EuroBusiness Media (EBM): Capgemini, l’une des premières sociétés de services informatiques en Europe et le leader mondial du conseil, des technologies et de l’infogérance, célèbre cette année son 50e anniversaire. Aujourd’hui, le Groupe présente ses résultats pour le premier semestre 2017. Paul Hermelin, bonjour.
EBM: Vous êtes Président-directeur général de Capgemini. Que faut-il retenir de ces résultats du premier semestre ?
Paul Hermelin : Je suis satisfait du second trimestre, et donc du premier semestre 2017 dans son ensemble. La dynamique que nous avons vu s'enclencher au premier trimestre s’est amplifiée au second, et notre croissance s’est sensiblement accélérée. Elle a atteint 3% à taux de change constant, ce qui est notre objectif pour l’année, avec même un léger mieux au second trimestre. Une accélération également dans le Digital et le Cloud, nos nouvelles lignes de services, qui représentent 35% de nos ventes au premier trimestre et 37% au deuxième. Notre marge s’est aussi accrue, comme nous l’avions promis, et notre cash flow est bon. Donc en résumé, une solide première moitié de l’année.
EBM: Comme vous venez de l’indiquer, vous avez annoncé un objectif de croissance du chiffre d’affaires de 3% cette année, une marge comprise entre 11,7 et 11,9%, et un flux de trésorerie disponible de 950 millions d’euros. D'où ma question : sur quoi s’appuie cette croissance attendue du chiffre d’affaires et comment atteindrez-vous ces objectifs ?
Paul Hermelin : La croissance vient d’abord d’Europe. L’Europe est très solide, la demande y est forte et nous y sommes performants. Nous avons une croissance à deux chiffres en Allemagne, en Italie et en Suède. Donc, nous avons un vrai moteur de croissance en Europe et la demande demeure très forte. Aux Etats-Unis, nous progressons, nous sommes à nouveau dans le vert, et nous espérons une légère accélération. En ce qui concerne les pays émergents, nous avons une croissance solide dans la zone Asie-Pacifique. L’Amérique Latine pose toujours question, avec la situation du Brésil, mais je dirais que, de manière générale, le tableau est satisfaisant ; il existe une vraie demande de nouveaux services, et nous avons réussi à gagner quelques parts de marché sur les services traditionnels.
EBM: Que pouvez-vous nous dire de la transition de votre portefeuille vers les services Cloud et Digital ?
Paul Hermelin : Ma définition du Digital est assez simpliste : elle inclut toute technologie achetée par les fonctions opérationnelles de l'entreprise et non plus par le département informatique. Mais le département informatique soutient évidemment ces efforts. Aujourd’hui, le Digital représente 37% de notre chiffre d’affaires. C’est donc une composante majeure, en forte croissance de 21%. Que voyons-nous ? D’abord, comme nous l’avons vu, ce sont les nouveaux services, la nouvelle expérience client, les possibilités offertes par le marketing digital, le soutien aux canaux digitaux. Tout ceci évolue très vite. Nous assistons également à l’émergence d’un second pilier digital : le digital manufacturing, qui englobe la production et la chaîne d’approvisionnement. Nous sommes performants, nous avons effectué des acquisitions, renforcé nos lignes de service et gagné de beaux contrats avec des clients prestigieux, dans les domaines de la banque et du retail. Nos résultats sont bons, et je pense que le Groupe est l’un des leaders dans ces domaines.
EBM: Lors de la présentation de vos résultats annuels, vous aviez indiqué que votre priorité pour 2017 était le retour à une forte croissance organique en Amérique du Nord, notamment grâce à des acquisitions dans le domaine du Digital. Compte tenu des problèmes auxquels sont confrontés les secteurs Energy & Utilities aux Etats-Unis, quels progrès avez-vous réalisés ?
Paul Hermelin : Si vous vous souvenez, nous avions terminé 2016 sur une croissance très faible, légèrement négative même. Nous étions encore dans le rouge au premier trimestre 2017 (-0.2%). Nous atteignons 1% au deuxième trimestre, et nous pouvons dire que nous visons 2.5% pour le troisième trimestre, ce qui confirmera notre engagement de février, d’atteindre une croissance autour de 5% en Amérique du Nord à la fin de cette année.
EBM: Et quelles sont vos prévisions de croissance pour le reste du monde ?
Paul Hermelin : Aujourd’hui, nous misons encore sur une Europe forte, et sur les mêmes autres régions qu’en 2016. En termes de secteurs, nous voyons une forte demande dans les services financiers, quoi qu'en disent certains concurrents. La demande est également bonne dans l’industrie, les biens de consommation et le retail retrouvent leur dynamisme. Au final, cela suffit à soutenir une bonne croissance.
EBM: Quelle sont vos perspectives concernant le Brexit ? Cela pourrait-il se révéler positif, les entreprises ayant des besoins informatiques liés à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ?
Paul Hermelin : Aujourd’hui, en Grande-Bretagne, nous réalisons des belles performances dans le secteur privé, contrairement aux prédictions faites il y a un an. Je dirais juste que nous commençons à voir des comportements « attentistes » dans le domaine du retail. Sans impact sur notre activité jusque-là, mais nous restons prudents pour la seconde moitié de l’année.
EBM: Nous avons évoqué la croissance, mais, dans un environnement exigeant, la compétitivité est également essentielle. Quels progrès avez-vous effectué dans ce domaine ?
Paul Hermelin : Il y a deux dimensions au sein de notre Groupe. Celle, dynamique et vigoureuse, du Cloud et du Digital, d'un côté ; alors que de l'autre nous croissons en volume, mais faisons face à de fortes demandes de nos clients en matière de productivité et de prix. Nous devons donc améliorer notre productivité en nous engageant énergiquement dans l’automation, la gestion de notre pyramide des âges et de notre supply chain, ce qui exige de gros efforts de notre part. La difficulté est que nous gérons un groupe dans lequel 37% de notre activité est sur un marché en plein essor, où les recrutements et la croissance sont clés, alors que sur le reste de l'activité nous luttons pour plus de productivité. Mais c’est la réalité du marché d’aujourd’hui.
EBM: Vous avez récemment réalisé quatre acquisitions ciblées. Avez-vous d’autres projets d’acquisitions ?
Paul Hermelin : Vous avez vu que nous avons acquis quatre entreprises au cours du premier trimestre. Au deuxième trimestre nous avons regardé des entreprises un peu plus grandes qui à mon sens n’étaient pas de véritables acteurs du digital. Donc, nous continuons à chercher, et nous annoncerons prochainement quelques acquisitions supplémentaires de petites structures, à très haute valeur ajoutée digitale.
EBM: Paul Hermelin, Président-directeur général de Capgemini, merci beaucoup.
Paul Hermelin : Merci.