EuroBusiness Media (EBM) : BNP Paribas, l’une des banques leader en Europe, publie ses résultats du premier trimestre 2015. Jean-Laurent Bonnafé, bonjour et bienvenue. Vous êtes Administrateur Directeur Général de BNP Paribas. Quels sont vos commentaires sur les résultats du Groupe au premier trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé: Au premier trimestre 2015, BNP Paribas a réalisé de très bons résultats grâce à une forte progression de ses revenus. Le produit net bancaire progresse dans tous les pôles opérationnels, en hausse globalement de près de 14% grâce à une excellente contribution de CIB et des métiers spécialisés. Les acquisitions ciblées réalisées en 2014 contribuent elles aussi à ce résultat.
Au 1er trimestre, nous avons également bénéficié de l’appréciation du dollar US, puisqu’une partie de nos activités est libellée en dollar. Je pense en particulier à BancWest et à notre plateforme CIB aux Etats-Unis, mais aussi, dans une moindre mesure, à nos activités en Asie et en Europe.
Les frais de gestion des différents pôles opérationnels progressent d’un peu plus de 10%, générant par un effet de ciseau largement positif. Ainsi, le résultat brut d’exploitation enregistre une forte hausse, de plus de 20%.
Compte tenu d'un coût du risque globalement stable, BNP Paribas clôture le premier trimestre avec un résultat net en hausse à 1,6 milliards d’euros, soit une augmentation de 17,5% par rapport à l’exercice précédent malgré la première contribution au Fonds de Résolution Unique.
Dans la zone euro, nous observons les premiers signes de reprise économique, qui se traduit par une hausse graduelle de la demande de crédit. Ainsi, après plusieurs trimestres de contraction, les prêts du pôle Domestic Markets augmentent de 1,6 % par rapport à l’année précédente.
S'agissant du bilan maintenant, notre ratio Common equity Tier 1 fully loaded reste stable à 10,3%, après prise en compte d’un taux de distribution de 45%, et malgré l'impact, au premier trimestre, de l’interprétation IFRIC 21. Cette nouvelle règle comptable conduit à comptabiliser intégralement au premier trimestre certaines taxes, ce qui se traduit par un impact saisonnier de 9 points de base sur le ratio ce trimestre.
Enfin, nous continuons de créer de la valeur pour nos actionnaires à travers le cycle, puisque notre actif net comptable par action augmente à 70 euros à la fin du premier trimestre.
EBM : Vous venez d’évoquer les signes de reprise que vous observez dans la zone euro. Comment cela s’est-il manifesté dans les résultats du pôle Domestic Markets ?
Jean-Laurent Bonnafé: Comme je le disais, ces signes de reprise entraînent une hausse des encours de crédit au 1er trimestre en lien avec une reprise de la demande des clients. En parallèle, la collecte de dépôts conserve un rythme soutenu, particulièrement en France et en Belgique.
L’activité de banque privée continue de se développer dans nos principaux marchés. Ainsi, le montant total des actifs sous gestion en France, en Belgique et en Italie progresse de 5%, à 185 milliards d’euros fin mars.
Le produit net bancaire de Domestic Markets progresse de 2,3%, avec une bonne performance de l’activité Retail en Belgique et de nos métiers spécialisés. L’environnement de taux bas continue, cependant, de pénaliser les revenus d’intérêt. Grâce à une bonne maîtrise de nos frais de gestion, le coefficient d’exploitation s’améliore encore et le résultat brut d’exploitation est en hausse de 4,6%.
L’amélioration du contexte macroéconomique se traduit par un coût du risque plus faible, y compris en Italie où il enregistre une réduction modérée.
Au total, la contribution de Domestic Markets au résultat avant impôt du 1er trimestre s’élève à 0.8 milliard d’euros, soit une amélioration de 17.7% par rapport à l’exercice précédent.
EBM : Qu’en est-il de la performance de votre activité Personal Finance à la lumière de son développement régulier ?
Jean-Laurent Bonnafé: Au 1er trimestre, le développement commercial de Personal Finance s’est poursuivi grâce à de nouveaux accords conclus avec des partenaires bancaires, mais aussi dans les secteurs de la distribution et de l’automobile.
Les encours de crédit progressent de 23%, principalement du fait de l’intégration des encours de LaSer. Sur une base comparable, le montant des crédits augmente de 2,1%.
La croissance du produit net bancaire dépasse 27%, soit 1% environ sur une base comparable, avec une bonne évolution en Allemagne, en Italie et en Espagne.
Les coûts évoluent en ligne avec les revenus hors éléments exceptionnels et le coût du risque diminue pour sa part sur une base comparable. Le résultat avant impôts progresse donc sensiblement, augmentant de près de 50%, soit +29% à périmètre et change constants. C’est donc clairement un très bon trimestre pour notre activité de crédit à la consommation.
EBM : L'activité d'International Retail Banking a été plutôt dynamique. Quelle est la performance sur ces marchés au 1er trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé: Le pôle International Retail Banking, qui se compose d'Europe Méditerranée et de BancWest, s’est montré très dynamique au 1er trimestre.
Tout d’abord, chez Europe Méditerranée, l’intégration de la banque polonaise Bank BGZ, acquise l’an dernier, s’est poursuivie. Sa fusion avec BNP Paribas Polska est en cours de réalisation, donnant naissance à une banque de référence dans un marché dynamique et attrayant.
Les volumes de dépôts progressent de quelque 9% tirés notamment par la Turquie et la Pologne. La progression des crédits est encore plus forte, à plus de 13%, avec une performance positive dans tous les pays, particulièrement en Turquie.
Toujours en Turquie, TEB a lancé avec succès son offre digitale pour stimuler l’acquisition de clientèle et proposer une offre alternative complémentaire au traditionnel réseau d’agences.
