Adrian Dearnell:
Bonjour Christel Heydemann, vous êtes Directrice générale d’Orange, vous venez de présenter les résultats du quatrième trimestre 2022 ainsi que votre nouveau Plan Stratégique LEAD THE FUTURE, après un peu moins d’une année à la tête d’Orange. Alors, commençons rapidement avec vos résultats 2022 lesquels sont complètement en ligne avec vos engagements.
Avant de parler de votre Capital Markets Day et de la présentation du Plan Stratégique 2023-2025, voyons rapidement les faits marquants de ce quatrième trimestre 2022 ?
Christel Heydemann:
Bonjour Adrian,
Alors, effectivement nous avons délivré exactement ce que nous avions promis au marché.
Je voudrais souligner 3 points marquants du quatrième trimestre dans ce contexte toujours difficile du fait des effets inflationnistes
- Premièrement, un chiffre d'affaires trimestriel en hausse annuelle de 1,3%, en accélération séquentielle avec des services Retail en hausse soutenue, notamment par les hausses de prix, face au recul structurel du Wholesale.
- Deuxièmement, un satisfecit pour notre programme de réduction de coûts Scale Up avec 400M€ d’économies nettes, de coûts indirects sur l’année soit 700M€ cumulés depuis 2019 ce qui hors inflation aurait permis d’atteindre notre cible de 1Mrd€ d'économies cumulées depuis 2019 avec 1 an d’avance sur notre ambition.
- Troisièmement, Un EBITDAaL en hausse de 8,5% ce trimestre certes porté en partie par un effet de base mais reflétant surtout une hausse intrinsèque de près de 3% et enfin un Cash Flow Organique 2022 qui atteint 3,1Mrd€, légèrement au-dessus du consensus.
Adrian Dearnell:
Alors quels sont les sous-jacents à cette accélération de tendance du chiffre d'affaires?
Christel Heydemann:
Le chiffre d’affaires progresse de 1,3% au quatrième trimestre , à comparer à +1% au troisième trimestre.
Les 2 moteurs de ce trimestre sont l’Europe 7 qui bénéficie des hausses de prix opérées en 2022 et de la poursuite du retournement en Espagne, positif, depuis le troisième trimestre à +2,1% et l'Afrique et Moyen Orient toujours très soutenue à 5,7% tandis que la France passe en légère croissance et qu’OBS même si en difficulté sur sa marge, continue d’afficher trimestre après trimestre une légère progression de chiffre d’affaires grâce aux offres de solutions digitales.
Adrian Dearnell:
Passons désormais à l’EBITDAaL, avec une croissance impressionnante de plus de 8%, quels sont les points forts du trimestre ?
Christel Heydemann:
Effectivement, la dynamique de notre EBITDAaL en très forte progression à +8,5%, ou +2,9% hors effet de base lié au plan d’actionnariat salariés 2021, profite des augmentations de prix qui ont permis d’absorber environ 40% des effets de l’inflation sur l’ensemble de l’année 2022. L'EBITDAal progresse ainsi sur l’année de +2,5%, complètement en ligne avec la guidance.
Adrian Dearnell:
Maintenant parlez-nous des performances commerciales exceptionnelles dans certains pays.
Christel Heydemann:
Absolument, la performance commerciale des acquisitions sur le Mobile en France est très forte sur le 4ème trimestre,
clôturant une année record en acquisitions nettes sur le Mobile depuis 2017 et une position de n°1 en NPS avec un différentiel de plus de 10 points avec nos concurrents les plus proches.
En Europe, le point fort aura été la performance des Services Retail en constante accélération séquentielle pour atteindre près de 3% de hausse sur l’année.
En Espagne, les revenus déjà repassés tout juste en légère croissance au troisième trimestre affichent au quatrième trimestre plus de 2% de progression après des trimestres de recul systématique depuis le T1 de 2019 et ce grâce aux effets du plan de retournement mis en place par le management local.
Enfin, en Afrique ou la croissance est proche de 6% ce trimestre, le point remarquable est le retour à la croissance d’Orange Money qui était en difficulté face à l’émergence d’OTT dans certains pays, ce qui montre aussi les effets vertueux de la réponse radicale que nous avons su apporter.
Adrian Dearnell:
Alors le sujet des CAPEX est toujours central dans la perception des marchés, un mot là-dessus ?
