EuroBusinessMedia (EBM) : Sanofi-aventis, l’un des leaders mondiaux de la santé, publie ses résultats annuels pour l’exercice 2009. Chris Viehbacher, bienvenue. Vous êtes Directeur Général de sanofi-aventis. Il y a exactement un an que vous vous adressiez pour la première fois au public financier en tant que DG de sanofi-aventis. Quel progrès avez-vous réalisés dans la transformation du Groupe ?
CV (Chris Viehbacher): Je pense que nous avons énormément progressé cette année. Ce fut une véritable année charnière pour sanofi-aventis. Nous nous sommes attelés à nous engager dans une nouvelle voie de croissance durable. Pour cela, nous avons identifié trois axes. Le premier consistait à relancer l'innovation dans la recherche et développement. Le deuxième a consisté à rester réalistes et à prendre conscience que nous avions trop peu de produits nouveaux pour compenser le manque à gagner dû aux produits génériques et donc à partir à la recherche de croissance externe. Et le troisième, à transformer l'entreprise pour exploiter de nouvelles plateformes de croissance. Je pense que nous avons eu une année extrêmement réussie sur les trois fronts. Dans le domaine de la recherche et développement, nous nous sommes d'abord efforcés d’assainir le portefeuille de produits et de vérifier que nous partagions tous la même conviction quant à la qualité de notre portefeuille, de son potentiel et de sa valeur ajoutée sur le marché. Nous avons entamé un processus visant au renouveau de notre organisation, et nous avons également fait en sorte de l'ouvrir à de nouveaux partenariats externes. Nous avons signé des accords de collaboration avec plusieurs institutions prestigieuses telles que le Salk Institute, Caltech, INSERM. Nous avons introduits de nouveaux produits dans notre portefeuille, ce qui est excellent. Pour ce qui est de la croissance externe, nous avons réussi à conclure 33 nouveaux accords et acquisitions qui s'intègrent parfaitement dans la stratégie que nous avons élaborée et qui constituent, j’en suis convaincu, un apport intéressant à ces platesformes de croissance durable. Le dernier consiste à dire que les fondamentaux de sanofi-aventis, relativement sous-estimés par le marché, sont désormais clarifiés pour tout le monde, qu'il s'agisse de notre activité vaccins où nous somme un leader à la fois à l’échelle mondiale et dans les marchés émergents ; nous avons tâché de renforcer notre activité dans le domaine des médicaments sans ordonnance ; nous avons lancé un nouveau produit appelé Multaq. Je pense donc que nous avons réellement progressé.
EBM : S’agissant des résultats du groupe pour 2009, quels sont vos commentaires sur la performance générale du groupe ? En ce début d'année, quelles sont vos perspectives et vos prévisions pour l'année 2010 ?
CV : De toute évidence, l'année 2009 a été une très bonne année. Nous venons d'annoncer une progression du chiffre d'affaires de plus de 5 % pour l'exercice. Alors que nous enregistrions cette année une érosion du chiffre d'affaires de l’Eloxatine aux États-Unis et de Plavix en Europe sous l’effet des génériques, le bénéfice progressait de 13% à taux de change constant. C’est une excellente performance, en nette progression par rapport à nos prévisions du début de l’année. Pour 2010, nous nous attendons à une poursuite de cette tendance. Ce qui sera réellement déterminant pour les résultats, c’est le timing des produits génériques. Nous savons que les génériques vont nous faire perdre du chiffre d'affaires au cours des deux à trois années à venir. Nous ne savons pas exactement quand ni à quel rythme. En glissement annuel, nos prévisions, en ce début d’année, tentent de tenir compte de certaines de ces hypothèses. Nous avons étudié les probabilités ; si nous ne tenons pas compte du générique du Lovenox, dont l’effet est encore très difficile à estimer à ce stade, nous pensons que l’activité va progresser de 2 à 5% en termes de bénéfice net par action. Le plus important, c’est que nous sommes convaincus que pour le long terme, l’activité sera stable jusqu’à 2013, pour croître par la suite. C’est pourquoi nous avons annoncé, en cours d’année, que nous pensions être en mesure de réaliser en 2013 une performance représentant un niveau de chiffre d'affaires et un niveau de bénéfice au moins équivalents à ceux de 2008. Nous confirmons aujourd’hui sans hésitation cette prévision à moyen terme.
