EuroBusiness Media (EBM) : iShares lance le tout premier ETF obligataire High Yield Euro, baptisé iShares Markit iBoxx Euro High Yield. Caroline Baron, bonjour. Vous suivez la clientèle institutionnelle française pour iShares. Tout d’abord, pourriez-vous nous dire ce que cet ETF présente de si nouveau ?
CB (Caroline Baron) : En fait, le marché du crédit high yield est un marché qui est difficile d’accès par nature et nous avons voulu le mettre à portée des investisseurs. Cet ETF, le iShares Markit iBoxx Euro High Yield, est un ETF en réplication physique et donc, qui vous permet en une seule transaction d’accéder à un peu plus de 180 obligations sous-jacentes libellées en euro. Cet ETF est très innovant parce que c’est un produit que nous ne retrouvons pas sur le marché habituellement, c’est le seul en Europe sur cette classe d’actifs.
EBM : Quelles sont les caractéristiques principales de votre univers d’investissement tant en termes de taille d’émission, que de liquidité, de notation ou de pondération ?
CB : En fait, l’indice investit des obligations qui sont dites « à haut rendement ». Ce que ça signifie concrètement c’est que nous allons prendre des obligations dont le rating est double B ou inférieur à double B, dites donc « sous investment grade ». Mais par contre, l’indice, lui, va inclure des obligations qui ont un rating supérieur à triple C. Maintenant, en termes d’univers, les obligations que nous allons prendre sont des obligations qui sont libellées en euro et qui proviennent de pays qui sont soit dans la zone euro, soit hors de la zone euro. A titre d’exemple, nous allons considérer les obligations libellées en euro de la société canadienne Bombardier. Mais cependant, les pays qui sont le plus représentés dans l’indice vont être l’Allemagne, la France, les Pays-Bas qui vont chacun peser environ 13 % dans l’indice . Maintenant, afin d’obtenir une liquidité satisfaisante, l’indice va inclure des obligations qui ont un minimum d’émission de 250 millions d’euros. Ensuite, en termes de maturité, le maximum que nous allons retenir va être autour de 10 ans et demi, ce qui exclut finalement la dette perpétuelle et ce qui fait que finalement le produit n’a pas un biais financier aussi important que d’autres produits sur le crédit. En termes de diversification, le produit est relativement homogène puisque nous avons comme secteurs, par exemple, des biens de consommation, des valeurs industrielles ou bien des métaux de base qui sont bien représentés. Enfin, en termes d’émetteurs, la diversification, une fois encore, est assez forte puisque le poids de chaque émetteur est limité à environ 5 %. L’univers d’investissement sur lequel nous intervenons pèse ou représente à peu près 105 milliards d’euros.
EBM : Alors, pourquoi avoir lancé cet ETF maintenant dans le contexte actuel ? Y a-t-il véritablement une demande pour cette classe d’actifs de la part des investisseurs ?
CB : Il y a effectivement une demande assez importante pour ce genre de produit. Nous sommes dans un environnement de taux bas et un investissement obligataire qui vous donne un rendement d’environ 7 % attire effectivement l’intérêt des investisseurs. Quand on compare ces rendements par rapport au rendement des obligations d’Etat allemandes ou françaises, qui sont respectivement de 1,5 et 1,6 % , on se rend compte de l’attrait de ce type de produit. Ceci dit, évidemment, les investisseurs vont devoir regarder aussi les risques pris qui sont bien sûr plus importants que ceux que vous pouvez avoir sur la gestion de crédit classique. Mais nous avons de nombreux clients qui se sont attachés à analyser les fondamentaux de ce marché high yield, qui regardent les spreads de crédit, qui vont regarder les bilans de ces sociétés dans le domaine du high yield et qui estiment aujourd’hui que finalement, ils peuvent être relativement sereins par rapport à la prise de risque qu’ils vont prendre dans ce produit.
EBM : Quel accueil les investisseurs ont-ils réservé au lancement de cet ETF ?
CB : Ce produit a été vraiment très bien reçu par le marché. Les investisseurs ont investi très vite sur ce produit qui a maintenant, à ce jour 219 millions d’euros d’encours , ce qui est un véritable succès.
EBM : Ce produit bénéficie à plein de l’environnement de taux d’intérêt bas. Etes-vous toutefois confiants que la demande pour les ETF high yield s’inscrive dans la durée ?
CB : Il est toujours difficile de s’avancer et de faire de prédictions. Le point important avec cet ETF c’est sa flexibilité. Je pense que c’est un véhicule de choix pour un investisseur qui souhaiterait s’ajuster assez rapidement.
EBM : Alors, vous avez dit que le marché du crédit high yield est un marché difficile d’accès, qu’il existe des ETF basés sur l’indice iTraxx Europe Crossover. Pourquoi ne pas ne pas vous être basés sur cet indice pour construire votre ETF iShares Markit iBoxx Euro High Yield ?
CB : C’est un point intéressant. En fait, nous avons considéré un large éventail d’indices, mais nous nous sommes concentrés sur les indices qui donnaient accès au marché obligataire physique. Les ETF iShares obligataires sont tous en réplication physique, ce qui signifie que nous détenons les obligations sous-jacentes en portefeuille. Je pense qu’il est assez difficile finalement de comparer des indices physiques avec des indices synthétiques puisque vous avez vraiment accès à un investissement complétement différent. Quand on regarde finalement le marché obligataire physique, celui-ci va être influencé par différents facteurs, tels que les spreads de crédit, la maturité, les coupons et aussi par d’autres facteurs macroéconomiques tels que le niveau des taux d’intérêt ou bien encore l’offre et la demande. Maintenant, quand on regarde les indices synthétiques type iTraxx, ceux-ci ne vous donnent pas accès au marché obligataire physique mais finalement à des CDS, credit default swaps. Ce marché de la protection qui vous protège contre un risque de défaut d’un émetteur, en fait, va être influencé par les facteurs tels que le risque de crédit ou bien le niveau de l’offre et de la demande. Et finalement, l’investisseur va passer à côté de certains facteurs qui influencent le marché obligataire physique. Donc finalement, si un investisseur veut vraiment avoir accès au marché obligataire physique, les indices Markit iBoxx seront vraiment plus appropriés.
EBM : Pourquoi avoir choisi l’indice Markit iBoxx Euro Liquid High Yield ?
CB : En fait, les indices Markit iBoxx sont des indices qui sont largement reconnus et utilisés par beaucoup de clients aujourd’hui et il existait en fait déjà un indice Markit sur le high Yield, mais nous avons vraiment voulu privilégier la liquidité. Et à ce titre, nous avons travaillé avec Markit iBoxx qui a créé le Markit iBoxx Euro Liquid High Yield.
EBM : Caroline Baron, merci beaucoup.
CB : Merci à vous.