{Marie-Pierre Peillon, Directrice de la Recherche}
Scénario 2014
Notre scénario 2014 s’inscrit dans une période de transition entre reprise cyclique et ajustements structurels. Premier point de ce scénario : 2014 sera marqué par un rebond conjoncturel, mais les ajustements structurels - à savoir le désendettement des états, des agents privés, la mise en place des réformes structurelles et d’une nouvelle gouvernance en zone euro à travers l’union bancaire - se poursuivront et pèseront durablement sur la croissance. Deuxième élément de ce scénario, les Etats-Unis seront la locomotive mondiale car dans ce pays finalement tous les indicateurs sont au vert : moindre contrainte budgétaire qu’en 2013, reprise de l’investissement et surtout retour du consommateur américain lié à une amélioration de la situation de l’emploi, lié également à toujours ce fameux effet richesse. Troisième point du scénario concernant la zone euro, la reprise se poursuit, mais à un rythme toujours lent, tiré par l’extérieur et toujours une zone euro contrainte de réaliser ses ajustements structurels. En ce qui concerne le risque déflationniste, nous ne voyons pas de menace tant que la baisse de l’inflation n’affecte pas les anticipations d’inflation. Enfin, quatrième élément, sur les émergents, deux grands messages à retenir : la poursuite du ralentissement de la croissance dans ces zones, lié au fait que l’environnement international est moins porteur et lié aussi au fait que ces pays doivent faire des ajustements structurels. Deuxième élément de cette zone c’est qu’il y a une très grande hétérogénéité qui se manifeste de plus en plus. Juste un point sur la Chine, la croissance se ralentit mais se rééquilibre. Dans ce contexte de croissance modérée vulnérable à tout nouveau choc, les politiques monétaires doivent rester très accommodantes. En résumé, notre scénario économique 2014 fait ressortir une accélération de la croissance mondiale, qui passe de 2,9% en 2013 à 3,4% en 2014 grâce à l’accélération de l’économie américaine et grâce au soutien des politiques monétaires.
{Gaëlle Malléjac, Directrice de la Gestion Taux}
Le marché de taux
Notre scénario de taux pour l’année 2014 repose sur trois thèmes majeurs : le renforcement de la croissance dans les pays développés, le soutien toujours attendu des banques centrales et la poursuite de la stabilisation de la zone euro avec la mise en œuvre de l’union bancaire. Alors pour ce qui est du renforcement de la croissance - principalement attendu aux Etats unis, cela va alimenter le mouvement de remontée des taux des deux côtés de l’Atlantique, mouvement que nous attendons somme toute modéré, pour deux raisons. La première c’est que l’inflation va rester basse, et la seconde c’est que les banques centrales sont attachées à une remontée modérée des taux. Alors en ce qui concerne les taux allemands plus particulièrement, ils sont attendus en moindre hausse par rapport au taux américains en raison des défis structurels qui pèsent sur la croissance de la zone. Enfin, la poursuite de la stabilisation de la zone euro avec la mise en œuvre de l’union bancaire va alimenter la convergence des taux dans la zone euro, les primes de risques des pays périphériques vont donc poursuivre leur mouvement de resserrement et ce mouvement global de convergence est plutôt attendu par la remontée des taux core.
Le marché du crédit
Alors sur le marché du crédit, l’environnement reste favorable, d’un point de vue fondamental et d’un point de vue technique. Sur le plan fondamental les spreads de crédit devraient continuer de bénéficier de l’amélioration conjoncturelle, amélioration qui se fait dans un contexte de faible inflation qui ne va donc pas précipiter les taux à la hausse. Par ailleurs, les entreprises et leurs fondamentaux sont satisfaisants et solides. La classe d’actifs bénéficie aussi de puissants soutiens techniques. On a cette année des remboursements qui sont sur des niveaux historiquement élevés. On a par ailleurs des liquidités qui sont toujours abondantes et puis la quête de rendement est toujours d’actualité.
{Claire Chaves d’Oliveira, Directrice de la Gestion Actions}
Les marchés actions
Alors 2014 va être différent de 2013. Qu’est-ce qui s’est passé en 2013 en deux mots. En 2013, tout s’est joué sur ce qu’on appelle la prime de risque, c’est-à-dire que l’aversion pour le risque extrême qu’on avait encore fin 2012 s’est transformée en grand appétit pour le risque, et toute la hausse des marchés n’est expliquée que par ce facteur-là - le fait que les investisseurs n’aient plus peur des marchés actions, notamment des marchés actions européens qui redeviennent « investissables », et donc ça explique toute la hausse. Ce n’est pas du tout la perception d’une anticipation de meilleurs résultats qui explique la hausse, d’ailleurs pendant toute l’année 2013 les résultats n’ont pas cessé de se détériorer et d'être révisés constamment à la baisse, chose un petit peu paradoxale. En 2014, en revanche les choses devraient aller normalement. 2014 devrait être enfin une année « normale ». C’est-à-dire s’appuyant essentiellement sur la croissance des résultats des entreprises. Or la croissance des résultats des entreprises, on la révise à la hausse grâce à une croissance économique américaine meilleure que prévue, ou en tout cas meilleure que ce que nous anticipions il y a quelques mois. On a révisé à la hausse notre croissance européenne aussi. Et donc ça nous permet de remonter nos anticipations de résultats à 7%, ce qui est pour nous un minimum sachant que en plus, on pourrait, avoir une belle amélioration de la marge des entreprises et les marges des entreprises européennes sont loin d’être au plus haut. Donc on en a encore sous le pied. Et côté Etats-Unis c’est pareil. Eux ils bénéficient aussi de la croissance mondiale mais surtout de leur croissance domestique - la croissance américaine - et d’un pays très dynamique, et donc on s’attend a à minima à une croissance de 9% des résultats, là aussi sans hypothèse de hausse des marges - chez eux les marges sont un peu plus élevées en revanche. Au total, qu’est-ce que ça fait ? On pense que les marchés actions vont a minima évoluer comme les résultats des entreprises, c’est-à-dire grosso modo quelle que soit la zone géographique entre 7 et 9%. Donc on est positif sur tous les marchés actions.