EBM : L’an dernier, vous vous êtes clairement engagé dans une politique de croissance externe. Avec 33 transactions conclues au cours des 12 derniers mois, dont 20 accords de R&D, vous avez fait la preuve qu’on pouvait réaliser beaucoup de choses en très peu de temps. Comptez-vous continuer à développer vos activités au même rythme qu’en 2009 ? Quelles sont vos priorités aujourd’hui pour votre stratégie d’acquisitions et de partenariats ?
CV : Vous savez, tout le monde peut conclure 33 accords. Ce qui m’enchante, c’est que nous ayons été en mesure de conclure 33 transactions extrêmement bien reçues par le marché et perçues comme contribuant véritablement à la croissance du groupe. Mais nous devons manifestement poursuivre au même rythme. En l’occurrence, nous disposons de plusieurs atouts. Le premier est l’équipe extrêmement compétente que nous avons constituée sous la direction de Laurence Debroux, notre Directeur de la Stratégie. Nous disposons probablement de la meilleure équipe du secteur en termes de capacité à identifier des partenariats et à conclure des transactions. L’histoire de notre groupe s’est d’ailleurs construite sous le signe de l’intégration. Sanofi-aventis intègre déjà plus de 250 sociétés. Lorsque nous concluons une transaction, nous sommes bien armés pour en assurer le succès. La taille modeste de nos transactions nous permet de les multiplier. Nous pouvons ainsi acquérir une unité de vaccins en Inde, puis une unité de production d’insuline en Russie, puis un producteur de médicaments génériques et de médicaments sans ordonnance au Brésil, et faire en sorte que le management puisse intégrer ces transactions et créer de la valeur tandis que nos équipes continuent de parcourir les marchés à la recherche de nouvelles opportunités. Je pense que la croissance externe sera toujours un des fondements de notre activité. On ne se lance pas dans une croissance externe de ce type uniquement pour pallier à une faiblesse du portefeuille de produits en développement. Nous avons fait la preuve de ce dont nous sommes capables, et nous entendons poursuivre au même rythme en 2010 qu’en 2009.
EBM : Un de vos objectifs consiste à proposer davantage de produits à valeur ajoutée aux patients. En 2009, dans quelle mesure avez-vous progressé vers cet objectif ? Quelles sont les prochaines étapes vers davantage d'innovation chez sanofi-aventis ? Quels sont vos prochains produits prometteurs auxquels nous devrions commencer à nous intéresser ?
