EuroBusiness Media (EBM) : VINCI, leader mondial des concessions et de la construction, a récemment publié ses résultats pour l'année 2013. Xavier Huillard, bonjour. Vous êtes Président-directeur général de VINCI. Comment analysez-vous les résultats de VINCI en 2013 ?
Xavier Huillard : 2013 a été une nouvelle année de performances qu’on peut qualifier de robustes pour VINCI. Nous le devons d’abord au fait que dans chacune de nos divisions, nous avons tenu bon sur nos fondamentaux, dans un environnement économique souvent difficile, sans rien lâcher sur nos principes de bonne gestion qui sont maintenant bien ancrés chez tous nos managers. Notre modèle est solide, nous l’avons démontré une nouvelle fois, et cela se voit dans nos résultats. Nous avons fait même mieux que nos prévisions, avec un chiffre d’affaires en progression de 4,4 %, un EBITDA en hausse de 3,3 %, et puis – c’est sans doute la meilleure nouvelle – un résultat net qui a augmenté de 2,3 % alors que nous l’anticipions en légère baisse.
EBM : Qu’en est-il de votre activité de Concessions ?
Xavier Huillard : Dans les concessions, le fait marquant de 2013 a été l’acquisition d’ANA, la société concessionnaire des dix aéroports du Portugal, qui nous a permis de multiplier par quatre l’activité de VINCI Airports. Nous avons également fait monter aussi notre participation au capital d’ADP, que nous avons portée à 8%, et qui nous permet d’être présents à son conseil d’administration. Nous avions dit que les concessions aéroportuaires étaient pour nous une priorité stratégique : nous le mettons en pratique, en nous développant fortement sur ce marché qui est tiré par la croissance du trafic aérien partout dans le monde.
EBM : Et dans le Contracting ?
Xavier Huillard : Dans nos métiers du Contracting, on peut retenir aussi de 2013 la poursuite de notre développement international en particulier hors d’Europe. Nous avons remporté de nouveaux contrats en Russie, aux Etats-Unis, en Afrique, au Proche-Orient, en Asie, en faisant jouer les synergies entre nos filiales et métiers. Là encore, nous mettons en pratique un axe prioritaire de notre stratégie, en allant chercher des relais de croissance sur les marchés porteurs au grand international.
EBM : Sur vos marchés domestiques, quelle a été la tendance de 2013 ?
Xavier Huillard : Nos entreprises ont globalement bien résisté en Europe, en particulier en adaptant leurs structures, lorsque c’était nécessaire, de façon à préserver leurs marges dans un environnement économique qui était en général peu porteur.
Je parlais à l’instant de performances robustes, et cette tendance a concerné en particulier la France, où nous réalisons environ 60% de notre chiffre d’affaires. Sur nos autoroutes, la tendance à l’amélioration du trafic, qu’on observait déjà fin 2012, s’est confirmée en 2013, pour les véhicules légers comme pour les poids lourds, et l’accélération des synergies entre les réseaux de VINCI Autoroutes nous a permis d’améliorer encore nos performances opérationnelles. Dans le Contracting, il faut souligner la montée en puissance du plus important chantier de notre histoire, la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique, entre Tours et Bordeaux, qui mobilise tous nos pôles de métiers, et qui avance à une vitesse impressionnante, dans le respect des délais. Nous avons également réalisé en France de superbes projets comme le nouveau Stade de Nice, la Fondation Louis-Vuitton à Paris, le MuceM à Marseille. Et derrière ces grands ouvrages emblématiques, il y a tous les chantiers de taille plus réduite qui sont nos fonds de commerce dans la construction, dans les travaux routiers et ferroviaires, dans les métiers de l’énergie, et qui sont le socle récurrent de notre activité.
EBM : VINCI a mené une gestion dynamique de son portefeuille d’actifs en 2013. Comment définissez-vous votre politique dans ce domaine ?
