EuroBusiness Media (EBM) : Jean-Laurent Bonnafé, bonjour et bienvenue
Jean-Laurent Bonnafé : Bonjour !
Quels sont les faits marquants des résultats du Groupe pour l’exercice 2019 ?
En 2019, BNP Paribas a réalisé une très bonne performance globale.
Cette performance confirme la solidité de notre modèle diversifié et intégré, mais aussi notre capacité à créer de la valeur dans un monde qui continue de changer.
Les revenus du groupe augmentent de 4,9% par rapport à l’an dernier, chacun des trois pôles opérationnels contribuant à la croissance des revenus.
Avec des coûts en hausse de 2,5% par rapport à 2018, le Groupe dégage un effet de ciseaux positif et ce, une fois de plus, dans chacun de ces trois pôles opérationnels. Ceci a été atteint grâce à la poursuite de la mise en œuvre des programmes d’économies de coûts, tout en accompagnant le développement des activités.
Le coût du risque du Groupe est bas, à 39 points de base des encours.
En conséquence, le résultat opérationnel du groupe progresse de 9,7% par rapport à l’an dernier.
Le résultat net part du Groupe pour l’exercice s’élève à 8,2 milliards d’euros, en progression de 8,6% par rapport à 2018.
La rentabilité des fonds propres tangibles atteint 9,8%, en hausse de 20 points de base par rapport à 2018.
Le ratio Common Equity Tier 1 progresse de 40 points de base depuis le 1er janvier 2019, à 12,1%, reflétant la génération organique de capital soutenue du Groupe.
Enfin, nous proposons le paiement d’un dividende de 3,10 euros par action, en hausse de 2,6% par rapport à l’an dernier, qui représente un taux de distribution de 50% en ligne avec notre plan.
Passons aux pôles opérationnels. Avec la baisse graduelle des taux d’intérêt dans la zone euro en 2019, comment évolue les métiers de Domestic Markets dans cet environnement?
En 2019, l’activité dans Domestic Markets augmente, avec une croissance des crédits dans les réseaux de détail, particulièrement en France et en Belgique, ainsi que dans les métiers spécialisés. Dans la Banque privée, la collecte nette d’actifs progresse également par rapport à l’an dernier, à 5,6 milliards d’euros.
Domestic Markets continue de développer sa présence dans les services bancaires digitaux, comme le montrent ses 9,7 millions de clients digitaux et les 5,1 millions de clients utilisateurs actifs des applications mobiles, en hausse de 31% en un an. L’utilisation des applications mobiles progresse aussi, avec plus de 97 millions de connexions mensuelles au dernier trimestre 2019, soit une hausse de 23% en un an. Enfin, Domestic Markets continue de simplifier et de digitaliser ses principaux parcours client, y compris l’accueil (on-boarding), les crédits hypothécaires et les produits de placement.
En termes de résultat, les revenus de Domestic Markets augmentent de 0,8 % à 15,8 milliards d’euros, grâce à une activité en hausse et à la croissance des métiers spécialisés, partiellement compensées par l’impact de l’environnement de taux bas.
Les coûts opérationnels augmentent d’à peine 0,3% sur un an, dégageant un effet de ciseaux positif. Cela a été permis par la mise en œuvre du programme d’économies et par l’adaptation de nos modèles opérationnels dans le cadre de notre transformation digitale.
Le coût du risque reste faible grâce à la poursuite de la baisse chez BNL.
Le résultat avant impôt progresse de 3,7% par rapport à l’an dernier, à 3,8 milliards d’euros.
En résumé, Domestic Markets maintient sa bonne dynamique commerciale, confirmant ainsi la solidité de ses franchises dans notre modèle intégré. L’entité dégage un effet de ciseaux positif ainsi qu’une augmentation du résultat avant impôt dans un contexte de taux d’intérêt bas défavorable.
Passons à International Financial Services : quels sont les principaux faits marquants de vos différents métiers ?
En 2019, IFS confirme la bonne croissance de ses activités, avec des crédits en hausse de 8,1%, notamment dans Personal Finance et Europe-Méditerranée, ainsi qu’une hausse de 9,3% des actifs sous gestion.
Les métiers d’IFS continuent de mettre en œuvre leur transformation digitale, ce qu’illustre le nombre croissant de clients digitaux qui atteint 3,9 millions en 2019 dans International Retail Banking. Par ailleurs, plus de 85% des transactions dans Personal Finance sont réalisées en mode self-care, et BNP Paribas Cardif a introduit avec succès un nouveau parcours client en assurance emprunteur pour les particuliers en France, avec un taux de réponse immédiate de 90%.