Christel Heydemann:
Absolument, c’est effectivement un sujet toujours crucial parce que les marchés veulent nous voir baisser nos CAPEX, pas convaincus par le passé de notre capacité de création de valeur. Nous avons fait la démonstration de cette capacité à les maîtriser puisqu’ils reculent de -0,7% en 2022, en ligne avec notre guidance.
Adrian Dearnell:
Un dernier mot de conclusion sur 2022 ?
Christel Heydemann:
Alors, c’est mon 1er exercice dans une société que je connaissais déjà bien à travers ma position au Conseil d’Administration et j’ai vu au cours de cette année 2022, particulièrement difficile en termes de contexte inflationniste, combien le groupe a su faire preuve de résilience et de combativité rendue possible par la mobilisation de tous. C’est cet engagement collectif qui aura permis de faire face à cette pression majeure qui va durer. Mais les changements profonds de contexte, conjoncturel et structurel, m’ont mené à l’engagement d’un nouveau Plan Stratégique pour la période 2023-2025.
TRANSITION
Adrian Dearnell:
Alors effectivement passons si vous le voulez bien à cette présentation de votre nouveau Plan Stratégique LEAD THE FUTURE, dense mais très dynamique et qui montre une revue en profondeur de votre écosystème, une analyse poussée et des actions bien ciblées.
Alors, ma 1ère question sera sur votre constat depuis votre arrivée et la réponse incarnée dans la nécessité de ce Plan Stratégique LEAD THE FUTURE ?
Christel Heydemann:
Mon constat est le fruit de nombreux mois de réflexion et d’une revue systématique de nos activités et le plan démarre par un constat clair : notre secteur, les télécoms, est devenu absolument essentiel.
L’explosion des usages numériques s’accompagne d’exigences de plus en plus fortes de la part de nos clients et impose au secteur de répondre aux enjeux croissants de résilience, ou encore de souveraineté.
Dans le même temps, paradoxalement, le secteur est aujourd’hui à la croisée des chemins faisant face à des vents adverses – concurrence exacerbée , régulation – conduisant à des ROCE encore trop faibles et mettant sous pression les investissements dans les infrastructures télécoms.
Adrian Dearnell:
Alors face à ce constat pourriez-vous nous détailler ce Plan LEAD THE FUTURE ?
Christel Heydemann:
Ce plan qui s’appuiera prioritairement sur ce qui fait notre force, les réseaux Fixes et Mobiles et nos clients, sera articulé autour de 4 piliers qui reposent sur un nouveau modèle d’entreprise, un axe transverse:
• Premier pilier : MONETISE qui vise à renforcer l’excellence dans notre cœur de métier au service de nos clients et à encore mieux valoriser nos offres. Nous devons en effet aller plus loin pour continuer de nous différencier grâce à l’excellence opérationnelle, à notre expertise dans nos réseaux et nos services afin d’en capter toute la valeur.
• Deuxième pilier : CAPITALISE qui vise d’une part à améliorer encore nos infrastructures Réseaux à la fois par plus de digital et d’Intelligence artificielle mais également par le décommissionnement favorisant les réseaux Très Haut Débit Fixes et Mobiles et d’autre part à continuer de les valoriser dans l’ensemble de nos géographies en restant ouverts à de possibles partenariats tactiques et stratégiques, créateurs de valeur.
• Troisième pilier : FOCUS et TRANSFORM, un plan d’action déterminé sur notre division « entreprises », Orange Business Services qui devient Orange Business. Ce plan de transformation a été engagé par une équipe managériale renouvelée pour faire des choix - certains seront durs - afin de retrouver une croissance profitable sur la durée du plan avec un rebond de l’EBITDAaL visé en 2025. Enfin nous continuerons à développer l’activité Cybersécurité déjà en forte croissance.
Et le quatrième pilier : GROW, pour continuer d’investir là où nous avons trouvé le bon modèle de création de valeur. C’est le cas en Europe et en Afrique avec là un renforcement assumé et équilibré de notre ancrage dans cette zone. et enfin, tout cela repose sur la mise en place d’un Nouveau Modèle d’Entreprise que je résumerai en 3 mots :
o Performance, avec une attention particulière portée sur notre efficacité opérationnelle, et plus généralement sur l’exécution.
o Excellence avec l’expertise des femmes et des hommes d’Orange, qui font l’ADN de notre Groupe, dans les réseaux bien sûr, mais aussi dans les technologies impliquant automatisation, softwarisation, analyse des données ou encore intelligence artificielle.
o Confiance enfin, au cœur de la raison d’être d’Orange une politique RSE qui en sous tendant notre transformation, sera le fil rouge de toutes nos décisions et la garante de notre performance économique, environnementale et sociale.
