EuroBusinessMedia (EBM) : Le Groupe BNP Paribas publie ses résultats du premier trimestre 2014. Jean-Laurent Bonnafé, bonjour et bienvenue ! Vous êtes Administrateur Directeur Général de BNP Paribas. Quels sont vos commentaires sur les résultats du Groupe au 1er trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : BNP Paribas a réalisé des résultats solides au 1er trimestre, avec un résultat net de 1,7 milliard d’euros. Les éléments exceptionnels n'ont pas d'incidence sur le résultat ce trimestre.
Au 1er trimestre, le produit net bancaire des pôles opérationnels diminue marginalement à périmètre et change constants. Ceci est le résultat d'une augmentation chez Investment Solutions, d'une légère amélioration chez Retail Banking et d'une bonne résistance chez CIB, grâce à la très belle performance d'Actions et Conseil.
L'évolution des frais de gestion confirme notre excellente maîtrise des coûts, parallèlement à la mise en oeuvre de notre plan de développement. Au 1er trimestre, la mise en œuvre du plan Simple & Efficient s’est poursuivie dans tout le groupe : elle se traduit par des économies de coûts supplémentaires de 211 millions d’euros et par des coûts de transformation de 142 millions d’euros.
Au 1er trimestre, le coût du risque augmente à 68 points de base, en pourcentage de l’encours de crédit à la clientèle. Il tient compte d’une provision de portefeuille de 100 millions d’euros liée aux récents événements en Europe de l’Est.
Grâce notamment à la forte capacité bénéficiaire de BNP Paribas, son ratio « Core Tier 1 Bâle 3 fully loaded » s'établit à 10,6 %, nettement supérieur aux exigences réglementaires. C’est également le cas pour le ratio de levier qui se maintient à 3,7%.
Par ailleurs, la réserve de liquidité du Groupe mobilisable immédiatement atteint le niveau élevé de 264 milliards d’euros à fin mars 2014.
En parallèle, BNP Paribas continue d’accroître sa base de dépôts, comme le montrent les dépôts de Retail Banking qui augmentent de 5,4% à change constant par rapport à l’exercice précédent.
EBM : Quels sont les principaux facteurs qui ont pesé sur le coût du risque ce trimestre ? Comment évolue la situation chez BNL ?
Jean-Laurent Bonnafé : Comme je l'indiquais précédemment, le coût du risque du Groupe augmente au 1er trimestre, avec l'impact d’une provision de portefeuille due aux récents événements en Europe de l'Est.
Si l’on exclut cette provision, le coût du risque augmente de 11,6 % à périmètre et à change constants. Il reste globalement stable dans les principaux métiers et dans les principales zones géographiques, à l’exception de BNL en Italie, dont le coût du risque continue de subir les effets d'une des récessions les plus longues dans l’histoire de ce pays. Comme nous l'avons déjà indiqué, 2014 restera difficile et nous estimons que le coût du risque devrait rester élevé cette année.
EBM : Comment appréciez-vous la performance générale de Domestic Markets au 1er trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Au 1er trimestre, Domestic Markets reste dynamique, en particulier pour la collecte de dépôts, avec une belle progression en France, en Belgique et chez Cortal Consors en Allemagne. Le total des dépôts atteint 293 milliards, augmentant de près de 5 % par rapport à l’année précédente.
L’activité de prêt reste faible, signe d’une demande de crédit modérée de la clientèle.
Dans la Banque privée, les actifs sous gestion augmentent sensiblement, avec une excellente performance sur nos 3 marchés principaux : la France, l’Italie et la Belgique.
Au 1er trimestre, les revenus progressent de 1,7 %, portés essentiellement par l’excellente performance des produits d’épargne hors bilan, la banque privée et Arval.
Grâce à notre excellente maîtrise des coûts, l’efficacité opérationnelle s'améliore, avec un coefficient d’exploitation en baisse de 0,9 points à 61,7 % chez Domestic Markets et un effet de ciseaux positif en France, en Italie et en Belgique.
Le résultat brut d’exploitation est en hausse de 4 % et le résultat avant impôt s'établit à 0,9 milliard d'euros, en retrait par rapport à l’exercice précédent, du fait de l'augmentation, déjà mentionnée, du coût du risque en Italie.
EBM : Quel est l’impact des fluctuations de change enregistrées au 1er trimestre pour une grande banque de détail internationale comme BNP Paribas ? Comment évolue votre activité de banque de détail internationale dans ce contexte ?
