EuroBusiness Media (EBM) : Jean-Laurent Bonnafé, bienvenue !
Vous êtes Administrateur Directeur général de BNP Paribas. Quels sont les faits marquants des résultats du Groupe au 1er trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Au 1er trimestre, BNP Paribas réalise une bonne performance opérationnelle.
Les revenus des pôles opérationnels progressent de 7%. IFS a enregistré une augmentation significative de ses revenus et CIB rebondi fortement, par rapport à une base de comparaison peu élevée au premier trimestre de l’an dernier, alors que Domestic Markets est en légère baisse du fait de l'environnement de taux bas.
Les coûts des pôles opérationnels augmentent moins vite que les revenus, reflétant la hausse du niveau d'activité chez IFS et CIB. Il faut rappeler, en vertu des règles comptables, que les coûts de ce trimestre comprennent la quasi-totalité des contributions et taxes bancaires pour 2017.
Le coût du risque du Groupe est à un niveau bas, au 1er trimestre, à 32 points de base, grâce à la poursuite de la baisse chez BNL et à des reprises de provisions dans certains métiers.
Les éléments non récurrents ont un effet marginalement positif comparé à l'an dernier. Le résultat net s'affiche donc en hausse de 4,4%. Hors exceptionnels, le résultat net progresse en fait de 13,2%.
Cela se traduit par une rentabilité des capitaux propres de 10,4% hors exceptionnels, et par une rentabilité des capitaux propres tangibles de 12,3%, toujours hors exceptionnels.
En termes de structure financière, avec la cession d'une tranche supplémentaire de 20,6% de First Hawaiian Bank et la rentabilité solide que je viens d'évoquer, le ratio Common Equity Tier 1 « fully loaded » s'améliore de 15 points de base, à 11,6% fin mars, en tenant compte d’un taux de distribution de 50%.
Enfin, nous continuons d'augmenter régulièrement l'actif net par action, qui progresse de 1,2 euro ce trimestre, à 75,1 euros par action.
EBM : Lors de la dernière Journée Investisseurs, vous avez indiqué que l'environnement de taux d'intérêt restait difficile pour vos réseaux dans la zone euro. Comment évolue Domestic Markets au premier trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Domestic Markets affiche une bonne dynamique commerciale au 1er trimestre, avec une progression significative des crédits dans tous les réseaux et une croissance sensible des dépôts dans tous ses métiers. La Banque Privée confirme sa tendance favorable avec une augmentation de 8% de ses actifs sous gestion par rapport à l'an dernier. Hello Bank! continue d’attirer de nouveaux clients, puisqu'à fin mars, leur nombre total a encore progressé, à 2,6 millions.
Concernant le compte de résultat, les revenus sont proches de 4 milliards d'euros au 1er trimestre, légèrement inférieurs à l'an dernier. Comme nous l'avions prévu, les taux d'intérêt bas continuent de peser sur nos revenus d'intérêt ; cependant, nous parvenons à compenser la majeure partie de cet impact par l'augmentation des volumes et la hausse des commissions dans tous nos réseaux.
Les coûts de gestion progressent légèrement à base comparable. Compte tenu de la forte réduction du coût du risque, due en particulier à la poursuite de l'amélioration chez BNL en Italie, le résultat avant impôt dépasse les 700 millions d'euros, en progression de 2,5% par rapport à l'an dernier.
En conclusion, notre banque de détail dans les marchés domestiques performe plutôt bien, affichant une bonne dynamique commerciale et une hausse du résultat, même si elle reflète encore l'environnement de taux bas.
EBM : Toujours dans Domestic Markets : comment l'acquisition de Compte-Nickel s'intègre-t-elle à votre plan de transformation digitale ?
Jean-Laurent Bonnafé : L'acquisition de Compte-Nickel en France est une opportunité qui complète l'offre de BNP Paribas relative aux nouveaux modes d'utilisation des services bancaires, en cohérence avec le plan de développement digital de Domestic Markets. Avec l'intégration de Compte-Nickel, dont l'accord de distribution avec la Confédération des buralistes vient d'être étendu, notre offre, en France, comprendra une gamme complète de solutions adaptées aux besoins de nos clients, à côté de Hello Bank!, de l'offre digitale de la Banque de Détail en France et du réseau d'agences.
Depuis son lancement en France, il y a trois ans, Compte-Nickel est un grand succès, avec sur la période plus de 540.000 clients séduits par ses capacités de traitement en temps réel et la digitalisation intégrale de ses processus.