Adrian Dearnell:
Revenons sur ce sujet de la performance et de l’excellence, il semble qu’il ressort de ce plan, une envie beaucoup plus marquée que par le passé de s’engager dans une exigence de création de la valeur ? Est-ce bien le cas et comment en apporter la preuve ?
Christel Heydemann:
Absolument, c’est bien le cas. J’ai insisté plusieurs fois dans cette présentation sur la notion de création de valeur qui doit guider chacun de nos pas, nos décisions d’allocation d’investissements et nos actions de maîtrise de coûts.
Concernant les eCAPEX , pour lesquels les marchés sont extrêmement exigeants, nous visons une baisse afin d’atteindre un ratio autour de 15% du chiffre d’affaires à partir de fin 2023 et jusqu’à l’horizon 2025.
Concernant le contrôle de nos coûts, après le succès de notre programme Scale Up sur 2019-2022 qui a dépassé l’objectif initial de 600M€ avec 700M€ atteints, nous avons lancé un nouveau programme avec une tranche de réduction de 600M€ d’ici 2025, sur une base de coûts indirects élargie à certains coûts directs mais hors énergie car trop volatile et objet d’un programme spécifique.
Dans cette perspective de création de valeur permanente, nous devrons avoir une approche très pragmatique sur nos actifs par des revues régulières de notre portefeuille sans hésiter à trancher, à savoir arrêter des activités ou les céder dès lors qu’elles ne satisfont plus aux exigences de retour sur investissement.
Cette recherche de la création de valeur va s’incarner par une ambition opérationnelle et managériale – ce qui n’est pas une guidance - de progression de 100 à 150 points de base du ROCE d’ici 2025.
Le but visé est aussi de pouvoir, sans que cela ne pèse sur la structure bilancielle du groupe, engager une progression du retour aux actionnaires.
Adrian Dearnell:
Justement vous avez prononcé le mot de guidance, revenons sur ce point et pour cette nouvelle période de 3 ans sur la période 2023-2025, quelle est la guidance ?
Christel Heydemann:
Nous faisons face à un environnement toujours incertain car même si la crise sanitaire est derrière nous, désormais la nouvelle adversité s’appelle l’inflation.
Face à cela, nous avons, comme je l’ai dit, lancé une nouvelle phase de maîtrise de nos coûts qui accompagnera une politique assumée de monétisation de nos services avec une cible de légère progression de l’EBITDAaL sur la période 2023-2025.
De même nous poursuivrons cette maîtrise des eCAPEX avec une poursuite de la baisse et nous ciblons en 2025, 4 Mrd€ de Cash Flow Organique, notre agrégat le plus fondamental.
Côté bilan, la règle sera de respecter un ratio d’endettement de 2x environ afin de toujours avoir un accès attractif au marché crédit.
Dans cette perspective nous projetons sur la période 2023-2025 une progression du dividende à 0,72€ en 2023 payable 2024 soit +3% et 0,75€ en 2024 payable 2025 soit encore +3% avec un nouveau floor à 0,75€ au-delà.
Adrian Dearnell:
Un dernier mot de conclusion sur cette présentation?
Christel Heydemann:
Les mots clés pour cette nouvelle page qui s’ouvre sont Fermeté, Détermination et Confiance Fermeté sur le cap : Nos priorités sont claires et vertueuses et on va fermement s’y tenir. Fermeté aussi sur l’allocation de capital et les CAPEX.
Détermination : sur la profonde transformation d’Orange Business, sur la maîtrise de nos coûts face à l’inflation et sur la monétisation de nos services et notre stratégie prix et enfin vis-à-vis des régulateurs. Et je terminerai avec le mot Confiance : Confiance sur la réalisation de notre plan, sur le potentiel très important de maximisation de l’outil opérationnel, sur la génération du Cash Flow Organique et donc de facto un message de confiance sur le
dividende qui va progresser régulièrement sur la période avec ce nouveau floor fixé à 0,75€ pour 2025.
Tout s’articule parfaitement et je remercie tous nos actionnaires pour leur confiance.
Adrian Dearnell:
Christel Heydeman, je vous remercie.
Christel Heydemann:
Merci.