EuroBusiness Media (EBM) : Le marché des matières premières est en pleine ébullition. Comment l’investisseur peut-il tirer parti de ces mouvements de marché avec les ETF ? Réponse avec vous, David Benmussa. Vous êtes Directeur chez iShares à Paris, bonjour. Et vous Stéphane Puel, vous êtes Avocat associé au cabinet Gide Loyrette Nouel. Alors Messieurs, pourriez-vous nous rappeler quelles sont les principaux supports d’investissement à la portée des investisseurs souhaitant investir aujourd’hui sur les matières premières ?
David Benmussa : Tout à fait. D’abord je voudrais vous rappeler que l’univers des ETF et ETP représente aujourd’hui 1626 milliards de dollars, pour environ 4 000 fonds. Ce sont des chiffres à fin juin 2011. Dans ce marché là, les ETC qui sont les Exchange Traded Commodities se sont développées à partir de 2000, ce sont des titres de créances. Ils représentent aujourd'hui un encours d’environ 207 milliards de dollars pour environ 780 fonds. Vous pouvez avoir accès aux matières premières soit de façon diversifiée à travers un indice, soit à travers des matières premières en choisissant votre sous-jacent.
Stéphane Puel : Comme vient de l’expliquer David, en réalité ce marché énorme est juridiquement divisé en deux grandes catégories. Il y a d’une part les catégories ETF, Exchange Traded Funds, qui sont des OPCVM, qui bénéficient donc de toute la protection accordée par la réglementation européenne aux OPCVM, et qui sont des OPCVM cotés, qui sont une particularité au sein des OPCVM. Et par ailleurs les Exchange Traded Commodities qui sont en fait des titres de créances, donc des obligations, pour reprendre les classifications classiques telles qu’on peut les connaître en droit français, et qui sont elles-mêmes des obligations émises par un SPV (Special Purpose Vehicle), créées pour les besoins de la structuration et elles-mêmes cotées sur un marché européen.
EBM : Quels sont les supports d’investissement à la disposition des investisseurs ?
David Benmussa : Alors, l’investisseur a plusieurs choix. Première chose, l’investissement physique. Vous allez, vous détenez votre lingot, c’est évidemment l’exposition la plus pure, mais difficile à mettre en place. Deuxième chose, qui est réservée aux investisseurs les plus avertis, ce sont les futures, un marché très liquide, mais très difficile d’accès. La troisième chose, ce sont soit les actions, soit les fonds sur des matières premières. Je vais vous prendre un exemple pour acheter des sociétés pétrolières : pour les actions et pour les fonds, vous avez un problème souvent de différence entre le sous-jacent et la performance, et également un bêta action. A titre d’exemple, si on prend des sociétés pétrolières, il faut savoir que la corrélation entre la société pétrolière et le pétrole est uniquement de 0,63. Les deux autres catégories dont je vais vous parler sont soit les ETF sur les matières premières, donc assez diversifiés, soit les ETC, directement sur un physique, sur un métal physique.
EBM : Que faut-il savoir sur le marché des ETP sur les matières premières avant d’investir ?
David Benmussa : Il y a six points à regarder. Première chose : l’aspect opérationnel. Deuxième chose : le coût évidemment. Troisième chose : le niveau d’exposition aux sous-jacents. La liquidité. La transparence. Et enfin le risque de contrepartie. Concernant les ETC physiques sur des métaux, je vous rappelle, et Stéphane va nous en parler, que ce ne sont ni des fonds, ni des fonds indiciels côtés mais des titres de créances qui sont valorisés quotidiennement.