L'objectif est d’accélérer la conquête de clients pour atteindre 2 millions de comptes d'ici 2020.
EBM : Hors zone euro, comment évolue la performance chez International Retail Banking ?
Jean-Laurent Bonnafé : Commençons par la zone Europe-Méditerranée, où l'activité progresse bien dans toutes les régions, tant en termes de crédits que de dépôts.
Le succès de nos banques digitales dans la région se confirme, puisque Cepteteb, en Turquie, dépasse la barre des 380 000 clients et BGZ Optima, en Pologne, celle des 205 000 clients.
À périmètre et changes constants, les revenus progressent de 6,2% grâce à la nette amélioration des volumes que j'ai évoquée. Les coûts augmentent plus lentement, en ligne avec la bonne progression de l'activité. Compte tenu de la baisse du coût du risque, liée à une reprise de provisions ce trimestre, le résultat de la zone Europe-Méditerranée progresse de 28%.
Passons à la banque de détail aux États-Unis, avec BancWest, qui confirme sa forte dynamique commerciale. Les crédits progressent de 7,7%, à la fois tirés par les particuliers et par les entreprises, tandis que les dépôts augmentent de 11,4% par rapport à l'an dernier.
À périmètre et changes constants, les revenus sont visuellement en baisse, du fait d'importantes cessions de titres et de crédits au 1er trimestre de l'an dernier. Hors cet effet, les revenus progressent de 5,3%, en lien avec la bonne augmentation des volumes.
Les coûts restent bien sous contrôle. Au global, si le résultat avant impôt de BancWest est inférieur à celui de l'an dernier, c'est uniquement à cause de l'effet de base lié à la cession de titres et de crédits. Hors cet effet, le résultat avant impôt progresse de 16%, confirmant une bonne performance opérationnelle.
EBM : Chez Personal Finance, vous faites évoluer votre gamme de produits vers les crédits auto, tout en développant les partenariats. Quels sont les faits marquants pour le 1er trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Personal Finance poursuit sa très bonne dynamique commerciale au 1er trimestre 2017, avec une augmentation de plus de 11% de l'encours de crédit grâce à une hausse de la demande dans la zone euro et à l'effet favorable de nouveaux partenariats. En cohérence avec le plan de développement 2020 de Personal Finance, nous avons signé au cours du trimestre de nouveaux partenariats dans de nouveaux secteurs d'activité, tels que le tourisme, ou de nouveaux pays, comme l'Autriche.
L'un des événements importants du trimestre est la signature, avec PSA Group, en mars, de l’accord visant au rachat de l'activité de financement automobile de General Motors Europe dans 11 pays européens. Cette transaction devrait être finalisée au quatrième trimestre 2017 ; elle augmentera de 9,6 milliards d'euros l'encours de crédit de Personal Finance.
Comme vous le voyez, nous avons saisi cette opportunité de renforcer notre présence dans le métier du financement automobile et dans l'un de nos pays-cibles, c’est à dire l'Allemagne.
En termes de résultats, les revenus progressent de 4,5%, grâce à l'augmentation des volumes combinée à un positionnement croissant sur des produits présentant un meilleur profil de risque. La croissance des revenus provient en particulier des marchés italien, espagnol, et allemand.
Les coûts augmentent du fait de la progression de l'activité.
Le coût du risque est peu élevé, et le résultat avant impôt progresse à 353 millions d'euros, en hausse de 6% par rapport à l'an dernier.
Ainsi, Personal Finance réalise une fois de plus un très bon trimestre, confirmant son dynamisme commercial et sa contribution accrue aux résultats du Groupe.
EBM : Les marchés financiers ont été généralement bien orientés au premier trimestre de l'année. Quelle est la performance de vos activités d'épargne dans ce contexte ?
Jean-Laurent Bonnafé : Le montant total des actifs sous gestion du Groupe atteint 1 042 milliards d'euros, grâce à une forte collecte dans tous nos métiers et à un effet performance positif.
Dans l'Assurance, les flux de collecte nette des contrats libellés en unités de compte sont restés soutenus au premier trimestre. Les revenus ont enregistré un fort rebond, compte tenu de la base de comparaison faible de l'an dernier. D’une manière générale, l'activité de prévoyance progresse bien et l'activité d'épargne en Asie est en reprise par rapport à l'année dernière.