Jean-Laurent Bonnafé : Au 1er trimestre, le résultat d'International Retail Banking subit l’impact des fluctuations de change. Si celles-ci ont un impact sur les revenus et les coûts, l'effet net sur le résultat avant impôt reste limité à l'échelle du Groupe car nous enregistrons ces revenus et ces coûts dans la même devise. Au premier trimestre, l'impact sur le résultat avant impôt se monte ainsi à 28 million d'euros soit 6 points de variation annuelle. Il s’explique avant tout par la baisse significative de la Livre turque (en recul de 22 % par rapport à l’euro sur un an) et par la légère dépréciation du dollar sur la période.
Pour bien analyser la performance de notre pôle International Retail Banking, il faut en étudier les résultats à périmètre et change constants.
Ainsi, au 1er trimestre, la zone Europe-Méditerranée confirme le dynamisme de son activité. Le volume des prêts et des dépôts progresse de plus de 11 % par rapport à l’année précédente, avec dans les deux cas une forte contribution de notre activité en Turquie. Notre dispositif de cash management continue de se développer parallèlement à l’activité de banque privée, qui voit les actifs sous gestion augmenter sensiblement.
Les revenus sont en retrait, mais cela s'explique par l’effet des nouvelles dispositions réglementaires entrées en vigueur en Algérie et en Turquie au 3e trimestre de l’an dernier. En dehors de cet effet, les revenus progressent de 5 % en dépit de l’impact négatif du contexte difficile en Ukraine.
Les frais de gestion augmentent de 5 %, surtout du fait du renforcement des dispositifs commerciaux de TEB courant 2013.
Le résultat avant impôt est pénalisé par la provision de portefeuille liée à l’Europe de l'Est, que j’ai déjà évoquée. Si l'on exclut celle-ci, le résultat avant impôt de la zone Europe-Méditerranée baisse de 12,6 % au 1er trimestre.
Pour BancWest, aux États-Unis, la croissance des volumes se confirme au 1er trimestre, avec une augmentation des dépôts et des prêts d’environ 5 % par rapport à l'exercice précédent. Le bon développement de la Banque privée se poursuit également, comme le confirme l’augmentation des actifs sous gestion.
Les revenus sont en légère baisse par rapport au 1er trimestre 2013 hors impact des plus-values sur cessions de créances au cours du trimestre, compte tenu du contexte peu favorable des taux d’intérêt.
La hausse des coûts liés aux changements à venir du contexte réglementaire pèse sur les frais de gestion, ainsi que le renforcement du dispositif commercial, partiellement compensé par les économies liées à la rationalisation du réseau d’agences.
Globalement, le résultat avant impôt de BancWest est en baisse de 14,6 % au 1er trimestre, à 156 millions d’euros.
EBM : Les perspectives s’améliorent pour le crédit à la consommation en Europe. La performance de Personal Finance enregistre-t-elle déjà ces effets favorables au cours du trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Au 1er trimestre, l’activité reste très soutenue pour Personal Finance, qui continue de développer ses relais de croissance. Au 1er trimestre, Personal Finance a signé plusieurs partenariats dans le secteur automobile (par exemple avec PSA en Turquie) et dans le secteur de la grande distribution (par exemple avec Metro en Hongrie).
Nous avons également conclu, sous réserve d’approbation par les autorités, l’acquisition de RCS en Afrique du Sud, un spécialiste du crédit à la consommation sur le point de vente.
Ce dynamisme global se reflète dans une augmentation des encours de crédit, de près de 3 % à base comparable.
À périmètre et à change constants, les revenus augmentent de 1,7 %, tirés par une bonne performance en Allemagne, en Belgique et en Europe centrale, et avec une légère progression en France. Les partenariats qui ont démarré dans plusieurs zones géographiques l’an dernier commencent également à porter leurs fruits.
Grâce à une bonne maîtrise des coûts, les frais de gestion ne progressent que légèrement au 1er trimestre. Personal Finance bénéficie d’un effet de ciseaux positif et améliore, ce trimestre, son coefficient d’exploitation.
Le résultat avant impôt atteint 216 millions d’euros, soit une hausse de 4,3 % à périmètre et change constants.
En conclusion, au 1er trimestre, Personal Finance affiche un résultat en progrès tout en continuant de développer activement ses relais de croissance.
EBM : Comment ont évolué les différents métiers d'Investment Solutions au 1er trimestre ? Quelles opportunités voyez-vous pour assurer la croissance et le développement à venir de l’Assurance ?
Jean-Laurent Bonnafé : Investment Solutions a connu un bon 1er trimestre avec des actifs sous gestion en hausse de 20 milliards d’euros, à 874 milliards d’euros. Cette progression s’explique par deux facteurs : tout d’abord, l’effet performance, alimenté par l’évolution favorable des marchés d'actions et de taux.
