EuroBusiness Media (EBM) : Solvay, l'un des leaders mondiaux en chimie de spécialité, publie ses résultats annuels pour 2014. Jean-Pierre Clamadieu bonjour, vous êtes le Président du Comité Exécutif de Solvay. Vous publiez de solides résultats pour l'année 2014. Quels sont les points à souligner pour vous cette année ?
Jean-Pierre Clamadieu : Les deux principaux points sont, tout d'abord, que la transformation du Groupe se poursuit avec une très forte dynamique, portée par notre portefeuille d’activités dans lequel nous avons effectué d'importants mouvements en 2014, mais également grâce à notre culture résolument axée sur les résultats et l'innovation. Ceci démontre que la transformation entamée en 2012 est clairement en marche. Et le deuxième élément ce sont, bien évidemment, les solides résultats que vous venez de mentionner. Nous avons été en mesure, dans un environnement difficile de réaliser une performance qui démontre que la transformation du Groupe est bien en marche.
EBM : Pourriez-vous nous parler plus en détails de ces résultats ?
Jean-Pierre Clamadieu : Nous avons été en mesure, trimestre après trimestre, tout au long de 2014, de publier une croissance à deux chiffres, tout à fait en ligne avec notre ambition à moyen terme. Comment cela a-t-il été possible ? Grâce au fort impact des programmes d'excellence lancés à travers le Groupe qui ont contribué au REBITDA à hauteur de plus de 300 millions d'euros. Grâce également au fort impact de l'innovation : cette année a été une année très riche en innovations, en particulier dans nos moteurs de croissance. Et lorsque nous examinons les diverses activités, ou les différents segments et leur contribution, il est clair que les activités que nous avons identifiées comme moteurs de croissance créent effectivement de la valeur.
EBM : Quels sont les faits saillants financiers ?
Jean-Pierre Clamadieu : Premièrement, le chiffre d'affaires est en hausse de 5%, à un peu plus de 10 milliards d'euros. Deuxièmement, nous avons enregistré un REBITDA de 1,8 milliard d'euros, soit une augmentation de 11% par rapport à l'exercice précédent. Et un Free Cash Flow très important, plus de 650 millions d'euros, principalement au second semestre. Nous avons également des éléments exceptionnels que nous ne devons pas oublier : autour de 600 millions d'euros de dépréciations. Deux éléments en sont la cause : tout d'abord, la constitution en cours de notre joint-venture européenne dans les PVC, INOVYN™, ainsi que l'impact de la situation en Russie. En effet, nous avons mis en service une nouvelle usine de PVC en Russie, dans le cadre d'une joint-venture avec Sibur, notre partenaire russe, et nous avons souffert de l'impact de la dévaluation du rouble. Mais ces 600 millions d'euros sont en grande partie non-cash.
EBM : Qu'en est-il d'INOVYN™?
Jean-Pierre Clamadieu : Le projet progresse et nous allons probablement le finaliser bientôt. Nous attendons l'approbation de la Commission européenne pour la cession des remèdes, et, dès que nous l'aurons obtenue, nous serons en mesure de finaliser la transaction dans les semaines suivantes. J'aimerais juste ajouter qu'INEOS et Solvay s’impliquent fortement pour que cette opération aboutisse.
EBM : Il y a eu de nombreux mouvements au sein de votre portefeuille récemment. Quelle est votre stratégie en ce qui concerne la gestion de portefeuille ?
Jean-Pierre Clamadieu : Notre principal objectif est de créer de la valeur. Nous avons continué à céder les activités qui, à notre avis, ne s’inscrivent pas dans notre stratégie à long terme : je viens de mentionner les chlorovinyles en Europe. Nous avons également décidé de céder notre activité Eco Services en Amérique du Nord car nous souhaitons nous concentrer sur des activités avec un retour sur investissement plus élevé et moins cycliques.