CV : Vous touchez là un sujet qui me tient fortement à cœur, parce qu’il touche à l’essence même de notre Groupe. Nous avons commencé la commercialisation de Multaq aux États-Unis, nous faisons maintenant de même en Europe. Ce produit est désormais agréé aussi au Canada et en Suisse. C'est un produit tout à fait nouveau : rien n'avait été lancé depuis 10 ans pour traiter la fibrillation auriculaire ; nous disposons d'une étude qui montre que la prise de ce médicament peut réduire de 24% le nombre d'hospitalisations dues à des difficultés cardio-vasculaires. C'est donc un médicament extrêmement important pour de nombreux patients. Nous avons également dans le pipeline de nouveaux médicaments anticancéreux. Avec l'acquisition de BiPar, nous avons une substance potentiellement première de sa classe, un inhibiteur de PARP dans les cancers du sein triple négatifs, pour lesquels il n’existe actuellement aucun traitement aujourd’hui. Nous allons tester également ce médicament pour d’autres cancers ; nous avons déjà entamé des tests pour le cancer des poumons et de l’ovaire. Nous avons également une procédure d’autorisation accélérée de mise sur le marché d’une nouvelle molécule destinée au traitement du cancer de la prostate, le cabazitixel. Nous avons lancé plusieurs nouveaux vaccins et notamment, aux États-Unis, le Pentacel. Ce nouveau vaccin pédiatrique a rapidement capté 75 % du marché. Depuis l'acquisition de Shantha, nous avons désormais une source de nouveaux vaccins, tels que le rotavirus, mais aussi la capacité de produire à un prix grâce auquel ces vaccins seront accessibles pour des dizaines de millions d'enfants partout dans le monde. Nous avons également fait une licence sur un nouveau vaccin pour la grippe saisonnière à plus forte dose. Nous savons en effet que le système immunitaire s'affaiblit avec l’âge et qu’il est donc important de disposer d’un vaccin antigrippal plus efficace. Et bien sûr, ce qui s'est surtout produit en 2009, ce fut la mise sur le marché d'un vaccin contre la grippe H1N1. Nous avons vendu plus de 100 millions de doses de ce vaccin et nous continuerons d'en fournir tant que la pandémie H1N1 sera parmi nous. C'est donc une excellente année, et je me réjouis déjà d'essayer de faire encore mieux en 2010.
EBM : 2009 fut l'année de tous les records pour votre activité vaccins. Mais depuis la fin 2009 et au début de cette année, nous avons vu, un peu partout dans le monde, des gouvernements annuler leurs commandes de vaccins contre la grippe H1N1. Vos ventes de vaccins en souffrent-elles ?
CV : En 2009, nos équipes ont dû travailler contre la montre pour produire à la fois le vaccin contre la grippe saisonnière et le vaccin contre la grippe H1N1. Je suis particulièrement fier des résultats qu’elles ont atteints. Cela dit, nous avons été très prudents lorsque nous avons présenté les chiffres de ventes de H1N1. Nous avons toujours considéré qu'il s'agissait là d'un chiffre d'affaires non-récurrent, et que l’avenir nous dirait s’il allait s’inscrire dans la durée. Nous avons pris la décision stratégique de ne jamais sacrifier une seule dose de vaccin contre la grippe saisonnière pour produire davantage de vaccin H1N1. Nous avons donc honoré tous nos engagements, et nous avons enregistré une année record, en volume, pour nos ventes de vaccins contre la grippe saisonnière. Je pense que cela va nous aider au cours des prochaines années. Plus de 300.000 personnes meurent chaque année de la grippe saisonnière dans le monde, et c'est pour cette raison que nous sommes convaincus de la nécessité, en termes de santé publique, de continuer de produire ce vaccin. S'agissant de la grippe H1N1, nous avons vendu pour plus de 400 millions d'euros de vaccins, essentiellement aux États-Unis. Nous avions décidé de nous efforcer d’assurer l’accès à ce vaccin à un nombre aussi élevé que possible de pays, pour leurs populations à risque. C'est donc ce que nous avons fait. Il est vrai que quelques pays ont annulé leurs commandes. Mais la demande reste importante et cela ne nous a donc guère affecté, parce que nous avons choisi, en quelque sorte, de ne pas conserver tous nos œufs dans le même panier, sur un petit nombre de pays. Nous estimons donc que nous pourrons vendre en 2010 approximativement le même volume de vaccins H1N1 qu'en 2009.
EBM : Sanofi-aventis est fortement implanté dans les marchés émergents. Comment évolue aujourd'hui votre activité sur ces marchés, et quelles sont les tendances que vous voyez se dessiner ?
