EuroBusiness Media (EBM) : Groupama, l'un des principaux groupes mutualistes européens, publie les résultats 2008 du groupe, obtenus dans un contexte, comme on le sait, de crise généralisée des marchés financiers. Jean Azéma, bonjour.
Jean Azéma (JA) : Bonjour.
EBM : Quels sont d'abord vos commentaires sur les résultats 2008 du groupe, obtenus dans un contexte de crise ?
JA : Tout d'abord, que les résultats de Groupama pour 2008 sont des résultats très rassurants. Pourquoi ? Parce que fort logiquement, et sans surprise, le résultat net baisse, compte tenu des marchés financiers, mais nous gardons une solidité financière extrêmement forte. Par ailleurs, nous avons une croissance du chiffre d'affaires tout à fait remarquable, +9,2%, et nous avons une progression de notre résultat opérationnel de plus de 50% en 2008. Donc de très bons résultats, qui ne sont pas le fruit du hasard, mais le fruit de la politique mise en œuvre pour développer la stratégie du groupe, de se développer à la fois en France et à l'international.
EBM : Quels sont les faits marquants en 2008 pour Groupama ?
JA : Les principaux faits marquants de l'année pour le groupe ? Je pense qu'il faut regarder à la fois ce que nous avons fait en France et ce que nous avons fait à l'international. En France, nous avons continué d'investir dans l'urbain en région parisienne, avec la mise en place d'un concept de nouvelles boutiques, pour vendre de l'assurance. Nous avons investi dans une nouvelle marque commerciale, AMAGUIZ.COM, qui est une marque spécialisée internet, qui distribue de l'assurance uniquement par ce canal, avec près de 10.000 contrats après quelques mois de lancement. Ce lancement de cette nouvelle compagnie est incontestablement un succès. Nous allons poursuive en matière d'innovation dans les prochaines années, et notamment sur AMAGUIZ en distribuant à la fois l'habitation, la santé, et sans doute des produits d'épargne demain. A l'international, le fait marquant, bien sûr, c'est d'abord un certain nombre d'acquisitions, des acquisitions en Europe centrale, Hongrie, Roumanie, avec un partenariat avec une très grande banque OTP, sur la Hongrie et sur l'ensemble de cette zone, mais aussi une acquisition nouvelle en Turquie avec Güven, qui vient s'agréger et s'intégrer dans Bașak Groupama, et ensuite, une prise de participation de 35% dans le capital de STAR, qui est la première compagnie d'assurance tunisienne. Voilà des investissements, bien évidemment dans la distribution, dans l'innovation produit, et également des acquisitions à l'international.
EBM : Produits « toxiques », produits « complexes », affaire « Madoff », toutes ces préoccupations ont mis en lumière en 2008 la nécessité de renforcer le contrôle des risques dans les institutions financières. Qu’en est-il chez Groupama de l'exposition à ces différents risques en 2008 ?
JA : Une exposition à ce problème américain qui était nulle. Quelques produits de titrisation en Europe, qui ont été, avec des notations tout à fait corrects, supérieurs à A dans 85% des cas, et sur lesquels nous n'avons pas de préoccupations à ce stade. Quant à l'affaire Madoff, nous avions une exposition en brut de 8 millions d'euros, de l'ordre de 5 millions d’euros net après impôt, donc extrêmement limitée. Pourquoi sommes-nous passés, je dirais, presque à côté de ces ennuis ? Eh bien, principalement parce que notre mode de fonctionnement, en termes d'investissements, se fait au travers de comités financiers, entité par entité, et puis au niveau du groupe, qui visent à la fois à déterminer les produits sur lesquels nous allons investir, mais aussi les intermédiaires avec lesquels nous travaillons. Et puis nous avons développé tout un système de contrôles qui ont été renforcés au cours de l'année 2008, pour éviter ce genre de mésaventure.
EBM : Vous l'avez évoqué à l'instant, mais plus précisément, comment s'est passé votre développement à l'international en 2008 ? Quelles sont vos ambitions d'internationalisation du groupe à moyen terme ?
JA : Pour le groupe, 2008 a vu une progression de son chiffre d'affaires à l'international de 39%, compte tenu des acquisitions, mais c'est aussi une très belle croissance organique dans les différentes sociétés qui étaient celles du groupe, jusqu'à présent. Donc un développement extrêmement fort, par des acquisitions qui vont devoir maintenant être intégrées, et consolidées à l'intérieur du groupe. Nous réalisons en 2008 à peu près 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires en-dehors de France, et nous allons poursuivre en 2009 la consolidation de ces entités, et leur développement dans les prochaines années.
EBM : Quelles sont vos perspectives pour l'année 2009 ? Et au-delà de cette année, êtes-vous toujours aussi bien positionné pour atteindre votre objectif, d'être l'un des 10 premiers assureurs européens en 2012 ?
JA : En 2009, nous allons mettre l'accent sur la croissance organique dans nos différentes sociétés, que ce soit en France, ou à l'international ; intégrer, comme je l'ai dit, la totalité des filiales dont nous venons de faire l'acquisition au cours de ces 2 dernières années. Et puis nous allons faire jouer les synergies, de façon encore plus forte, à la fois dans le périmètre France, dans le périmètre international, mais aussi dans le périmètre de l'ensemble du groupe, notamment au niveau des systèmes d'information, au niveau de la réassurance, au niveau de la finance. Et puis le troisième objectif, c'est de continuer à mobiliser l'ensemble des ressources humaines du groupe, les femmes et les hommes qui travaillent dans ce groupe, autour de nos ambitions. Quant à notre stratégie, le conseil d'administration l'a confirmé, elle ne change pas, et très objectivement, nous visons toujours d'être dans le Top 10 des assureurs européens en 2012.
EBM : Jean Azéma, directeur général de Groupama, je vous remercie.
JA : Merci à vous.