compte tenu d'un coût du risque très bas au deuxième trimestre, le résultat avant impôt de BancWest augmente de 22% sur une base comparable. Compte tenu de l'effet de change défavorable que j'ai évoqué, il est en hausse de 12% à périmètre et changes historiques.
Donc en résumé, une très bonne dynamique commerciale et une forte croissance des revenus tant chez Europe-Méditerranée que chez BancWest, ece trimestre, mais un effet de change défavorable.
EBM : Personal Finance confirme-t-il sa forte dynamique commerciale au deuxième trimestre de l'année ?
Jean-Laurent Bonnafé : Absolument. Personal Finance continue de montrer une forte dynamique commerciale avec un encours de crédit en hausse de 12 % sur une base comparable, grâce à une forte demande en Europe et à l'effet positif des nouveaux partenariats.
Personal Finance poursuit également avec succès l'intégration des activités de financement de General Motors Europe, acquises l'an dernier.
Personal Finance poursuit sa transformation digitale avec le déploiement à l'international de Visir, son nouveau système de gestion de la relation client. À titre d'illustration de notre développement digital, je mentionnerais également que plus de 22 millions de relevés de compte mensuels sont déjà digitaux, soit 72% du total.
En termes de résultats, les revenus progressent de plus de 13% (soit 9,3 % sur une base comparable) en lien avec la hausse des volumes et un positionnement sur des produits présentant un meilleur profil de risque. Les coûts augmentent de 16%, soit 8,3% sur une base comparable, grâce au bon développement de l'activité.
Le coût du risque est bas ce trimestre et le résultat avant impôt s'élève à 450 millions d'euros, en légère progression par rapport à l'an dernier.
En conclusion, dans un contexte favorable en Europe, Personal Finance maintient sa forte dynamique commerciale et une bonne évolution opérationnelle.
EBM : Que pouvez-vous dire de la performance de vos activités d'épargne au deuxième trimestre ? Comment évoluent vos actifs sous gestion?
Jean-Laurent Bonnafé : Commençons par les actifs sous gestion de nos activités d'épargne. Ceux-ci progressent à 1.060 milliards d'euros à fin juin, soit une progression annuelle de 2,7%. Au 1er semestre, la collecte nette d'actifs atteint X13,4 milliards d'euros, avec une contribution positive en particulier de Wealth Management et de l’Assurance. L'effet de performance sur la période est négatif, alors que l'effet de change est marginalement positif.
Je tiens à souligner que depuis 3 ans et demi, nos activités d'épargne ont augmenté leur volume d'actifs sous gestion de 166 milliards d'euros, dont les deux tiers proviennent de la collecte nettes.
L'activité d'Assurance continue à bien se développer, avec une forte collecte sur les contrats libellés en unités de compte qui représentent les deux tiers de la collecte nette du premier semestre 2018.
Le lancement de notre offre d'assurance dommage dans le réseau Frances, grâce à la coentreprise créée entre Cardif et Matmut, est un succès avec 30.000 contrats vendus entre mai et juin.
En termes de résultats, les revenus d'assurance progressent de plus de 18%. Les coûts progressent plus lentement que les revenus, en lien avec le développement continu de l'activité et le résultat avant impôt augmente de 17% pour atteindre 440 millions d'euros au deuxième trimestre.
Passons à la Gestion Institutionnelle et Privée, qui affiche également un bon développement de l'activité.
Wealth Management a obtenu le prix « Best European Private Bank » décerné par le site d'information WealthBriefing pour la deuxième année consécutive; Asset Management continue d'étoffer et d'adapter son offre et Real Estate confirme sa forte croissance, particulièrement dans son métier de Conseil en Allemagne et en France.
En termes de résultats, les revenus de Gestion Institutionnelle et Privée traduisent une bonne performance d’ensemble, avec une hausse de 9.8 % par rapport à l’année précédente. Les coûts augmentent avec le développement continu de l'activité et le résultat avant impôt diminue de 8,9% ; mais il progresse de 1,2% hors éléments non récurrents.
En résumé, une bonne croissance de l'activité pour nos métiers d’épargne au deuxième trimestre de l’année.
EBM : Le contexte des activités de marché a été plutôt mitigé au deuxième trimestre. Quels sont les principaux faits marquants pour les métiers CIB ?
Jean-Laurent Bonnafé : Le contexte m a été effectivement moins porteur pour les métiers qu'au deuxième trimestre 2017, mais CIB a continué à développer son activité commerciale.