CV : Au cours de l'année 2009, la crise économique a frappé toute la planète. Mais à en croire la croissance économique des marchés émergents, ceux-ci n'en ont pas tellement souffert, puisque la croissance y a reculé d’à peine 1 ou 2 %. En Inde, la croissance a dépassé 6 % ; l'économie chinoise progresse à un rythme comparable. D'un point de vue macro-économique, les marchés émergents sont les bons élèves de l'économie mondiale. Or nous savons que dans une économie en croissance, la population accroît ses dépenses de santé ; nous avons donc vu que l'activité poursuit sa progression. Nous avons une fois de plus enregistré une croissance à deux chiffres. Nous réalisons aujourd'hui 25 % de notre chiffre d'affaires dans les marchés émergents. Nous y sommes d’ailleurs présents partout, et pas seulement dans les grands pays. C'est pour nous une véritable source de stabilité : avec un chiffre d'affaires d'environ 7,5 milliards d'euros, en croissance à deux chiffres, cette plate-forme de croissance nous est extrêmement utile. Je pense d'ailleurs que nous disposons là d’un véritable avantage concurrentiel : il ne sera pas facile pour d’autres de nous rattraper. Dans biens des cas, nous sommes présents sur ces marchés depuis 20, 30 voire même 50 ans dans certains cas. Nous disposons donc d'un management bien établi et d'équipes solides sur le terrain, nous entretenons d'excellentes relations avec les gouvernements et nous disposons d'un portefeuille de médicaments très étendu qui nous permet de proposer des médicaments abordables à une grande partie de la population. Je pense que c'est là l’une des principales forces de sanofi-aventis, qui continuera d'assurer notre croissance pour les années à venir.
EBM : Vous avez indiqué votre intention de doubler d'ici 2013 votre activité dans le domaine du diabète par rapport au niveau de 2008. D’où proviendra cette croissance ? Et avez-vous des informations à nous communiquer aujourd’hui sur les études actuellement en cours sur la sécurité du Lantus ?
CV : Le diabète de type 2 est une pandémie, si vous voulez, qui touche chaque pays de la planète. Ce n'est certainement pas une maladie limitée au monde occidental industrialisé. Tant en Chine qu’en Inde, les principaux problèmes que rencontrent les autorités sanitaires sont le diabète de type 2, les maladies cardio-vasculaires et l'oncologie. L'Inde compte probablement la plus importante population mondiale de patients atteints du diabète de type 2. Malheureusement, c'est lié à l'exode des populations rurales vers les villes, à l'amélioration des conditions de vie, donc au changement des comportements alimentaires et au mode de vie plus sédentaire. Les changements de mode de vie causent donc une augmentation du diabète de type 2 partout dans le monde. Aux États-Unis, on diagnostique chaque année 1 million de nouveaux patients atteints du diabète de type 2. La question qui se pose consiste à savoir comment aider un patient atteint du diabète de type 2. Il va de soi qu'avec Lantus, traitement insulinique de pointe, nous pouvons aller très loin. Mais ce que nous voulons faire, c'est devenir un groupe pharmaceutique axé sur le diabète. Nous voulons proposer une large gamme de produits et de services pour aider les patients, qu’il s’agisse de nutrition, de contrôle de la glycémie ou de nouveaux traitements. Nous avons signé l'année dernière un accord de licence relatif au nouveau traitement de pointe de Wellstat et nous tenons à constituer un portefeuille de médicaments et de services capables d'aider réellement ces patients. Cette stratégie se fonde sur les besoins sous-jacents de santé publique. Le diabète est probablement l'un des plus importants besoins médicaux de notre époque, et nous voulons y jouer un rôle de premier rang.
EBM : Qu'en est-il des l'étude de sécurité sur Lantus ?