En ce qui concerne les acquisitions, nous avons amélioré notre position dans le secteur automobile : nous venons de finaliser l'acquisition de l'activité Ryton® PPS (c'est un polymère qui est utilisé dans l'industrie automobile qui complète très bien notre offre actuelle) et nous avons également acheté une petite entreprise en Allemagne, Flux, ce qui nous permet d'améliorer notre position dans ce secteur. Ces acquisitions ciblées sont totalement en ligne avec notre vision stratégique.
EBM : Et en ce qui concerne Chemlogics ? Quel est l'impact du faible prix du pétrole sur les perspectives de l'activité ?
Jean-Pierre Clamadieu : Je dois tout d'abord souligner que l'intégration de Chemlogics en 2014 a été un succès. Les résultats de Chemlogics ont très largement dépassé nos attentes. Il est clair aujourd'hui que nous sommes face à un nouveau scénario sur les marchés du pétrole et du gaz. Il est important de comprendre que le marché du pétrole non conventionnel représente moins de 5% du chiffre d'affaires de Solvay. Cette activité traverse d'importants changements. Nous pensons qu'il y aura des opportunités à saisir. Les sociétés impliquées dans l'exploration du pétrole non conventionnel cherchent à améliorer leur compétitivité et ont besoin de nouvelles solutions. Chemlogics est très bien placé pour les leur apporter. Ces solutions permettront d'améliorer la compétitivité de l’industrie du pétrole et du gaz aux États-Unis.
EBM : Pouvez-vous nous faire un point sur Indupa et les rumeurs concernant Acetow ?
Jean-Pierre Clamadieu : En ce qui concerne Indupa, la situation est simple : nous sommes déçus de voir que Braskem n'est pas parvenu à obtenir l’accord des autorités de concurrence nécessaire à la clôture de la transaction que nous avions négociée, mais nous relancerons le processus dès que possible. Nous n'avons pas changé d'avis et nous pensons toujours qu’Indupa pourrait trouver un meilleur partenaire que Solvay.
En ce qui concerne Acetow, nous ne souhaitons pas commenter les rumeurs. Acetow est une activité très rentable et nous examinerons la meilleure façon, pour elle, de contribuer à notre création de valeur.
D’une manière générale, nous allons poursuivre l’amélioration de notre portefeuille en 2015.
EBM : Comment voyez-vous la transformation de Solvay et son développement en 2015 ?
Jean-Pierre Clamadieu : Nous devons clairement accélérer notre transformation en 2015, en poursuivant l’amélioration de notre portefeuille et en maintenant la dynamique que nous avons su créer. Il est très important que nous continuions à lancer toujours plus d'innovations. Il est aussi très important de poursuivre le déploiement des programmes d'excellence afin de compenser l'inflation et de maintenir notre pricing power.
EBM : Et, en conclusion, quelles sont vos attentes pour 2015 ?
Jean-Pierre Clamadieu : 2015 est une année pleine d'incertitudes, mais je vois un certain nombre d'éléments positifs qui permettront à Solvay de continuer sur sa dynamique actuelle. L'un d'eux est la dynamique que nous avons créée dans le cadre de la transformation du Groupe. Deuxièmement, les taux de change, c’est un élément positif pour Solvay, avec seulement un tiers de notre chiffre d'affaires dans la zone euro, et nous allons gagner en compétitivité dans un certain nombre d'activités en raison de la parité euro/dollar actuelle. Troisièmement, le prix du pétrole aujourd'hui est également un élément positif pour le Groupe.
Et en signe de notre confiance en l'avenir, nous avons décidé d'augmenter notre dividende d'un peu plus de 6% à 3,4 euros par action. Pour conclure sur une note différente, nous sommes très fiers de voir que Solar Impulse, notre laboratoire volant, débutera son tour du monde dans quelques jours depuis Abu Dhabi - un autre exemple de la réelle capacité de Solvay à apporter des solutions innovantes à certains des défis auxquels le monde est confronté.
EBM : Jean-Pierre Clamadieu, Président du Comité Exécutif de Solvay, merci beaucoup.
Jean-Pierre Clamadieu : Merci.