Les coûts sont en hausse, compte tenu du développement continu de l'activité. Au final, le résultat avant impôt de l'assurance progresse sensiblement (+63,8%) à 326 millions d'euros au T1 2017.
Pour Wealth & Asset Management, nos revenus progressent dans tous les métiers. Rappelons que, l'an dernier, le contexte de marché avait été défavorable au 1er trimestre. Les coûts sont bien maîtrisés, conduisant à une amélioration sensible, de près de 30%, du résultat avant impôt, à 217 millions d'euros.
En résumé, résultat en hausse dans notre activité d'assurance, compte tenu d'une base de comparaison peu élevée au T1 2016, et bonne performance de toutes les activités de Gestion Institutionnelle et Privée.
EBM : Au 1er trimestre de l'an dernier, l'activité CIB avait été très faible en Europe ; il semble que le contexte ait été plus favorable cette année. Pouvez-vous nous dire ce qu’il en est de la performance de vos différents métiers ?
Jean-Laurent Bonnafé : Au T1, le pôle Corporate & Institutional Banking montre une bonne progression de l'activité et un fort rebond de ses résultats par rapport à la base de comparaison peu élevée de l’an dernier où les conditions de marché étaient très défavorables.
Les revenus dépassent 3,2 milliards d'euros, soit une hausse de 20% par rapport à l'an dernier, grâce à la bonne performance des trois métiers.
Prenons ces métiers un par un, en commençant par Global Markets dont les revenus font un bond de 33% grâce à une reprise significative de l'activité par rapport au T1 de l'an dernier, où les conditions de marché étaient très difficiles.
Fixed Income affiche une amélioration de près de 32% de son résultat, avec une performance particulièrement forte sur les taux, une belle croissance des émissions obligataires et du crédit, ainsi qu'une bonne contribution des activités liées au change et aux matières premières. BNP Paribas confirme sa première place pour les émissions obligataires en euros et sa 9ème position pour les émissions obligataires internationales.
Le métier a aussi continué d'optimiser ses ressources en cédant un portefeuille peu rentable représentant 2,5 milliards d'euros d'actifs pondérés.
Les revenus de l'activité Equities s’améliorent également sensiblement, progressant de 35,5% par rapport à l'an dernier, sur fond d'une forte augmentation de Prime services et un rebond de l'activité Dérivés.
Les revenus de Securities Services progressent pour leur part de 8,5 % en lien avec l'augmentation des encours et du niveau des transactions.
Enfin, les revenus de Corporate Banking augmentent de 6,7% ; avec une croissance dans toutes les régions et une amélioration sensible des commissions par rapport à une base de comparaison faible l'an dernier. L'activité de conseil a bien démarré l'année et nous enregistrons de bonnes performances dans le domaine des financements aéronautiques, export et Media/Telecom en Europe. La banque de transaction évolue aussi favorablement, avec une bonne croissance en cash management et en trade finance.
Si l’on regarde les coûts de CIB, ils progressent en lien avec l'augmentation du niveau d'activité. CIB présente un effet de ciseaux largement positif grâce à la maîtrise de ses coûts due à la mise en place efficace de mesures d'économies.
En conséquence, le résultat brut d’exploitation bondit de 67,3% et du fait d’un coût du risque en reprise nette ce trimestre, le résultat avant impôt augmente de 93% à 778 millions d'euros.
En résumé, il s'agit d'un trimestre très solide pour Corporate & Institutional Banking, porté par une bonne dynamique commerciale et une forte croissance des revenus dans tous les métiers.
EBM : Enfin, vous avez lancé un plan ambitieux de transformation digitale qui implique des investissements importants. Pouvez-vous nous dire où vous en êtes dans ce domaine ?
Jean-Laurent Bonnafé : Comme vous le savez, nous mettons en place un programme ambitieux d'amélioration de l'expérience client, de transformation digitale et d'économie dans tout le Groupe, qui prévoit d'ici 2020 3 milliards d'euros d'investissements.
Le démarrage de ce plan a bien commencé conformément au calendrier prévu et les programmes sont mis en œuvre progressivement. Au T1, nous avons juste eu 90 millions d'euros au titre des coûts de transformation, mais ce montant va augmenter graduellement au cours des trimestres à venir.
EBM : Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur Directeur Général de BNP Paribas, merci beaucoup !
Jean-Laurent Bonnafé: Merci à vous.