CV : Sur Lantus, il y a bien entendu eu l’affaire de ces quatre articles publiés dans Diabetologia. Je suis très fier de la manière dont notre Groupe y a réagi. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les plus grands experts mondiaux dans le domaine de l'oncologie, du diabète et de l'épidémiologie et avec les autorités sanitaires. Tous ont conclu que les études qui avaient été menées n'étaient pas d’excellente qualité et ne mettaient pas en évidence de lien entre l'insuline et le cancer. Toutefois, dès lors qu'une telle alerte est lancée, nous nous sentons tenus d'une obligation à l'égard de nos patients et nous devons absolument tout faire pour exclure ce risque. Nous avons donc réétudié la question, même après que les études initiales se soient avérées infondées. Nous tenons absolument à faire cet effort. Nous avons consulté tous les grands experts mondiaux et les autorités sanitaires pour déterminer les études qu'il y avait lieu de mener. Nous avons donc lancé ces études, dont nous aurons les résultats en 2011. Nous avons une totale confiance dans le profil de sécurité de Lantus, tout comme le corps médical partout dans le monde. Je pense que c'est pour cela que nous n'avons constaté aucun changement dans les pratiques de prescription et que le Lantus continue d'afficher une croissance très élevée.
EBM : La Santé Grand Public a de nouveau les faveurs des analystes et des investisseurs. Comment se sont comportées vos marques de produits sans ordonnance en 2009 ? Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez récemment acquis Chattem, votre nouvelle plateforme de Santé Grand Public aux États-Unis ?
CV : Notre développement dans le domaine de la Santé Grand Public est parfaitement conforme à notre stratégie de croissance durable à long terme. Mais nous voulons nous émanciper de ce cycle de ventes en dents de scie lié aux brevets. Dans l’activité de santé grand public, ce qui protège votre activité, c’est la qualité de votre relation avec votre base de clientèle, et une marque forte qui bénéficie de la confiance des consommateurs. Et nous ne manquons pas, dans le monde, de marques qui ont plus de 50 ou 60 ans, grâce à la confiance que nous avons su inspirer aux consommateurs. C'est donc un pôle d’activités très fort. Nous étions déjà le 6e groupe pharmaceutique mondial dans ce domaine, et ce pôle a encore progressé de 26 %, à la fois grâce à de la croissance interne et des acquisitions immédiatement opérationnelles. En revanche, nous n'étions pas présents aux États-Unis (qui restent, bien évidemment, le premier marché de Santé Grand Public au monde) et nous ne savions pas trop comment nous y pénétrer. Et puis il s'est présenté une occasion intéressante l'an dernier, à savoir la possibilité de convertir Allegra, médicament de prescription contre les allergies saisonnières, en produit sans ordonnance. Nous n'avions pas les compétences nécessaires pour cela. Nous aurions pu conclure un partenariat avec d'autres entreprises. Et puis nous avons identifié Chattem comme cible potentielle d’acquisition, pouvant nous servir de plateforme dans le domaine de la Santé Grand Public aux États-Unis, et nous donnant aussi la capacité de lancer Allegra nous-mêmes, procurant ainsi une croissance substantielle à Chattem. Ce scénario a beaucoup plus à la direction de Chattem. Nous venons de parachever cette acquisition, et nous disposons donc maintenant d'une tête de pont très solide sur le marché de la Santé Grand Public aux États-Unis. Outre Allegra, nous allons donc pouvoir lancer bon nombre d'autres produits sans ordonnance. Je pense donc que nous disposons là d'une excellente plateforme de croissance. Si nous prenons quelques-uns des produits de Chattem pour les commercialiser en Amérique Latine et au Canada, ce sera le début, j'en suis convaincu, d'une division santé grand public très prometteuse aux quatre coins du globe.
EBM : Le marché s'inquiète de voir arriver aux États-Unis, peut-être dès cette année, un générique de Lovenox. Que pouvez-vous nous dire de vos scénarios les plus optimistes et les plus pessimistes pour Lovenox aux États-Unis ? Quelle en sera l'incidence sur vos perspectives à l'horizon 2013 ?