IFS conserve un positionnement leader dans ses métiers et poursuit son développement, notamment par des partenariats. C’est ce qu’illustre le contrat signé par Personal Finance et Ford dans plusieurs pays européens et l’alliance stratégique de nos activités d’assurance avec Scotiabank dans 4 pays d’Amérique latine.
Qu’en est-il de la performance financière de IFS en 2019 ?
Les revenus progressent de 6,9% à 17,2 milliards d’euros et de 4,7% sur une base comparable. Les coûts augmentent de 4,5 %, et de 1,5% sur une base comparable, dégageant un effet de ciseaux positif. Il en découle un résultat avant impôt de 5,2 milliards d’euros, en hausse de 4,5% par rapport à l’an dernier, et de 6,7% sur une base comparable.
Je voudrais détailler rapidement les principales composantes d’IFS :
Tout d’abord, Personal Finance continue d’avoir une activité en croissance, avec une progression de 9,2% des crédits due à une forte demande en Europe et à l’effet favorable de nouveaux partenariats. Les revenus sont en hausse de 4,8%, alors que les coûts augmentent moins (+3,3%), dégageant ainsi un effet de ciseaux positif. Le résultat avant impôt est cependant inférieur de 2,7% par rapport à l’an dernier, en raison en particulier d’un élément non récurrent dans une société mise en équivalence.
Passons à Europe-Med, où les crédits augmentent de 1,4%, sur une base comparable, progressant notamment en Pologne et au Maroc. À périmètre et changes constants, les revenus augmentent de 6,8% grâce à l’augmentation des marges et des commissions. Les coûts progressent de 1,0%, tenant compte de l’intégration réussie de Raiffeisen Bank Polska, dégageant des synergies de coûts. Ainsi, Europe-Med a dégagé un effet de ciseaux positif. Le coût du risque augmente et le résultat avant impôt est en hausse de 23,1% par rapport à l’an dernier, sur une base comparable.
Continuons avec BancWest : sur une base comparable, la banque présente une croissance modérée des crédits par rapport à l'an dernier. Les revenus sont en diminution de 1,8% par rapport à l’an dernier, en raison d'un contexte de taux d’intérêt moins favorable. Les coûts baissent de 3,6% du fait de l’ajustement des effectifs et de mesures d’économie de coûts, dégageant un effet de ciseaux positif. Compte tenu de l’augmentation du coût du risque en 2018, le résultat avant impôt diminue de 10% sur une base comparable.
Enfin, dans nos activités d’épargne, le montant des actifs sous gestion progresse à plus de 1100 milliards d’euros, en hausse de 9,3% par rapport à fin décembre 2018.
Notre activité d’Assurance continue d’être en croissance, avec des revenus en hausse de 14,5%, des coûts qui progressent en raison du développement de l’activité et une augmentation de 16% du résultat avant impôt par rapport à l’an dernier.
Passons à la Gestion institutionnelle et privée, où les revenus augmentent de 1,0% et avec une amélioration continue au cours de l’année. Les coûts progressent de 1,7% et le résultat avant impôt augmente de 2% par rapport à l’an dernier.
En résumé, IFS, notre moteur de croissance, affiche une croissance continue de l’activité et une hausse du résultat en 2019.
Passons au pôle CIB. Avez-vous continué de gagner des parts de marché et dans quel secteur ?
En 2019, CIB a continué de renforcer ses positions de leader et de gagner des parts de marché. Dans la zone EMEA, CIB occupe la troisième place du classement, sur la base de revenus sur 9 mois, premier acteur européen après deux institutions américaines. Ce classement est confirmé, toujours dans le secteur EMEA, par la première place qu’occupe CIB pour les obligations, les crédits syndiqués, le Corporate Banking, le cash management et le trade finance.
Depuis le lancement du plan, CIB a développé avec succès sa franchise Corporate avec plus de 260 nouveaux clients grandes entreprises dans les pays ciblés (Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas et Scandinavie) et près de 1 500 nouvelles relations avec des filiales de multinationales en 2019. CIB continue également de développer son activité corporate dans la zone Asie-Pacifique, ainsi que dans la zone Amériques grâce à sa coopération accrue avec BancWest. En 2019, des initiatives majeures ont également été lancées pour développer encore notre franchise institutionnelle. Ainsi, grâce à l'accord signé en novembre avec Deutsche Bank dans le prime brokerage et l’exécution électronique, CIB va renforcer encore sa présence chez les gestionnaires de fonds. Par ailleurs, CIB poursuit l’harmonisation de ses activités, comme le montre la signature d’un accord avec Allfunds en novembre.
