EuroBusiness Media (EBM) : Le groupe Sodexho Alliance, leader mondial de la restauration et du facilities management, vient de publier ses résultats pour le premier semestre de son exercice fiscal 2007. Michel Landel bonjour, vous êtes le Directeur Général de Sodexho Alliance. Quels sont vos commentaires sur la performance du groupe au premier semestre ?
Michel Landel (ML) : Les résultats du groupe au premier semestre sont bons. A taux de change constant, nous avons une croissance du chiffre d'affaires de 8,2%. Une croissance du résultat opérationnel supérieure à 20 %, du résultat net un peu supérieur à 29% ; et enfin, un free cash flow de 140 millions d'euros. Donc des résultats qui sont bons.
EBM : Lorsque vous avez annoncé le chiffre d'affaires semestriel le 4 avril, vous avez relevé votre objectif de croissance pour l'année pleine. Le marché pense qu'une plus forte croissance aura un impact direct sur la rentabilité. Par conséquent, êtes-vous aujourd'hui en position d'annoncer au marché un relèvement de votre guidance sur la marge pour l'année pleine ?
ML : Compte tenu des bons résultats de ce premier semestre, effectivement nous relevons la guidance sur le résultat opérationnel. Nous avions une guidance de croissance d'environ 10%. Aujourd'hui, nous pensons que nous pouvons augmenter notre résultat opérationnel d'environ 12%. Il faut simplement noter que notre premier semestre, cette année, s'est comparé à un premier semestre l'année précédente qui était impacté par les ouragans en Amérique du Nord, et cela avait diminué notre performance. Et donc, qu'aujourd'hui on prévoit sur l'année une augmentation de nos résultats opérationnels d'environ 12%.
EBM : Quels sont, précisément, les leviers d'amélioration de votre marge ?
ML : Premièrement, nous avons indiqué que nous avions l'ambition d'améliorer nos marges de 15 à 20 points de base, en moyenne, par an. Donc, je maintiens cette ambition. Nous avons quatre leviers pour améliorer nos marges. 85% de nos coûts, ce sont des achats et des frais de personnels. Donc on a une initiative mondiale au niveau des achats, et nous avons l'ambition d'améliorer la productivité sur nos achats - si je puis dire - d'environ 1,5% par an. Deuxièmement, sur les frais de personnel, nous avons des initiatives sur l'ensemble de nos pays, et nous nous appuyons sur des programmes informatiques bien définis. Troisième levier, c'est évidemment l'organisation d'un groupe comme le notre, d'améliorer sa productivité, en permanence se remettre en cause sur nos méthodes de travail. Et le quatrième levier c'est évidemment l'outil informatique, qui dans nos métiers est extrêmement important. Donc nous investissons beaucoup dans l'informatique.
EBM : Certains analystes n'ont pas bien compris si votre prévision de 7% de croissance organique en moyenne demeure vraie quelque soient les conditions de marché. Pourriez-vous nous clarifier si vous restez fermement sur cette prévision de 7%, y compris en période de ralentissement économique ?
ML : Nous avons annoncé effectivement qu'en moyenne nous espérions avoir une croissance d'environ 7%. Nous sommes sur des marchés qui, en général, sont assez peu sujets aux crises économiques, en particulier sur les marchés de la santé, sur les marchés de l'éducation, de la défense ; sur lesquels nous avons des postions de leader dans le monde, grâce a une offre globale qui est très adaptée. Donc sur ces marchés-là, on est pas du tout sujets à des crises économiques. Sur les autres marchés, qui sont les marchés de l'entreprise, effectivement nous sommes beaucoup plus soumis à ces mouvements de l'économie. Par contre, grâce à l'offre que l'on propose aujourd'hui, qui est une offre élargie pour améliorer la qualité de vie des consommateurs qui sont chez nos clients, nous nous positionnons sur des marchés qui sont considérables et avec des opportunités beaucoup plus grandes. Et puis deuxième aspect, nous sommes aussi géographiquement extrêmement bien repartis dans le monde. Nous sommes dans 80 pays dans le monde, sur des marchés qui se développent énormément aujourd'hui comme l'Asie, l'Inde et la Chine ; mais aussi l'Amérique du Sud, le Brésil, l'Europe de l'Est. Donc des relais de croissance qui sont très importants pour nous dans l'avenir.
EBM : Votre niveau d'endettement est faible, et votre bilan est en bonne santé, ce qui fait dire à certains analystes que vous pourriez redonner du cash aux actionnaires sous forme de rachats d'actions ou par un dividende exceptionnel. Qu'en est-il au juste ?
ML : C'est vrai que notre endettement a beaucoup baissé, mais nous avons toujours dit que nous avons quatre objectifs : le premier est de continuer à investir pour développer Sodexho et se concentrer sur la croissance interne. Et quand je dis investir, c'est dans le IT, dans les ressources humaines, c'est attirer des talents. Notre métier c'est avant tout un métier de femmes et d'hommes et aussi d'informations, donc c'est vraiment là qu'il faut que l'on continue à investir ; deuxième aspect, il faut qu'on continue évidemment à rembourser notre dette ; troisième aspect on verse des dividendes tous les ans et on verse à peu près 50% du free cash flow en dividendes ; et effectivement quatrième aspect, les acquisitions : dans ce domaine nous avons annoncé que nous cherchions à faire des acquisitions en particulier dans le facilities management, ce que nous recherchons en ce moment.
EBM : Comme vous le soulignez à l'instant, vous pourriez également mettre à contribution votre bilan pour faire des acquisitions. Par exemple, le marché, comme vous l'avez précisé, s'attend à vous voir faire des acquisitions dans l'activité multiservices, qui est l'activité qui connaît la plus forte croissance. Quelle est votre stratégie d'acquisitions à court terme ? Quelle serait idéalement la localisation géographique et la taille de vos cibles potentielles ? Au total, quel est le montant que vous souhaitez consacrer aux acquisitions ?
ML : Encore une fois, nous avons annoncé que nous souhaitions faire des acquisitions dans le domaine du facilities management, et en particulier de ce que l'on appelle le 'hard fm', qui est la maintenance technique plus spécialement. Pourquoi ? Pour améliorer et pour renforcer nos savoir faire dans ce domaine-là, parce qu'il y a des opportunités importantes. Mais en matière d'acquisitions, nous ferons des acquisitions au bon prix, des acquisitions avec des entreprises qui pourront s'adapter à notre culture et à nos valeurs, c'est très important. Et enfin, nous cherchons à faire des acquisitions effectivement en Amérique du Nord, mais aussi en Europe et dans d'autres parties du monde.
EBM : Michel Landel, Directeur Général du groupe Sodexho Alliance, je vous remercie.