EuroBusinessMedia (EBM) : Société Générale, un des tous premiers groupes européens de services financiers, publie ses résultats pour le premier trimestre 2015. Frédéric Oudéa, bonjour. Vous êtes le Président-Directeur général de Société Générale. Quels sont vos commentaires sur les résultats du premier trimestre ? Ressentez-vous dans votre activité les premiers effets de la reprise en Europe ?
Frédéric Oudéa : Nous avons un très bon début d’année. Tous nos métiers progressent. Les revenus croissent dans tous nos métiers, ce qui traduit la dynamique commerciale intrinsèque de notre modèle, et ça c’est très satisfaisant. Nous poursuivons aussi, bien sûr, la maîtrise des coûts. Et puis le coût du risque baisse - comme attendu - mais il baisse et il contribue à la profitabilité. Et puis on continue à maintenir un bilan très solide avec un ratio de capital qui progresse. Alors, derrière ça, il y a le dynamisme des métiers, il y a aussi, c’est vrai, un environnement qui semble un peu s’améliorer, en Europe, en France également, et par exemple dans la production de crédit dans la banque de détail en France, on voit des signes d’amélioration qui devraient se prolonger dans les prochains trimestres.
EBM : La banque de détail en France affiche une activité commerciale soutenue et renoue avec la hausse des revenus. Quels sont les moteurs de cette performance ?
Frédéric Oudéa : C’est une des grandes satisfactions, la banque de détail en France, en dépit donc d’une reprise progressive. D’abord il y a une très forte conquête commerciale. On l’avait déjà vue en 2014, elle se prolonge : 100 000 clients supplémentaires. Ensuite, c’est le fruit de tous les projets en cours : la nouvelle banque privée, les commissions repartent à la hausse parce qu’on conquiert des clients. Les dépôts continuent aussi à bien progresser, donc permettent d’absorber cet effet négatif de la baisse des taux. Bref, tous les voyants sont au vert et on a des équipes particulièrement dynamiques, à la fois dans nos réseaux traditionnels et dans Boursorama, en poursuivant notamment cette transformation du digital. Donc c’est un très bon premier trimestre pour la banque de détail en France.
EBM : En banque de détail à l’international la situation s’est dégradée en Russie mais vous accélérez votre plan de développement en Afrique. Comment vos résultats évoluent-ils dans l’ensemble ?
Frédéric Oudéa : Là aussi, cette division produit des bons résultats. C’est vrai qu’en Russie, comme attendu, dans une période de crise économique, notamment en début d’année où tout le monde s’est un peu arrêté d’emprunter, on a un résultat négatif mais qui est totalement gérable au niveau du Groupe. Et de manière très importante la situation est totalement sous contrôle sous l’angle du niveau de capital qui reste bon, de la liquidité. Donc ça, on sait parfaitement gérer, et on voit d’ailleurs des premiers signes de normalisation. Progressivement le rouble est remonté, les taux d’intérêt ont baissé. Bref, après le choc initial, une normalisation qui semble être en cours. Pour le reste, tous les autres métiers se développent très bien. Vous mentionnez l’Afrique, vous savez, c’est un enjeu stratégique pour nous et on a des fortes croissances de PNB à deux chiffres, là aussi avec des innovations. Mais on peut mentionner des activités en Europe : la République Tchèque marche très bien, la Roumanie est repassée dans le vert comme attendu, et puis nos services financiers d’assurance, de métiers de financement aux entreprise là aussi continuent à très bien croître. Bref c’est un tableau très, très positif que nous avons en ce début d’année.
EBM : Dans quelle mesure la Société Générale a-t-elle profité de l’environnement très porteur sur les marchés financiers qui a caractérisé le premier trimestre ?
Frédéric Oudéa : Là aussi, on a évidemment comme vous l’avez vu sur nos métiers dits GBIS, banque de financement, d’investissement, gestion de fortune, gestion d’actifs, une très, très belle performance. Dans un environnement porteur, pourquoi ? Parce qu’il y avait beaucoup d’intérêt pour les actions européennes, plus de volatilité, des opérations, du flux, donc évidemment on a bénéficié de cet environnement. Mais bien au-delà, et bien au-delà de la saisonnalité traditionnelle du T1, on voit le bénéfice d’un modèle efficace, rentable, tourné vers ses clients et par exemple le projet d’intégration Newedge fonctionne très bien et délivre, continue à délivrer ses premiers résultats.
EBM : Et enfin, comment envisagez-vous la suite de l’année 2015 ?
Frédéric Oudéa : Indépendamment d’un environnement qui reste incertain avec, certes, structurellement semble-t-il, une meilleure perspective économique en Europe, mais également des facteurs de risque, comme la Grèce par exemple, indépendamment de cet environnement, moi je suis confiant sur l’année 2015 parce que ce début d’année confirme la force des métiers, la capacité de synergie. Nous tirons 28% de nos revenus totaux du fait que nous travaillons entre différents métiers, entre différentes géographies. C’est un niveau d’intégration très fort et nous avons misé là-dessus et c’est une manière de générer de la croissance de manière efficace. Je suis donc très positif sur les perspectives des métiers. On continue à travailler aussi de manière très disciplinée sur les coûts, sur le risque : les perspectives sont bonnes là aussi de ce point de vue compte tenu de la qualité de crédit. Et donc je crois que vraiment on peut regarder les prochains trimestres avec confiance.
EBM : Frédéric Oudéa, Président-Directeur général de Société Générale, merci beaucoup.
Frédéric Oudéa : Merci.