Les revenus de CIB atteignent près de 3 milliards d'euros, en baisse de 6,8% par rapport au deuxième trimestre de l'année dernière. Cependant, la baisse est limitée à 1,6% hors effet de change défavorable, principalement sur le dollar US, et plus-values enregistrées par Corporate Banking au deuxième trimestre 2017.
Prenons les métiers un par un. Les revenus de Global Markets sont en baisse de 5% dans un contexte moins porteur pour l'activité FICC en Europe qu’au deuxième trimestre 2017, partiellement compensé par de bons volumes chez Equity & Prime Services.
Les revenus de FICC reculent de 17,4%, par rapport à un deuxième trimestre 2017, caractérisé par des bons volumes. L'activité de la clientèle sur les taux reste faible en Europe, et le marché est peu porteur tant sur les marchés de change que le crédit. Néanmoins, le métier confirme sa forte position en émissions obligataires au premier semestre, occupant la 1ère place pour les émissions en euros, et la 8ème pour l’ensemble des émissions internationales.
Les revenus de l'activité Equities progressent pour leur part fortement (+12.1%) avec une hausse des volumes clients dans l'activité dérivés et du bon développement de Prime Services. Notre expertise reconnue dans ces métiers est confirmée en 2018 par l’étude Extel qui place Exane-BNP Paribas à la 1ère place pour les services de courtage et la recherche actions pan-européens pour la deuxième année d'affilée.
Les revenus de Corporate Banking reculent de 13,7% mais de seulement 1,7% hors effet de change et plus-values enregistrées au deuxième trimestre 2017. eCe trimestre, Corporate Banking a sconstaté moins de transactions importantes en Europe, en particulier du fait du report de certaines introductions en bourse ), mais réalise de bonnes performances dans les régions Amériques et Asie-Pacifique. La banque de transaction continue de bien se développer en cash management et en trade finance et le métier confirme sa première place pour les crédits syndiqués de la zone EMEA. Corporate Banking met en œuvre activement sa transformation digitale set a pris une participation minoritaire dans la société TradeIX, qui a créé une plateforme de trade finance multibanque basée sur la technologie blockchain.
Les revenus de Securities Services progressent de 3,9% grâce à une bonne dynamique commerciale et à l'effet positif des nouveaux mandats. Securities Services continue de signer d'importants nouveaux mandats et notamment un accord majeur avec DWS, portant sur 240 milliards d'actifs en Allemagne et au Luxembourg. Sur le front de la digitalisation, 30 processus ont déjà été automatisés par le métier, et 44 sont en voie de l'être. Securities Services conduit également plusieurs initiatives basées sur la technologie blockchain, avec d'autres acteurs de marché, notamment pour faciliter la distribution de fonds et les transactions sur titres de PME.
Passons aux coûts de CIB. Ils reculent de 0,9% grâce aux mesures d'économies, qui ont déjà généré 359 millions d'euros d'économies récurrentes depuis 2016. Poursuivant sa transformation digitale, CIB a déjà automatisé 80 processus sur 200 identifiés, et poursuit la mise en place de quatre projets « end-to-end » : (filière crédit, change comptant, entrée en relation et administration de fonds)
Le coût du risque reste très faible ce trimestre ; mais CIB avait bénéficié d'importantes reprises de provisions l’an dernier à la même période.
Au final, le résultat avant impôt de CIB est légèrement inférieur à 1 milliards d'euros, en baisse de 26% par rapport à une base de comparaison élevée au deuxième trimestre 2017 qui avait bénéficié de plus-values et de reprises de provisions significatives, mais en un fort rebond par rapport aux trimestres précédents. La rentabilité des fonds propres avant impôt de CIB s'établit ainsi à 17,7% au premier semestre.
EBM : Dans l'ensemble, comment décririez-vous la performance du Groupe au deuxième trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Le Groupe a réalisé des résultats solides au deuxième trimestre avec
un résultat net de 2,4 milliards d'euros.
Les revenus progressent sur fond de croissance économique en Europe, portés en particulier par les métiers spécialisés tel que Personal Finance, l’Assurance ou Real Estate, et cela malgré un effet de change défavorable et un contexte de marché moins porteur qu'au deuxième trimestre de l'an dernier.
Le Groupe poursuit activement la mise en œuvre de son plan de transformation digitale et le lancement de nouvelles expériences client.
Avec tune rentabilité sur fonds propres tangible de 11,2%, il confirme sa capacité de génération de résultats et sa bonne rentabilité.
EBM : Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur-Directeur Général de BNP Paribas, merci beaucoup !
Jean-Laurent Bonnafé : Merci à vous.