Le produit net bancaire s’accroît en lien avec les volumes, tandis que l’excellente maîtrise des coûts se traduit par une hausse de près de 27% du résultat brut d’exploitation à base comparable.
Compte tenu de l’augmentation du coût du risque ce trimestre, le résultat avant impôts n’augmente, à base comparable, que marginalement par rapport au 1er trimestre 2014.
Au total, Europe-Méditerranée confirme son excellent développement commercial dans tous ses grands marchés.
Passons à BancWest ; les volumes y progressent également bien. Les volumes de dépôts et de crédits sont en hausse d’environ 7%, soutenus par une augmentation des crédits aux entreprises et à la consommation.
Nous continuons également d’accroître le montant des actifs sous gestion de l’activité banque privée, qui atteignaient 9 milliards de dollars fin mars.
La croissance du produit net bancaire suit celle des volumes, tandis que les coûts subissent l’augmentation des coûts réglementaires. Nette de ces derniers, l’augmentation des coûts reste limitée à un peu moins de 3%.
Dans l’ensemble, compte tenu de l’appréciation du dollar US que j’ai déjà mentionnée, le bénéfice avant impôt de BancWest progresse de 23% en euro, confirmant sa forte contribution au résultat du Groupe.
EBM : Au 1er trimestre, comment évoluent les activités d’épargne et d’assurance de votre pôle International Financial Services ?
Jean-Laurent Bonnafé: Au premier trimestre de l’année, le volume des actifs sous gestion de nos activités d’épargne et d’assurance augmente fortement, à 969 milliards d’euros. Cela s’explique essentiellement par un effet de performance significatif et dans une moindre mesure par la dépréciation de l’euro. Nous observons également une importante collecte nette (plus de 11 milliards au cours du trimestre), avec une contribution positive de chacun de nos principaux métiers.
Ces tendances favorables se reflètent également dans le compte de résultat.
Si je considère d’abord l’activité d’assurance, la progression du produit net bancaire atteint 7,5%, soutenue par la forte évolution des marchés financiers et le bon développement de l’activité de protection à l’international.
Les coûts évoluent en ligne avec le développement de l’activité (+6%), ce qui se traduit par un effet de ciseaux positif.
Le résultat avant impôts enregistre ainsi une croissance à deux chiffres, dépassant les 300 millions d'euros.
Wealth & Asset Management progresse également, avec une hausse en lien avec un bon niveau d’activité chez Wealth Management et une progression d'Asset Management.
Les coûts progressent pratiquement au même rythme que les revenus compte tenu des investissements réalisés chez Wealth Management en Asie et chez Real Estate.
Au 1er trimestre, Wealth & Asset Management réalise une bonne performance d’ensemble avec une contribution de 170 millions au résultat avant impôts, en hausse de 4% par rapport à l’exercice précédent.
EBM : Les marchés sont bien orientés depuis le début d’année. Comment votre nouvelle CIB tire-t-il son épingle du jeu dans ce contexte ?
Jean-Laurent Bonnafé: Notre pôle Corporate & Institutional Banking a connu un très bon trimestre. Chez Global Markets, la demande de la clientèle reste soutenue. Dans Corporate Banking, les volumes progressent bien, tandis que Securities Services continue d’accroître les actifs en conservation à un rythme soutenu.
Les revenus progressent de 24% à plus de 3,3 milliards d’euros, soit +13% à change et périmètre constants. Sur une base comparable, tous nos métiers enregistrent une excellente performance : +15% pour les revenus de Global Markets et de Securities Services et +7% pour ceux de Corporate Banking.
Les coûts ont progressé en lien avec l’activité, mais à un rythme bien plus lent que les revenus. CIB tire profit des économies générées par le plan Simple & Efficient, mais a dû supporter des coûts réglementaires élevés, ainsi que les investissements liés à nos plans de développement.
Compte tenu du niveau modéré du coût du risque du trimestre, le résultat avant impôt de CIB bondit de 50% sur base comparable, générant un RoE annualisé avant impôt supérieur à 20%.
Ce sont là des résultats très prometteurs alors que nous continuons d’optimiser nos activités CIB de manière à adapter nos métiers à l’évolution de l’environnement opérationnel.
EBM : S’agissant du développement de vos activités internationales, votre intérêt pour l'Asie s’est-il amenuisé à la lumière du ralentissement de la croissance dans certains pays asiatiques ? Par ailleurs, comment évolue l’activité de votre CIB aux US?
Jean-Laurent Bonnafé: Notre activité reste soutenue en Asie et aux États-Unis.
Il est vrai qu’en Asie, la croissance économique de certains pays s’est ralentie, mais les taux de croissance y restent très élevés par comparaison au reste du monde.
En 2014, nos revenus générés par la zone Asie Pacifique ont augmenté de 7% à 2,7 milliards d’euros. À la fin du premier trimestre, le produit net bancaire progresse fortement (~+35%) par rapport à l’année précédente, tirés aussi par un effet de change favorable et à une forte activité clientèle chez Global Markets.
Aux États-Unis, la croissance de l’activité CIB est solide. En 2014, le produit net bancaire y progresse de 9%, à 1,7 milliard d'euros. Les conditions de marché sont restées favorables au 1er trimestre, et toutes nos activités CIB aux États-Unis délivrent une forte performance, environ +30%, tirée aussi par l’appréciation du dollar.
Pour résumer, dans les deux régions que vous avez mentionnées, l’activité est soutenue et nous poursuivons notre développement avec succès.
EBM : Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur-Directeur Général de BNP Paribas, merci beaucoup !
Jean-Laurent Bonnafé : Merci à vous !