EuroBusiness Media (EBM) : BNP Paribas, l’une des plus grandes banques en Europe, publie ses résultats pour le deuxième trimestre 2017. Jean-Laurent Bonnafé, bonjour et bienvenue. Vous êtes Administrateur Directeur général de BNP Paribas. Quels sont les faits marquants des résultats du Groupe au deuxième trimestre?
Jean-Laurent Bonnafé : BNP Paribas montrent une activité dynamique et une bonne croissance de ses résultats au deuxième trimestre.
Les revenus des pôles opérationnels progressent de 2,5% par rapport au 2e trimestre 2016, avec une bonne progression aussi bien dans IFS que dans CIB. Les revenus de Domestic Markets diminuent légèrement en raison de l’environnement de taux bas, malgré un bon développement de l’activité.
Les coûts des pôles opérationnels baissent grâce à la mise en place du plan d’efficacité opérationnelle. Les coûts de CIB diminuent, bénéficiant du lancement de son plan de transformation au début de l’an dernier. L’évolution des coûts d’IFS reflète l’augmentation de l’activité et pour Domestic Markets le développement continu des métiers spécialisés.
Le coût du risque du Groupe est à nouveau bas ce trimestre, à 36 points de base. Ce niveau bas s’explique par la baisse continue du coût du risque chez BNL, à laquelle s’ajoutent des reprises de provisions dans certains métiers.
Les éléments exceptionnels sont négatifs, ce trimestre, alors qu’ils étaient largement positifs l’année dernière. Au T2 2017, le groupe réalise un résultat net robuste, à 2,4 milliards d’euros. Hors éléments exceptionnels, il progresse de plus de 17% par rapport à l’exercice précédent, illustrant la très belle performance des pôles opérationnels.
Si l’on considère les résultats semestriels, qui ont permis de générer un très bon résultat net de 4,3 milliards d’euros après un premier trimestre solide, cela se traduit par une rentabilité des fonds propres de 10,6% et une rentabilité des fonds propres tangibles de 12,5%.
En termes de structure financière, la bonne rentabilité du deuxième trimestre contribue, après prise en compte d’un taux de distribution du dividende de 50%, à une progression du ratio Common Equity Tier 1 fully loaded de 10 points de base par rapport au trimestre précédent pour atteindre 11,7% fin juin.
Comme vous le voyez, une forte performance opérationnelle tant au 2e trimestre que pour le premier semestre.
EBM : Vous avez annoncé un plan ambitieux de transformation d’ici 2020. Pouvez-vous commenter les progrès de son exécution ?
Jean-Laurent Bonnafé : Nous mettons en œuvre activement notre programme ambitieux de nouvelle expérience client, de transformation digitale et d’économies dans tout le Groupe, programme qui prévoit des investissements d’un total de 3 milliards d’euros d’ici 2020. Nous avons déjà identifié environ 150 projets importants à l’échelle du Groupe.
Le lancement de ce plan a démarré conformément au calendrier prévu et les projets sont mis en œuvre graduellement. Les coûts de transformation augmentent progressivement et devraient graduellement atteindre, en vitesse de croisière, environ 250 millions d’euros par trimestre.
A fin juin, nous avions déjà enregistré des coûts de transformation de 243 millions d’euros, générant des économies de coûts récurrentes de 186 millions d’euros.
EBM : L’activité économique de la zone euro s’est récemment améliorée et les perspectives restent favorables. Comment évolue Domestic Markets dans ce contexte ?
Jean-Laurent Bonnafé : Domestic Markets montre une bonne dynamique commerciale au deuxième trimestre, avec une bonne progression des crédits dans tous les réseaux et dans les métiers spécialisées ; les dépôts continuent d’augmenter dans tous les pays.
La Banque Privée confirme une bonne tendance avec des actifs sous gestion en hausse de 7,9% et une collecte nette qui atteint 1,5 milliard d’euros au deuxième trimestre.
Hello bank ! poursuit son développement avec des bons niveaux de recrutement de nouveaux clients, particulièrement en France où le nombre de nouveaux clients progresse de 18% par rapport à l’année dernière. De plus, nous avons accéléré nos en termes d’amélioration de l’expérience client et de transformation digitale. Il y a quelques semaines, nous avons ainsi finalisé l’acquisition de Compte-Nickel, qui rencontre un grand succès avec déjà plus de 630 000 comptes, et en mai, nous avons lancé, avec Crédit Mutuel et en partenariat avec plusieurs leaders de la grande distribution en France, une nouvelle application mobile à forte valeur ajoutée baptisée Lyf pay.