Stéphane Puel : C’est ça, c’est à dire que le type de protection dont bénéficie l’investisseur est très dépendant de la catégorie juridique dans laquelle on se situe. On se situe soit dans une catégorie de type fonds d’investissements : dans ce cas là l’investisseur bénéficie de l’intégralité des protections accordées aux fonds d’investissements, c’est à dire une réglementation forte des acteurs, que sont la société de gestion et le dépositaire, en tout cas en Europe, et une réglementation forte en terme de diversification des actifs. Ce serait une exposition principalement indicielle et avec un indice qui serait lui-même très diversifié. Sur les ETC, on est dans le domaine contractuel, donc les protections seront je dirais un peu moins institutionnelles mais beaucoup plus contractuelles. Il y a deux éléments qu’il faut prendre en considération : le premier est je dirai la conservation des actifs lui-même; comme l’a dit David, les actifs peuvent être physiques et il faut donc s’assurer dans ce cas là que ces actifs là sont conservés auprès d’un établissement qui a une réputation suffisante et une stabilité financière suffisante. Par ailleurs, une protection contractuelle, c’est à dire qu’en cas de faillite de l’émetteur, il faut que l’intégralité des actifs soit garantie et soit donnée en garantie aux investisseurs de manière à ce que la faillite n’aie pas d’impact sur la restitution financière qui leur sera faite in fine.
EBM : Il y a plusieurs manières de construire des ETP sur les matières premières, quelle est la construction des ETC d’iShares en particulier ?
David Benmussa : Les ETC d’iShares sont physiques. iShare est le numéro un mondial, et nos ETC sont des certificats listés sur la bourse de Londres, le LSE. Nous cherchons à appliquer la valorisation quotidienne du sous-jacent, déduit des frais, via une réplication physique. Nous allouons sur un compte séparé le nombre équivalent de lingots ou de barres - que ce soit de l’or, de l’argent, du platine ou du palladium - et ces lingots sont détenus en garantie des titres émis. D’ailleurs, vous pouvez consulter sur le site le nombre de lingots de façon quotidienne. Il s’agit d’une exposition simple, liquide et transparente. Nous avons également un ETF qui réplique l’indice Dow Jones UBS Commodity qui a 19 sous-jacents, composés environ d’un tiers énergie, un tiers métaux, un tiers agriculture.
Stéphane Puel : On retrouve effectivement les caractéristiques principales des deux supports, et je dirai les protections qui y sont associées. David évoquait un ETF qui est en fait un fonds coordonné, c’est à dire qu’il bénéficie de la protection la plus importante accordée par les directives européennes et qui implique que l’indice qui permet de donner au porteur l’exposition aux matières premières doit être un indice diversifié. C’est à dire qu’il doit représenter un nombre de valeurs suffisamment important pour que la perte sur une valeur n’affecte pas de manière trop importante la valeur de l’indice dans son intégralité. Sur les ETC, comme je l’ai dit tout à l’heure, la protection est plus contractuelle. On est dans un domaine qui n’est pas un domaine réglementé, ou en tout cas moins réglementé, et les deux protections dont parlait David sont importantes. La première est la conservation physique par un établissement de crédit des lingots ou des barres qui sont la propriété de l’ETC, donc de la société qui émet les obligations. La seconde protection est cette garantie qu’est donnée au porteur qu’en cas de liquidation ou en cas de faillite de cette société, les actifs qu’elle détient ne seront pas affectés au paiement d’un créancier particulier mais bien au paiement et au remboursement des investissements des souscripteurs dans ce produit.
EBM : Avez-vous un conseil à donner aux investisseurs qui nous écoutent sur la façon d’intégrer l’offre d’iShares dans leur portefeuille ?
David Benmussa : Selon votre allocation vous allez choisir soit un indice diversifié, je vous ai parlé du Dow Jones UBS Commodity, donc dans lequel il y a 19 valeurs, donc très diversifié, côté évidemment tous les jours. Il s’agit d’un ETF, donc accessible au plus grand nombre. Ou si vous choisissez l’un des quatre sous-jacents que sont l’or, l’argent, le platine ou le palladium, il s’agit d’un ETC côté évidemment de façon quotidienne mais qui est un produit, comme Stéphane nous en a parlé, plus restrictif en terme d’investissement. Nous vous offrons le choix.
EBM : David Benmussa, Directeur chez iShares à Paris, Stéphane Puel, avocat associé au cabinet Gide Loyrette Nouel, merci beaucoup.
DB et Stéphane Puel : Merci.