EuroBusiness Media (EBM): Le groupe Kingfisher, leader européen du bricolage et numéro 3 mondial, vient de compléter la deuxième année d’un programme sur trois ans pour accroître sa valeur actionnariale. Dans le même temps, le groupe présente la prochaine phase de son plan de développement. Ian Cheshire, bonjour. Vous êtes le PDG de Kingfisher. Le groupe annonce un résultat avant impôts en progression de 22 % à £670 millions pour l’exercice 2010 avec une croissance enregistrée dans toutes les divisions de la société. En tant que PDG de Kingfisher, quels sont selon vous, les facteurs-clés de la croissance de vos résultats 2010 ?
Ian Cheshire (IC): C’est à mon avis une croissance basée sur trois éléments importants. D’abord, nous avons une position très forte en Angleterre qui était un marché un peu difficile, mais nous avons réussi, malgré cela, avec les initiatives surtout chez B&Q mais aussi chez Screwfix. Deuxièmement, nous avons une base plus importante en France [qu’en Angleterre], avec les deux enseignes Castorama et Brico Depôt , où nous avons bénéficié d’un marché pas facile mais plus positif qu’en Angleterre. Un autre élément très important est le programme d’innovation chez Castorama surtout, avec des nouveaux produits et de nouvelles offres aux clients. Brico Dépôt a réussi aussi à rebondir après un marché difficile en 2009 et a fait un beau progrès dans l’année. Enfin, nous avons une division internationale très importante qui a fait un bon score dans l’année, surtout avec une élimination des pertes en Chine, mais aussi une forte progression en Pologne.
EBM: Vous avez évoqué un contexte macroéconomique défavorable auquel vous avez été confronté, mais les conjoncturistes ne sont pas pour autant tous convaincus que le contexte va s’améliorer. Quelle est votre propre vision de l’année à venir ?
IC : Il me semble que l’année qui vient sera un peu difficile en Angleterre surtout pour B&Q, parce que nous y avons une situation macroéconomique pas du tout facile. Mais malgré cela, nous avons un programme de « self help » qui sera très important pour renverser cette tendance du marché. A contrario, en France, nous attendons un marché un peu plus positif qu’en Angleterre, c'est-à-dire une croissance entre 1 % et 2 %, pas énorme, mais suffisante pour lancer une prochaine étape de développement chez Castorama et Brico Dépôt. Dans les autres pays, les pays l’Est par exemple en Pologne et en Russie, nous attendons une croissance beaucoup plus élevée. Nous avons des opportunités, maintenant nous avons pour programme de profiter de ces marché.
EBM: Vos activités en France ont surperformé. Comment y êtes-vous parvenu ?
IC: Il y a peut-être deux histoires différentes en France avec Castorama et Brico Dépôt : Castorama s’est focalisé très fortement sur l’innovation, sur les produits, les nouvelles offres vers les clients et on a vu une progression des ventes assez importante. Pour Brico Dépôt, il a été plutôt question de se focaliser sur les bases du métier. Nous avons fait un bon boulot l’année dernière sur les coûts, sur les efforts dans nos magasins, et l’enseigne a beaucoup profité de tous ces efforts.
EBM: Avez-vous l’intention d’ouvrir de nouvelles implantations en France ?
IC: Nous croyons qu’il reste beaucoup de place pour Castorama et Brico Dépôt en France. Pour Brico Dépôt cela peut être 50 nouveaux magasins, et pour Castorama c’est un petit peu plus difficile parce qu’on parle de magasins beaucoup plus importants, plus grands. Mais nous avons estimé une opportunité peut-être d’encore 20 nouveaux magasins dans les années qui viennent, et nous sommes très intéressés par l’expansion en France.
EBM: Vous avez fait plus de la moitié du chemin pour compléter votre programme de développement sur trois ans pour créer de la valeur. Etes-vous en avance sur le programme par rapport aux ambitions que vous vous étiez fixées en 2008 ?
IC: Nous sommes peut-être en avance d’un an sur quelques mesures, mais pour moi la chose la plus satisfaisante est qu’on a fait des progrès partout sur les sept points de « Delivering Value ». Et pour moi c’est plus important que les progrès de cette année ou de l’année prochaine.
EBM: Vous allez démarrer la prochaine phase de votre plan de développement. Pouvez-vous nous en dire un peu plus, et comment ce plan s’inscrit-il dans la continuité du programme précédent ?
IC: Le prochain programme s’appelle « Creating the Leader » et est basé surtout sur le succès de « Delivering Value ». C’est-à-dire que nous avons créé maintenant une base très puissante et nous pouvons avancer surtout avec la croissance, avec notre offre vers le client. Nous croyons qu’il existe un espace pour faire de Kingfisher un véritable expert mondial du bricolage. Nous allons approfondir nos métiers du bricolage, être capables de proposer à nos clients les meilleures gammes de produits dans le monde, les meilleurs services, les meilleurs magasins. Et nous croyons qu’il existe beaucoup de potentiel de croissance que nous pourrions voir en France, en Angleterre, mais aussi dans les pays émergents.
Et il sera très important aussi de créer une société très intégrée, plus intégrée qu’aujourd’hui, pour profiter de notre échelle. On parle d’une société de £10 milliards, mais aujourd’hui, nous sommes organisés dans quelques petites boîtes et nous ne pouvons pas facilement profiter de notre échelle. Si nous pouvons trouver ces avantages, nous pourrons vraiment créer un leader pour les cinq ou dix ans qui viennent.
EBM: Enfin, pour conclure, pensez-vous que le nouveau programme de développement à venir délivrera les mêmes bénéfices que le programme actuellement en cours ?
IC: Nous sommes très focalisés sur les objectifs financiers clairement, mais nous croyons aussi qu’on peut imaginer une croissance de la valeur pour nos actionnaires aussi importante que dans les dernières deux ou trois années. Mais je voudrais souligner l’importance de notre nouvelle stratégie : c’est une stratégie à cinq ou dix ans et c’est une stratégie de croissance, mais de croissance qui délivre de la valeur.
EBM: Ian Cheshire, PDG de Kingfisher, je vous remercie.
IC: Merci.