En termes de résultats, les revenus avoisinent 4 milliards d’euros au deuxième trimestre, tout juste inférieurs au niveau de l’an dernier. Comme je le disais, nous observons une bonne dynamique commerciale sur nos marchés domestiques, mais nous subissons encore l’impact des taux bas. Les commissions augmentent dans tous les réseaux.
Les frais de gestion sont modérément plus élevés du fait de coûts de développement de l’activité dans les métiers spécialisés ai 2ème trimestre. Sur les trois principaux réseaux de banque détail, ces frais progressent de seulement 0,5% en moyenne.
Compte tenu de la forte baisse significative du coût du risque, due en particulier à l’amélioration continue chez BNL en Italie, le résultat avant impôt se maintient à un niveau élevé, à plus de 1 milliard d’euros, très légèrement inférieur à celui de l’an dernier.
En conclusion, la performance de Domestic Markets est plutôt bonne, montrant une belle dynamique commerciale, mais reflétant encore l’environnement de taux bas.
EBM : Hors zone euro, comment évolue la performance de International Retail Banking ? Commencez-vous à voir les effets de la hausse des taux dans votre activité de banque de détail aux États-Unis ?
Jean-Laurent Bonnafé : Commençons par la zone Europe-Méditerranée où l'activité progresse bien dans toutes les régions avec une hausse des crédits et une bonne croissance des dépôts.
Nos banques digitales confirment leur développement soutenu, qu’il s’agisse de Cepteteb en Turquie qui atteint les 420 000 clients, ou de BGZ Optima en Pologne à 205 000 clients.
À périmètre et changes constants, les revenus progressent de 4,0%, grâce à la bonne croissance des volumes que j’ai évoquée. Les coûts augmentent à un rythme à peu près comparable, en lien avec le bon développement de l’activité. Dans l’ensemble, compte tenu d’un recul du coût du risque dû à une reprise de provision comptabilisée ce du trimestre, le résultat d’Europe-Méditerranée progresse de 12% au deuxième trimestre. L’augmentation s’élève à 1,6% à périmètre et changes historiques, compte tenu d’un effet de change défavorable.
Si nous passons à la banque de détail aux États-Unis, BancWest confirme sa forte dynamique commerciale. Les prêts progressent de plus de 7%, grâce à l’augmentation des crédits aux particuliers et aux entreprises ; et les dépôts progressent de 11% par rapport à l’année précédente.
Les actifs sous gestion dans notre banque privée progressent de près de 16% par rapport à l’année dernière, à 12,6 milliards de dollars. BancWest développe également la coopération avec les autres métiers du Groupe tels que CIB, Leasing et Personal Finance.
À périmètre et changes constants, les revenus progressent de 7,9%, en lien avec la bonne progression des volumes mais aussi, comme vous l’avait indiqué, avec la hausse des taux d’intérêt. Les commissions sont en hausse.
Les coûts augmentent, mais plus lentement, ce qui conduit à un effet de ciseaux largement positif. Globalement, le résultat avant impôt de BancWest progresse de plus de 11% sur l’année, confirmant une forte performance opérationnelle au deuxième trimestre.
EBM : Votre activité de crédit à la consommation, Personal Finance, continue de se développer à un rythme soutenu. Quels sont les points marquants du deuxième trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : La très bonne dynamique commerciale de Personal Finance s’est poursuivie au deuxième trimestre, avec une hausse des encours de crédit de 11,9% grâce à l’augmentation de la demande dans la zone euro et à l’effet positif des nouveaux partenariats.
En ligne avec le plan de développement 2020, Personal Finance a étendu son réseau en faisant l’acquisition du spécialiste du crédit à la consommation en Suède, SevenDay Finans. Personal Finance a continué également à innover et poursuivi son développement digital, comme le montre par exemple le lancement récent, en Italie, de la signature digitale sur téléphone mobile qui, après un trimestre à peine, représente déjà 23% du total des signatures digitales dans ce pays.
En termes de résultats, les revenus progressent de 4,4 % en lien avec l'augmentation des volumes et le positionnement croissant sur les produits présentant un meilleur profil de risque. On note une évolution particulièrement favorable des revenus sur les marchés allemand, espagnol et italien.
Les coûts augmentent en lien avec la hausse de l’activité.
Le coût du risque est bas et le résultat avant impôt connaît une augmentation significative à 445 millions d'euros, en hausse de 22 % par rapport à l’année précédente.
En conclusion, Personal Finance réalise à nouveau un très bon trimestre avec une dynamique commerciale forte et une sensible augmentation de sa contribution au résultat.