Ensuite, la collecte nette, qui atteint 8,7 milliards d’euros, avec une contribution positive de tous les métiers. Plus spécifiquement, Asset Management enregistre des flux nets légèrement positifs, notamment du fait de l’augmentation de ses volumes de fonds obligataires.
Wealth Management réalise une forte collecte chez Domestic Markets et à Hong Kong.
La collecte de l’Assurance provient surtout de l’Italie et de la France pour l’Europe, et de Taiwan pour l’Asie.
À périmètre et à change constants, le produit net bancaire du 1er trimestre progresse de 2,7 %, grâce à une forte croissance de Securities Services, qui enregistre une nette augmentation des volumes de transaction et des actifs en conservation. L’Assurance et Wealth Management progressent également, alors qu’Asset Management est impacté par la baisse de ses encours moyens.
Les frais de gestion augmentent du fait de la hausse d’activité de l'Assurance et de Securities Services, ainsi que de la mise en œuvre des plans de développement. Cette progression reste cependant inférieure à celle du produit net bancaire, permettant l'amélioration du coefficient d’exploitation.
Le résultat avant impôt atteint 545 millions pour le trimestre, en progression de 3 % par rapport à l’année précédente.
S'agissant des opportunités de croissance dans notre activité d’Assurance, nous développons depuis plusieurs années notre activité par le biais de partenariats et de co-entreprises. En un peu plus d’une décennie, nous avons triplé les revenus de l’Assurance, de 700 millions d’euros en 2003 à plus de 2,1 milliards d’euros en 2013. Présent dans 37 pays, BNP Paribas Cardif génère déjà près de 60 % de ses primes brutes hors de France.
Nous visons de plus en plus les marchés en forte croissance, en particulier l’Amérique latine et la zone Asie Pacifique.
Nous entendons également assurer notre croissance en développant davantage nos partenariats, comme le montrent les accords récemment signés en Asie avec Bank of Beijing et la Saïgon Commercial Bank.
De plus, nous diversifions encore notre offre de produits, notamment en augmentant la part relative des produits de protection.
Comme vous pouvez le constater, nous ne manquons pas de pistes pour assurer la croissance de notre activité d’Assurance.
EBM : Chez CIB, les revenus de Fixed Income reculent, comme chez la plupart de vos concurrents. Comment expliquez-vous cette évolution dans votre cas ? Où en est la mise en place du nouveau modèle économique chez Corporate Banking ?
Jean-Laurent Bonnafé : En ce début d’année, la conjoncture n’a pas été particulièrement favorable pour Fixed Income. Nous avons enregistré une demande faible sur les Taux d’intérêt et le Change, même si la performance de l’activité Crédit a été bonne. L'activité des marchés émergents est restée relativement limitée au cours du trimestre.
En revanche, l'activité primaire est restée soutenue. Nos parts de marché progressent, particulièrement auprès des institutions financières. Nous confirmons notre position de n° 1 sur les émissions en Euro et nous gagnons une place, au 7ème rang pour les émissions internationales.
Dans Capital Markets, comme je le disais, le trimestre a été très actif chez Actions & Conseil, avec une progression dans tous les segments tirée par l’Asie et l’Europe, et une forte demande de la clientèle pour des produits structurés.
Nous avons également signé un accord avec RBS pour le transfert d’un portefeuille de dérivés sur actions. Ceci démontre la capacité de BNP Paribas à gagner des parts de marché dans un secteur qui a vu plusieurs acteurs se retirer. Cette transaction n’a pas encore eu d'impact sur nos résultats.
Chez Corporate Banking, nous commençons à recueillir les premiers fruits des plans de développement mis en œuvre en Asie et sur le continent américain. Malgré cela, les revenus sont en léger retrait à périmètre et change constants. En effet, l’activité a été moindre dans la zone EMEA, avec notamment l'absence de transactions importantes et un ralentissement dans le secteur Energie et Matières Premières.
Les effets favorables du nouveau modèle sont visibles avec des commissions qui progressent de plus de 5 % et des dépôts qui affichent une augmentation de 17 % par rapport à l'exercice précédent, à 73 milliards d’euros.
Le résultat avant impôt du trimestre est cependant impacté, pour 50 millions d’euros, par la provision de portefeuille liée au contexte difficile en Europe de l'Est.
Au 1er trimestre, nous confirmons notre rang de n°1 pour les crédits syndiqués en Europe. De plus, nous consolidons notre excellente position européenne dans le corporate banking, le cash management et le trade finance.
EBM : Jean-Laurent Bonnafé, CEO de BNP Paribas, merci beaucoup !
Jean-Laurent Bonnafé : Merci à vous.