EuroBusiness Media (EBM) : Kingfisher publie des résultats au premier semestre qui affichent une progression dans un environnement difficile pour tous les distributeurs. Ian Cheshire, bonjour. Vous êtes le Directeur Général de Kingfisher. Qu'est-ce qui explique la progression de vos chiffres au premier semestre ?
Ian Cheshire : D’abord je crois qu’il y a deux éléments forts qui ont contribué à la progression des résultats; d'abord on a eu de bons résultats partout dans le groupe et je dois féliciter les équipes partout car on a vu une progression très forte en France, clairement, mais aussi en Angleterre et à l'international. Et cette puissance à l'international est un aspect très important pour Kingfisher. Deuxièmement, c'est vraiment un effort [qui vient] de nous même, ça ne vient pas de nos marchés qui sont toujours un peu difficiles; on a fait de bons efforts sur nos marges, nos produits et [la réduction de nos] coûts et grâce à tous ces efforts nous affichons un très bon score.
EBM : Si on se penche tout d'abord sur la France, l'activité se porte bien avec une progression de 24 % des bénéfices. Quels sont vos commentaires sur le marché français ?
Ian Cheshire : On a vu le marché français progresser pendant le premier semestre mais aussi on a vu nos chiffres progresser encore plus, et on peut dire clairement qu’on a pris des parts de marché, cette tendance est maintenant très claire. Mais ll y a peut être deux histoires un peu différentes : Castorama a obtenu des résultats grâce à la progression des produits innovants et au renouvellement des magasins, et c’est une tendance qui peut je crois continuer pendant peut-être quelques années. La grande différence chez Brico est qu’on a vu un rebond beaucoup plus important au cours premier semestre, grâce peut-être un peu au marché de la construction - qui était un peu plus positif que l'année dernière - mais surtout aux efforts sur les gammes, les produits et dans les magasins, et là je suis très content de voir la progression de Brico, et c’est surtout le résultat des efforts des équipes.
EBM : La performance au Royaume-Uni n'est pas aussi bonne. Est-ce dû à l'environnement macro-économique, ou à d'autres facteurs ?
Ian Cheshire : La situation macro-économique en Angleterre est toujours plus difficile qu’en France; il y a aussi quelques éléments climatiques et d'autres éléments de concurrence qui ont contribué à une situation plus difficile pour B&Q et Screwfix, mais malgré ça ils ont affiché encore une progression du bénéfice net, ce qui est beaucoup plus positif que nos concurrents en Angleterre qui ont enregistré des baisses de résultats. A noter que Screwfix,qui est une enseigne plus petite que B&Q, a affiché une belle progression du résultats de plus de 20%. Screwfix est maintenant sur un plan d’expansion plus important et nous somme très confiants dans cette opportunité.
EBM : Si l'on se tourne à présent vers votre activité en dehors du Royaume-Uni et de la France, la performance en Europe de l'Est semble bonne, mais la marque B&Q en Chine est encore en pertes. Comment se passe le plan de repositionnement en Chine ?
Ian Cheshire : Le plan en Chine c'est deux choses : éliminer les pertes, et après ça voir les opportunité à moyen terme en Chine. Je suis très confiant dans le processus d'élimination des pertes. On a divisé par deux les pertes par rapport à l’année dernière et nous sommes bien placés pour les 6 mois à venir. A mon avis les questions plus importantes sont : quel est notre potentiel dans le 2eme marché mondial ? Et comment peut-on créer un business qui est bien placé pour exploiter le marché qui clairement existe aujourd'hui. Et là nous avons quelque chose à faire, et on va prendre encore peut être 6 mois pour voir comment on peut trouver un format, un beau [business] model pour le marché Chinois.
EBM : Vous arrivez aujourd'hui à la fin de votre plan nommé 'Delivering Value' qui a été annoncé en 2008, et qui sera complété en janvier de l'année prochaine. Quelle est votre point de situation aujourd'hui sur la progression de ce plan?
Ian Cheshire : La progression de 'Delivering Value' a toujours été en bonne forme, nous avons eu quelques défis au cours du premier semestre surtout dans les besoins de fonds de roulement qui étaient un peu plus difficiles, mais on est bien placé pour arriver à nos objectifs pour l’année 2011. Mais à part ce petit défi, nous sommes assez contents avec tous les éléments de 'Delivering Value' et c'est important de souligner qu’il reste encore 6 mois pour compléter ce projet, nous ne sommes pas encore à la fin ! Nous sommes très confiants dans notre progression pour les 6 prochains mois
EBM : En mars vous avez annoncé la prochaine phase de votre stratégie, un nouveau plan intitulé 'Creating the Leader'. Quels sont les progrès aujourd'hui ?
Ian Cheshire : Nous sommes aujourd’hui dans une phase de mobilisation pour 'Creating the Leader'. C'est à dire qu'on a des choses à faire en termes de produits pour créer une gamme commune; mais c'est n'est pas seulement créer une gamme commune, c'est le meilleur produit possible au monde. Et là c'est une affaire qui va prendre quelques années de préparation. Aujourd’hui nous sommes en préparation sur la planification des gammes. Les dates de changements de gammes par exemple c’est une opération qui peut prendre jusqu'à 18 mois ou plus. Aussi nous sommes en train de considérer des éléments plus stratégiques : comment peut-on créer par exemple avec les investissements dans l’innovation des produits absolument nouveaux qui peuvent changer la situation de notre entreprise ? Ce sont des éléments qui peuvent prendre un peu de temps mais qui porteront leurs fruits dans les années à venir.
EBM : Vous projetez d'avoir une gamme de produits en commun sur l'ensemble du groupe. En théorie cette opportunité existe depuis un moment. Pourquoi pensez-vous que vous arriverez à la délivrer aujourd'hui ?
Ian Cheshire : Nous parlons aujourd’hui d’une gamme commune mais pas seulement, une gamme [constituée] des meilleurs produits au monde. Cette possibilité existe en réalité aujourd’hui grâce à 3 facteurs. D'abord nous avons créé en France une gamme nationale - il y a 5 ans ça n’existait pas - et on ne peut pas créer une gamme mondiale sans une gamme nationale. Deuxièmement on a créé les marques propres communes. Il y a encore 5 ans nous avions peut-être 120 marques propres dans toutes les enseignes du Groupe. Aujourd’hui il y a 10 marques et on peut focaliser nos efforts sur ces 10 marques propres. Troisièmement nous avons crée un réseau de sourcing mondial, ce qui nous permet d'avoir des conditions très avantageuses car on peut avoir des volumes par référence qui sont très importants.
EBM : Enfin, quels sont vos perspectives, au Royaume-Uni en particulier ? Êtes-vous de ceux qui croient au scénario macro-économique en W ?
Ian Cheshire : Je crois que la situation partout en Europe est très incertaine; c'est difficile de voir, avec les effets de la crise bancaire, de la crise des dettes souveraines, d'estimer avec certitude la progression des ventes. Et dans une situation comme cela on doit être absolument bien préparé chez soi, c’est a dire qu'on ne peut pas compter sur le marché, on ne peut compter que sur nos propres efforts pour progresser. Je suis très incertain [sur l'avenir] on peut dire, mais très confiant dans nos efforts et très confiants dans nos équipes.
EBM : Ian Cheshire, Directeur Général de Kingfisher, je vous remercie.
Ian Cheshire : Merci.