EBM : La croissance de vos actifs sous gestion a été régulière au cours des derniers trimestres. Comment ont-ils évolué au premier semestre ? Comment évoluent les résultats de vos activités d’épargne ce trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Le total des actifs sous gestion du Groupe s’élèvent à 1.033 milliards d’euros fin juin, grâce à la bonne collecte réalisée depuis le début de l’année dans tous nos métiers et à un effet de performance positif. En fait, sur les 10 derniers trimestres, nos actifs sous gestion ont progressé de 139 milliards d’euros ; dont près des deux tiers provenant de la collecte nette.
Dans l'Assurance, la collecte nette des contrats en unités de compte reste soutenue. Les revenus bénéficient d’un contexte de marché favorable ainsi que de la bonne performance des activités de protection et d’épargne en Asie ; ils progressent de 1,4% par rapport au deuxième trimestre 2016, où le montant de plus-values comptabilisées avait été élevé.
Les coûts sont en hausse compte tenu du développement continu de l'activité. Au final, le résultat avant impôt de l'assurance n’est que légèrement inférieur au résultat de l’an dernier, à 376 millions d'euros.
Pour Gestion Institutionnelle & Privée, les revenus progressent de 2,3%, avec notamment une progression dans notre Asset Management. Les coûts diminuent, conduisant à un effet de ciseaux positif. Dès lors, le résultat avant impôt s’améliore de près de 25% pour s’établir à 226 millions d’euros au deuxième trimestre.
En résumé, les revenus en hausse dans notre activité d'Assurance, malgré une base de comparaison élevée au T2 2016, et une bonne performance de toutes les activités de Gestion Institutionnelle et Privée.
EBM : Votre CIB montre de bonnes performances depuis plusieurs trimestres. Comment les différents métiers se sont-ils comportés au 2e trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Notre CIB à nouveau de plus réalisé de bons résultats au 2e trimestre.
Les revenus dépassent 3,2 milliards d'euros, soit une hausse de 4,6% par rapport à l'an dernier, malgré une base de comparaison élevée au T2 2016. Corporate Banking et Securities Services enregistrent tous deux une bonne progression des revenus, tandis que Global Markets montre une bonne résistance.
Commençons par Global Markets. Ses revenus diminuent de 2,3% du fait d’une activité plus faible de Fixed Income, pratiquement compensée par la forte performance d’Equity & Prime Services.
Fixed Income a subi l’effet du faible niveau d’activité dans l’ensemble du secteur. De ce fait, les revenus reculent de 15,9%, par rapport à une base élevée au T2 2016. Dans ce contexte peu porteur, BNP Paribas confirme sa première place pour les émissions obligataires en euros et sa 9ème position pour les émissions obligataires internationales.
Les revenus de l'activité Equities, en revanche, progresse fortement sur fond d'une forte performance de l'activité Dérivés et du bon développement de Prime services. Notre forte expertise dans ce domaine a été reconnue en 2017 par l’étude Extel, qui place Exane-BNP Paribas à la 1ère place européenne pour les services de courtage, la vente et la recherche actions.
Passons au métier Securities Services. Ses revenus progressent de 7,9% en lien avec l'augmentation des encours et du niveau des transactions. Le métier bénéficie aussi de l’effet positif des nouveaux mandats.
Enfin, les revenus de Corporate Banking augmentent sensiblement (+13,5%) par rapport à l’année dernière, avec une croissance dans les zones Asie Pacifique et EMEA alors que la zone Amériques est stable. La banque de transaction évolue bien, avec une bonne croissance en cash management et en trade finance. Le 2T enregistre un bon niveau de plus-values réalisées dans le cadre de l’activité courante du métier.
Passons aux coûts du CIB : ceux-ci diminuent significativement (-6% par rapport à l’an dernier) du fait des mesures d’économies de coûts mises en œuvre dans CIB depuis 2016. Ainsi, CIB continue d’améliorer son efficacité opérationnelle, enregistrant son quatrième trimestre consécutif d’amélioration du coefficient d’exploitation.
Le résultat brut d’exploitation progresse ainsi de 28,4% et, grâce à nouveau ce trimestre des reprises nettes de provisions, le résultat avant impôt bondit de 48,7 % à 1,35 millions d'euros.
En résumé, une très belle performance d’ensemble de Corporate & Institutional Banking avec une amélioration continue de l’efficacité opérationnelle et une forte croissance des résultats.
EBM : Jean-Laurent Bonnafé, CEO de BNP Paribas, merci beaucoup !
Jean-Laurent Bonnafé: Merci à vous !