EuroBusiness Media (EBM) : Groupama, un des principaux groupes mutualistes européens, présente ses résultats 2009. Jean Azéma, bonjour. Vous êtes le Directeur général de Groupama. Pour commencer, quels sont vos commentaires sur la performance et les résultats du Groupe en 2009, une année marquée par la dégradation de l’environnement macro-économique, et une hausse de la sinistralité ?
Jean Azéma (JA) : Dans un contexte économique difficile, effectivement Groupama présente en 2009 des résultats extrêmement positifs. Positifs d’abord en termes de développement, positifs en termes de résultats, et positifs au niveau de sa marge de solvabilité. Le développement du Groupe a été fort, +7% avec 17,4 Md€ de CA, particulièrement en France, et dans les pays d’Europe centrale et d’Europe du Sud, où nous sommes fortement implantés, nous avons très bien résisté par rapport aux marchés locaux. Donc très bon développement, notamment en assurance de personnes, mais également amélioration du résultat net, avec 660 M€ de résultat et une progression de 140%, et une marge de solvabilité qui, à la fin de l’exercice, était à 180% de l’exigence de marge. En résumé, les résultats 2009 expriment à la fois la solidité financière du groupe, et la solidité de notre stratégie.
EBM : Quels sont les principaux faits marquants qu'il faudra retenir de cette année 2009, notamment quant aux nouveaux partenariats signés, la poursuite de l'expansion internationale, ou encore les synergies et les optimisations de coûts ?
JA : 2009 a été une année extrêmement riche à Groupama. Extrêmement riche, parce que, comme vous l’avez dit, nous avons signé de nouveaux partenariats avec la Banque Postale en France, avec Bancaja en Espagne. Nous avons développé le partenariat avec OTP Bank dans les pays d’Europe centrale, mais surtout parce que nous avons continué en 2009 l’ensemble de nos investissements, investissements à la fois dans le commercial, dans l’innovation, et dans la recherche des synergies au sein du Groupe, pour l’amélioration de nos performances opérationnelles. Investissements commerciaux, nous avons a continué à déployer des agences. Nous avons déployé 25 agences nouvelles dans l’urbain en France, dont 7 sur Paris. Nous avons continué à développer, là aussi, notre réseau d’agences exclusives en Espagne, et en Italie. Nous avons investi également en termes d’innovation, je le disais, avec le lancement d’Amaguiz, qui a pratiquement 50 000 contrats à la fin de l’année 2009, mais aussi le développement Internet, en Espagne et en Grande-Bretagne, ce qui fait qu’à la fin de l’année 2009, le groupe a plus de 120 000 contrats, souscrits par Internet. Enfin, en termes de synergies, le Groupe a fusionné ses activités Vie en France, fusionné les deux banques du Groupe en France, fusionné aussi toutes les sociétés dont nous avions fait l’acquisition au cours de ces dernières années, à la fois en Italie, en Hongrie, en Turquie et en Roumanie. Nous avons également poursuivi la rationalisation de nos systèmes d’information, à la fois en France, mais aussi à l’international, en intégrant l’informatique de nos filiales à l’international au sein de Groupama Systèmes d’Information, pour faire jouer des synergies. Donc une année extrêmement riche, qu’on peut difficilement résumer en quelques mots, auquel l’ensemble des collaborateurs du Groupe ont largement contribué.
EBM : Quel est votre point de situation aujourd'hui sur le renforcement des finances du Groupe, notamment dans la perspectives des nouvelles règlementations Solvabilité 2 (ou Solvency Two) ?
JA : Ecoutez, la marge de solvabilité du groupe, à la fin de l’exercice 2009 est à 180%, donc nous couvrons très largement nos exigences de marge. Les paramètres qui nous seront applicables en 2012 avec Solvabilité 2 seront connus sans doute, soit à la fin de l’année 2010, soit au début de l’année 2011. Ce que l’on sait déjà, c’est que vraisemblablement nous devrons diminuer le pourcentage de détention en actions , en immobilier, c’est-à-dire en actifs plus volatils, compte tenu des contraintes de fonds propres, mais surtout que nous allons développer, dans le Groupe, des plans de formation sur la culture du risque, nous avons initié un certain nombre de programmes sur la tolérance au risque, l’intégration des risques dans la gouvernance du groupe. Bien évidemment, ceci s’inscrit dans un programme que nous avons développé depuis plusieurs années, pour adapter le groupe, et en 2010, nous finalisons, finalement, l’adaptation du groupe à Solvabilité 2.
EBM : On a vu que le Groupe a continué de poursuivre agressivement son expansion internationale en 2009. Quelles sont les prochaines priorités de votre stratégie internationale ? Et puis, l'on se souvient que l'introduction en bourse de Groupama était conditionnée par le projet d'expansion internationale: dans le contexte actuel, une introduction en bourse est-elle toujours d'actualité ?
JA : En 2009 nous n’avons pas fait de nouvelles acquisitions au niveau international, considérant que le contexte économique, et compte tenue que les acquisitions que nous avions faites en 2007 et 2008, 2009 devait être une année d’intégration, c’est ce que nous avons fait. Nous avons intégré les différentes sociétés, nous avons mis toutes ces sociétés aux normes du groupe, en matière de provisionnement, mais aussi en matière de process, en matière de fonctionnement. C’est vrai que le Groupe à l’ambition d’être un des 10 premiers assureurs européens, et doit pour cela bien sûr continuer à se développer de façon organique. Mais également faire une acquisition que l’on peut qualifier de transformante, dans les prochaines années. Pour cela, nous avions prévu de faire une opération transformante, et de nous coter a posteriori pour refinancer cette acquisition. Compte tenu du contexte du marché, à l’issue de la phase aigüe de la crise financière, compte tenu des nouvelles contraintes qui pèsent sur les banques en matière d’exigences de fonds propres, il est aujourd’hui peu probable que nous puissions trouvez, sur le marché, un relai de financement pour une période de quelques mois, après une opération qui nécessiterait un apport en capitaux. Les banques ne seront plus en mesure de nous faire ce bridge, si je puis dire, en actions pour financer cette acquisition. Aussi, nous avons décidé d’inverser notre processus, c’est-à-dire d’abord de coter Groupama SA pour être en situation de pouvoir faire l’opération transformante dont je parlais. C’est simplement un changement de tactique, une adaptation à la nouvelle donne des marchés financiers.
EBM : Quelles sont vos perspectives 2010 ? Et au-delà de cette année, votre Ambition 2012 demeure-t-elle inchangée malgré la crise ?
JA : Je crois que les résultats 2009 ont montré que nous pouvions nous développer y compris dans des situations économiques plus difficiles, que les investissements que nous avions faits en matière de développement ont porté leurs fruits et que nous pouvions gagner des parts de marché dans ce contexte économique contraignant. Donc nous allons continuer, effectivement. Nous ne changeons pas nos ambitions. Notre ambition en 2012, c’est d’atteindre en croissance organique à peu près 20 Md€ de chiffre d’affaires, c’est-à-dire une croissance sur les 3 prochaines années de 6% par an. Nous maintenons nos objectifs en termes de rentabilité et d’amélioration de notre résultat opérationnel. Très clairement, Groupama garde le cap.
EBM : Jean Azéma, Directeur général de Groupama, merci.
JA : Merci.