CIB a également accéléré la mise en œuvre de son plan de transformation, avec 11 500 clients entreprises sur sa plateforme électronique Centric, 21 millions d’ordres électroniques traités pour les clients Global Markets en 2019 et plus de 6 000 clients institutionnels sur la plateforme électronique Neolink de Securities Services. Enfin, Global Markets est devenu un des acteurs leader sur les plateformes électroniques multi-dealers, avec une position top 3 pour les dérivés de crédit libellés en euros, top 3 pour les obligations d’émetteurs des marchés émergents libellées en monnaie locale, et top 5 pour les swaps et les obligations en euros.
Qu’en est-il de la performance financière de CIB en 2019 ?
Les revenus de CIB s’élèvent à 12,1 milliards d’euros en 2019, soit une hausse de 11,6% en 2018.
Si l’on passe les métiers de CIB en revue, les revenus de Global Markets augmentent de 20,7 %, hors effet de la création de la nouvelle plateforme Capital Markets en collaboration avec Corporate Banking.
Dans FICC, les revenus progressent de 36,0%, grâce à une forte hausse des marchés primaires et du crédit, au rebond des activités de change et des marchés émergents, et à une très bonne performance sur les taux. Pour Equities, les revenus sont stables par rapport à l’an dernier, avec une bonne performance des dérivés actions, en particulier sur les produits structurés.
Dans Corporate Banking, les revenus augmentent de 6,5%, hors effet de la création de la plateforme Capital Markets avec Global Markets, grâce notamment à une forte augmentation de l’activité en Europe.
Enfin, pour le métier Securities Services, les revenus progressent de 3,0% par rapport à l’an dernier, hors effets d’éléments non récurrents, grâce à l’amélioration des volumes et à la forte dynamique commerciale en Asie.
Les coûts de CIB augmentent de 6,1%, car ils continuent d’accompagner la croissance de l’activité tout en bénéficiant des programmes d’économies ainsi que de la digitalisation des processus de bout en bout et de l’automatisation des activités. Ainsi, CIB dégage un effet de ciseaux très positif, de +5,5 points. Le coût du risque reste bas, et CIB génère un résultat avant impôt en hausse de 19,6% sur l’année.
En bref, CIB réalise une très bonne performance en 2019, caractérisée par une forte augmentation des revenus, un effet de ciseaux positif et une augmentation du résultat avant impôts.
En matière de coût du risque, comment qualifieriez-vous l’évolution du Groupe ?
Le coût du risque du Groupe reste bas, à 39 points de base sur nos encours, grâce à une discipline forte à l’origination, à l’environnement de taux bas et à la poursuite de la diminution du coût du risque en Italie.
Il est bas dans chacun des 3 pôles opérationnels.
L’année 2020 est la dernière du plan de transformation du Groupe. Pouvez-vous nous donner des détails des économies de coûts réalisées ?
À ce jour, nous avons déjà réalisé des économies de coûts de 1,8 milliard d’euros, dont 0,7 milliards d’euros en 2019. Comme prévu, ces économies de coûts atteindront 3,3 milliards d’euros d’ici fin 2020.
Par ailleurs, les coûts de transformation non récurrents atteignent 0,7 milliards en 2019, conformément aux objectifs fixés. Comme prévu, il n’y aura pas de coûts de transformation en 2020.
Quelles sont vos prévisions à l’horizon 2020 ?
En 2020, BNP Paribas devrait poursuivre sa croissance dans tous ses pôles opérationnels, en s'appuyant sur sa forte dynamique commerciale et de son modèle diversifié et intégré.
Le renforcement de ces franchises devrait se poursuivre, tout particulièrement avec la forte dynamique commerciale chez CIB, qui devrait continuer de renforcer son positionnement leader en Europe.
Avec le plan de transformation déployant tous ses effets cette année, nous anticipons une baisse des coûts d’exploitation en valeur absolue et la banque devrait avoir un effet de ciseaux positif en 2020.
Parallèlement, le Groupe prévoit de continuer de renforcer son leadership en finance durable, et mener une politique ambitieuse d'engagement dans la société civile.
Le rendement sur capitaux propres tangibles du Groupe devrait ainsi être de 10%, avec un taux de distribution de 50%.
Ainsi, BNP Paribas devrait continuer de confirmer la solidité de son modèle intégré et diversifié et sa capacité à créer de la valeur dans des environnements économiques, environnementaux, technologiques, réglementaires et sociétaux en pleine évolution.
EuroBusiness Media (EBM) : Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur-Directeur Général de BNP Paribas, merci beaucoup !
Jean-Laurent Bonnafé : Merci à vous.