EuroBusiness Media (EBM) : Plastic Omnium, leader mondial des pièces de carrosserie, réservoirs et conteneurs à déchets, publie ses résultats pour l'exercice 2015. Laurent Burelle, bonjour. Vous êtes le Président-Directeur Général de Plastic Omnium. Quels sont les principaux enseignements que vous tirez de ces résultats ?
Laurent Burelle : Quand on est équipementier automobile mondial comme nous, et qu'on a publié en 2014 des résultats très élevés comme les nôtres, on a l'anxiété de savoir si on va les maintenir, ou réussir à les améliorer. Parce que ce sont des résultats tout à fait forts par rapport au reste de nos partenaires et concurrents mondiaux. On a fait une très bonne année 2015. On a crû partout de plus de 10 % - que ce soit en chiffre d'affaires, en marge opérationnelle, en EBIDTA, en résultat net. Même le free cashflow a été impressionnant puisqu'il a dépassé les 200 millions (d'euros). Donc, ça a été une très belle année sous tous ces agrégats.
EBM : Vous annoncez pour 2016 une surperformance par rapport à la production automobile mondiale. J'aimerais comprendre cela un petit peu mieux. Comment est-ce que vous voyez le marché automobile évoluer en 2016 et comment voyez-vous Plastic Omnium évoluer au sein de ce marché ?
Laurent Burelle : Le marché automobile - vous avez raison -, ça devient très difficile d'évaluer la croissance. On sait qu'il va être en croissance. Est-ce que ça sera 2%, 2,5%, 3 % ? On sait que ça sera autour de ça. Mais ça fait quand même plus de 2 millions et demi de voitures de plus l'année prochaine. Tout le truc consiste à récupérer cette croissance dans les bassins où ça va croître. Car si le marché mondial est en croissance linéaire depuis 40 ans, il a, par zone, de très grandes fluctuations. Donc nous anticipons à nouveau une année, en Russie, au Brésil, en Argentine, mauvaise, avec une forte diminution à nouveau. Mais nous anticipons une forte hausse en Chine - on pense que ce sera 6 %. On pense qu’on va avoir une belle hausse aux Etats-Unis, en Europe de l'Ouest. Donc ces 2,7 millions de voitures de plus qui vont se fabriquer, Plastic Omnium va pouvoir les capter et donc les transformer en chiffre d'affaires. Si nous tenons bien nos coûts et nos frais, ce que nous faisons, nous pensons à nouveau, avec cette surperformance, améliorer nos résultats.
EBM : Vous venez de mentionner une prévision de croissance de 6 % sur le marché chinois. J'aimerais comprendre un peu mieux quelle est votre analyse du marché chinois.
Laurent Burelle : Le marché chinois, nous en avons une compréhension très fine, nous y avons 25 usines. Nous avons réduit notre rythme de croissance d'installation d'usines puisque l'année dernière, on en a construit trois nouvelles, cette année, on en construit une. Et l'année d'après, à mon avis, qu'une seule. Nous avons notre outil industriel qui est maintenant stabilisé. C'est-à-dire que nous n'avons plus besoin d'une croissance aussi forte que par le passé, où nous construisions 5 - 7 usines de plus par an. Le marché chinois est un marché colossal - 22 / 24 millions d'unités. Il faut savoir être profitables et heureux à ces volumes-là sans attendre, pour l'éternité, des croissances très, très fortes. 6 % encore, c'est énorme. Si dans les années à venir, c'est 2 - 3 %, ça sera très bien. Nous avons un bel outil, profitable, automatisé, de bonne qualité. Nous avons les thermomètres et les commandes, et le carnet de commandes très fort qui nous donne la visibilité à 3 ans. Vous savez, il ne faut pas parler que du marché chinois. N'oublions pas que Plastic Omnium fait le même chiffre d'affaires au Mexique qu'en Chine. Nous faisons 500 millions d'euros de chiffre d'affaires en Chine et 500 millions de chiffre d'affaires au Mexique. Nous allons doublé notre chiffre d'affaires en Chine, nous allons presque doubler notre chiffre d'affaires au Mexique. Des zones de croissances fortes, il y en a plusieurs dans le monde. Il n'y en a pas qu'une. Ce n'est pas parce que le marché chinois est le plus grand du monde qu'il ne faut parler que de celui-là.
EBM : En 2015, le diesel est évidemment au cœur de l'actualité. Comment voyez-vous votre système « SCR » évoluer au sein de ce marché ?
Laurent Burelle : Le diesel est très répandu en Europe, en Inde, dans les voitures. Ce sont les principaux endroits du monde où le diesel est fort et en croissance. Le Dieselgate qu'il y a eu avec le groupe Volkswagen, bien évidemment, a apporté un frein très fort aux Etats-Unis puisque les voitures diesel de Volkswagen y sont interdites de vente, et cela a mis la suspicion sur cette technologie. Je pense que si cela est fait de manière honnête, et utilisé de manière honnête, c'est un bon système pour propulser les voitures. Il y a un système que nous appelons « SCR » - un système catalytique de réduction de certains produits, en le transformant, notre système marche très bien. Il est installé sur des voitures, il sera installé chez 12 nouveaux constructeurs dans les 4 ans qui viennent. Il a une forte croissance devant lui. Il ne faut pas jeter l'opprobre sur toute la profession et toute la technologie. Le diesel bien géré peut être une solution.
EBM : L'autre événement marquant en fin d'année était votre projet d'acquisition des Systèmes Extérieurs de Faurecia, en décembre. Où en êtes-vous ?
Laurent Burelle : Notre idée était de donner un service large, mondial et plus puissant à nos clients. L'effet de taille et de masse critique est important. Avec cette acquisition, Plastic Omnium aurait donc à sa disposition des quantités d'ingénieurs, de moyens financiers très importants pour développer les nouvelles technologies d'aujourd'hui, les hayons en matériaux composites, les hayons légers, les poutres d'absorption de chocs et d'autres technologies. Notre idée est soumise à l'analyse de la concurrence de Bruxelles. Nous sommes en train de répondre aux questions de la Communauté européenne. Nous espérons que, d'ici la fin de l'année, nous aurons une autorisation.
EBM : Vous avez l'habitude de mettre en avant l'innovation comme le moteur principal du succès et des développements futurs de Plastic Omnium. Que peut-on attendre de ce côté-là ?
Laurent Burelle : Vous avez raison, le succès de Plastic Omnium est basé sur différents piliers. Un pilier d'investissement : nous sommes une entreprise qui aime investir dans l'automatisation, qui fait la qualité, la productivité et qui nous permet de nous être mondialisés. Le deuxième pilier c'est l'innovation. Un outil industriel moderne, mais pour fabriquer des pièces modernes, des pièces plus légères, des émissions de gaz réduites, des pièces de formes différentes, des absorptions de chocs différents, peut-être demain des peintures intelligentes, communicantes, des peintures accumulantes d'énergie. Bref nous avons devant nous 5 ans assez traditionnels dans l'industrie automobile, mais nous avons après des grands bonds technologiques, des grandes évolutions et je crois que les voitures seront encore plus sûres, encore plus légères et donneront encore beaucoup de plaisir, et on verra de grandes évolutions. Plastic Omnium, nous sommes, engagés là-dedans. Notre profitabilité sert et servira à innover dans des nouveaux produits et dans des nouvelles technologies.
EBM : Laurent Burelle, Président-Directeur Général de Plastic Omnium, merci beaucoup.
Laurent Burelle : Merci.