Xavier Huillard : Je crois qu’on peut dire qu’elle est à la fois pragmatique et proactive, comme l’est notre stratégie dans son ensemble. Nous voulons créer de la valeur dans chacun des secteurs ou des projets dans lesquels nous avons décidé de nous engager et de nous développer. C’est ce que nous faisons quand nous déployons plus largement notre modèle sur le marché porteur des infrastructures aéroportuaires. Nous sommes dans la même démarche proactive dans le secteur autoroutier : en France, nous avons proposé à l’Etat de lancer le Plan de relance autoroutier. VINCI est prêts à investir deux milliards d’euros dans l’élargissement et la modernisation de nos réseaux, en contrepartie de l’allongement de nos contrats de concession. Ce plan pourrait être signé dans les prochains mois. Il serait gagnant pour tout le monde : pour les clients de nos réseaux, pour l’économie et l’emploi dans les territoires, pour les entreprises de travaux – dont les nôtres, et bien sûr pour nos sociétés concessionnaires, qui gagneraient en pérennité.
Cette stratégie de développement peut nous conduire à ouvrir le capital de certains de nos actifs. Nous avons annoncé il y a quelques mois notre intention d’ouvrir le capital de VINCI Park. VINCI Park a besoin d’investir pour financer de nouvelles concessions, pour accélérer sa croissance internationale et également pour maintenir son avance en matière de services. L’opération qui est en cours devrait donner à VINCI Park les moyens de continuer à déployer son modèle et de le faire sans peser sur le bilan du Groupe.
Enfin, il faut citer aussi, dans le Contracting, une opération qui va créer de la valeur pour toutes les parties concernées : c’est la cession de la moitié de notre participation dans CFE, la division de VINCI Construction en Belgique. Nous ne possédions que 47% du capital de CFE, ce qui ne nous permettait pas de peser pleinement sur ses choix stratégiques. L’opération que nous avons conclue avec notre partenaire AvH lui permet de devenir l’actionnaire majoritaire de CFE, et CFE devient lui-même l’actionnaire unique de DEME, qui est un fleuron mondial des travaux maritimes. C’est un vrai projet industriel pour CFE. Quant à nous, nous gardons une participation légèrement supérieure à 12% dans un groupe ainsi renforcé, qui dispose de bonnes perspectives de croissance, et au passage, VINCI réduit son endettement et augmente son bénéfice net en 2013.
EBM : Enfin comment se présente l’année 2014 pour VINCI ?
Xavier Huillard : Compte tenu de la bonne trajectoire de nos concessions et du bon niveau de notre carnet de commandes dans le Contracting, nous sommes confiants. Nous visons une stabilisation de notre chiffre d’affaires en 2014 à structure comparable. Mais à périmètre réel le chiffre d’affaires sera évidemment impacté par la déconsolidation de CFE intervenue en 2013. Sur le plan des marges, VINCI table sur une légère amélioration dans le Contracting. L’Ebitda de VINCI Autoroutes devrait se maintenir à un bon niveau. Enfin, la cession d’une participation majoritaire au capital de VINCI Park sur laquelle nous travaillons actuellement impacterait positivement le résultat.
Je voudrais terminer en insistant sur ce que j'ai dit au début : VINCI continuera à délivrer des performances solides aussi longtemps que nos managers, à tous les niveaux, appliqueront nos principes de rigueur, de sélectivité dans les prises d’affaires et de priorité donnée aux marges sur les volumes. Ces principes font totalement partie de notre ADN, ils sont le socle de nos performances sur nos marchés domestiques en Europe. Et si on y ajoute la force que nous donne notre modèle stratégique, si on y ajoute notre dynamique de développement à l’international, et les besoins à long terme de tous les pays qui vont devoir construire ou moderniser leurs infrastructures, leurs équipements urbains, leurs réseaux d’énergie, eh bien grâce à tout cela VINCI n’a pas fini de se développer !
EBM : Xavier Huillard, Président-directeur général de VINCI, merci beaucoup.
Xavier Huillard : Merci.