CV : Avant d'évoquer l’aspect financier, je tiens à aborder le volet « patient ». Nous émettons de fortes réserves à l’égard d’un produit générique - et en particulier d’une générique substituable - dont la sécurité et l’efficacité n'auraient pas encore été démontrées par des études cliniques. Ce dont il est question ici, ce ne sont pas des substances chimiques dont la présence peut être mesurée dans le sang. Il s’agit de produits biologiques dont les caractéristiques sont fortement déterminées par le processus de production. Nous avons soulevé des objections parce que nous estimons que les dossiers de demande d'agrément de produits génériques ne contiennent pas tous les éléments probants permettant d'assurer la sécurité du patient ; nous restons extrêmement vigilants sur ce point. J'ai la conviction que les autorités sanitaires partagent ce souci. C'est pour cette raison qu'elles ont pris tout le temps nécessaire avant d'approuver un générique aux États-Unis. Je note également avec intérêt que les autorités européennes ont annoncé qu’elles se refusaient à approuver un générique tant que des études cliniques n'avaient pas été effectuées. Compte tenu de toutes ces inquiétudes en matière de sécurité, nous ne savons pas exactement quand - ni même si - un médicament générique sera jamais approuvé pour le Lovenox. Notre premier réflexe, en tant que groupe pharmaceutique, consiste à souligner l’existence d’un risque. Ensuite, puisque nous planifions notre croissance à plus long terme, nous avons opté pour la prudence, à savoir la prise en compte d’une érosion sensible des ventes de Lovenox, suite à éventuelle arrivée sur le marché d’un générique, mais suite aussi au lancement de produits concurrents. D’ici 2013, le Lovenox ne sera donc pas l’un de nos principaux moteurs de croissance. L’approbation d’un générique, substituable ou non, pour le Lovenox n’aurait pas d’effet sur notre prévision pour 2013. À plus court terme, cela aurait bien évidemment une incidence sur nos résultats 2010. Il nous est actuellement impossible d’en calculer exactement l’ampleur, qui dépendra du moment de l’arrivée d’un générique sur le marché, de son caractère substituable ou non, de l’existence d’un générique unique ou de plusieurs. Notre approche a donc consisté à donner aux investisseurs une idée de l’évolution de notre activité sans Lovenox - à savoir une croissance de 2 à 5% du BPA - pour laisser l’investisseur évaluer ensuite ce qu’il perçoit comme risque, car nous n’avons pas davantage d’informations que l’investisseur, et chacun formulera dès lors sa propre hypothèse sur l’impact potentiel du Lovenox. Mais à plus long terme, l’apparition d’un générique pour le Lovenox n’aura pas d’impact sur nos perspectives de croissance à long terme.
EBM : Vous avez dépassé vos prévisions pour 2009, vous avez pris de l’avance sur votre plan d’économies, et vous avez annoncé plusieurs transactions qui accroissent les BNPA du groupe. Avez-vous l’intention de réviser vos objectifs 2013 à la hausse ? Êtes-vous déjà en mesure d’augmenter votre objectif d’économies d’ici 2013 sur la base de ce que vous avez accompli jusqu’ici ?
CV : Notre prévision à l’horizon 2013 visait avant tout à attirer l’attention sur les excellents fondamentaux de sanofi-aventis. Nos plateformes de croissance représentent déjà plus de 50% de l’activité. Il y a deux ans, ce chiffre atteignait environ 40 %. Ce sont donc ces pôles d’activité, qui enregistrent une croissance à deux chiffres, qui vont nous porter pendant toute la période d’expiration de nos brevets. En revanche, toujours dans une optique de long terme, ce type de stratégie ne se révise pas tous les six mois. Je pense que nous referons le point sur l’horizon 2013 dans un an. Manifestement, nous progressons rapidement grâce à nos acquisitions et notre plan d’économies, mais nous ne voulons pas changer notre fusil d’épaule tous les trimestres. Notre prévision est une prévision à long terme et nous comptons l’actualiser régulièrement, mais pas nécessairement tous les trimestres.
EBM : Chris Viehbacher, DG de sanofi-aventis, je vous remercie.