EuroBusiness Media (EBM) : Jean-Laurent Bonnafé, bonjour et bienvenue. Quels sont vos commentaires sur la performance du Groupe au premier trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Au premier trimestre, BNP Paribas réalise un résultat net part du Groupe de 1,6 milliard d’euros, en dépit d’une conjoncture difficile en Europe. Je vous rappelle que le premier trimestre 2012 constitue un point de comparaison élevé et qu’il comprenait plusieurs éléments exceptionnels importants tels que la cession d’une participation dans Klépierre. L’incidence des éléments exceptionnels est en revanche négligeable ce trimestre.
Le PNB des pôles opérationnels affiche une bonne résistance dans Retail Banking et dans Investment Solutions, alors que CIB a connu un trimestre de transition.
Les frais de gestion du Groupe reculent, particulièrement chez CIB, Personal Finance et Domestic Markets.
Le coût du risque enregistre une faible hausse au premier trimestre (+ 3,5 %), preuve de notre gestion des risques rigoureuse.
Au total, le résultat net avant impôt des pôles opérationnels diminue de 8 % par rapport au 1er trimestre 2012, toujours affecté négativement par les effets du plan d’adaptation sur CIB.
La croissance des dépôts se poursuit dans tous les réseaux avec des hausses supérieures à 6% chez Domestic Markets et Retail Banking par rapport au 1er trimestre de l’an dernier. Dans CIB, les dépôts de Corporate Banking progressent de 14 %, à 57 milliards d’euros fin mars.
Au premier trimestre, BNP Paribas confirme des niveaux de solvabilité et de liquidité très élevé. Notre ratio « common equity Tier 1 fully loaded » en normes Bâle 3 s’établit au niveau élevé de 10,0 %, et nous avons encore augmenté notre excédent de ressources stables, à 79 milliards d’euros.
Enfin, nous continuons à créer de la valeur pour nos actionnaires. De fait, l’actif net comptable par action continue de progresser régulièrement, à presque 62 euros, tandis que l’actif net comptable tangible par action dépasse 51 euros.
EBM : Compte tenu de l’environnement économique difficile de la zone euro, dans quelle mesure les gains de productivité dans vos marchés domestiques seront-ils suffisants pour compenser la pression sur les revenus? Et comment évolue le coût du risque ?
Jean-Laurent Bonnafé : Grâce aux initiatives que nous mettons actuellement en œuvre, nous sommes confiants dans notre capacité à réussir à compenser la pression sur les revenus par une meilleure efficacité opérationnelle.
Une fois de plus, Domestic Markets démontre sa résistance dans une conjoncture difficile en Europe. Comme je l’indiquais, les dépôts augmentent sensiblement, dans tous les réseaux, et particulièrement en Italie. La demande de crédit poursuit en revanche son recul, ce qui conduit, avec le maintien de taux bas, à un léger tassement de nos revenus au premier trimestre.
Cependant, nous avons une fois de plus réussi à adapter notre base de coûts à ce nouvel environnement, avec une réduction des coûts de 1,4 % ce trimestre grâce à une baisse dans tous les marchés. Ainsi, Domestic Markets réussit à améliorer son coefficient d’exploitation de 0.3 point ce trimestre.
La deuxième partie de votre question était sur le coût du risque. Comme nous l’avons indiqué, l’environnement macroéconomique reste difficile. Dans Domestic Markets, cependant, nous devons considérer chaque pays de manière distincte. En Italie, le coût du risque chez BNL bc augmente, dans un contexte de récession ; toutefois si l’augmentation atteint 35 % par rapport au 1er trimestre 2012, elle se limite à 4,6 % par rapport au trimestre précédent.
Le coût du risque reste bas dans notre activité Banque De Détail en France, et chez BDDB, il est même particulièrement bas. Dans ces deux pays, le coût du risque devrait rester peu élevé.
EBM : Comment s’est déroulé le 1er trimestre chez Personal Finance ?
Jean-Laurent Bonnafé : Personal Finance conserve une bonne activité commerciale au premier trimestre, tout en poursuivant son adaptation au nouvel environnement.
Les accords de partenariats, notamment celui avec Commerzbank en Allemagne, connaissent un bon développement.
La collecte d’épargne continue de croître, avec déjà plus de 100.000 comptes et un encours total de 1,2 milliard d’euros.
L’innovation produits se poursuit, comme le montre le succès de notre offre « online » de gestion du budget des particuliers, lancée récemment en France, qui a déjà reçu plus de 240.000 visites depuis février.
Les revenus sont en baisse de 4% au premier trimestre essentiellement en raison de la poursuite de la réduction de l’encours de prêts hypothécaires dans le cadre du plan d’adaptation. Les revenus liés au crédit à la consommation restent en revanche stables, soutenus notamment par une bonne dynamique en Belgique, en Turquie et en Europe centrale.
Les frais de gestion baissent de 15 % bénéficiant des effets du plan d’adaptation, améliorant ainsi l’efficacité opérationnelle.
Avec de plus une stabilité du coût du risque, Personal Finance affiche un résultat avant impôt de 272 millions d’euros ce trimestre, confirmant sa forte capacité bénéficiaire.
EBM : Pour l’activité International Retail Banking, pourriez-vous donner un éclairage sur les tendances pour vos implantations en Europe Méditerranée ainsi que chez BancWest?
Jean-Laurent Bonnafé : Merci pour cette question qui me permet de compléter le portrait de notre activité Retail Banking.
Commençons par la zone Europe-Méditerranée. Le premier trimestre affiche tout à la fois une croissance significative des dépôts (+14 %) et des crédits (+6 %), Cette croissance est tirée en particulier par la forte performance de TEB en Turquie.
Cela se traduit par une croissance de 16 % des revenus alors que les coûts restent bien maîtrisés, en dépit de la poursuite des investissements pour le développement des réseaux en Turquie et au Maroc.
Le coût du risque est inférieur au niveau du premier trimestre 2012, et reste globalement en ligne avec la moyenne des deux derniers exercices.
Une bonne performance d’ensemble pour Europe Méditerranée au premier trimestre, avec une contribution au résultat avant impôt proche de 100 millions d’euros.
Aux États-Unis, BancWest maintient sa bonne dynamique commerciale dans un environnement macroéconomique plus favorable. Les dépôts progressent de 4,4 % et les crédits, de 3,9 %, avec une bonne performance sur les prêts aux entreprises. Nous continuons à développer le métier de Banque Privée, où le volume d’actifs sous gestion atteint déjà 5,7 milliards de dollars.
Les revenus sont affectés par le niveau très faible des taux d’intérêt et par des ventes de titres inférieures à celles de l’exercice précédent. Les coûts augmentent compte tenu des investissements qui ont été affectés dans les dispositifs commerciaux auprès des entreprises et des TPE-PME, ainsi que dans la Banque Privée.
L’amélioration du coût du risque permet cependant à BancWest de générer 190 millions d’euros de résultat avant impôt, confirmant sa forte capacité bénéficiaire.
EBM : Pour Investment Solutions, le premier trimestre confirme le rebond de l’assurance vie en France, après une année 2012 difficile. En revanche, nous ne voyons pas encore de reprise des revenus en Gestion Institutionnelle et Privée. Comment décririez-vous la performance d’Investment Solutions au premier trimestre ? Que pouvons-nous en attendre à l’avenir ?
Jean-Laurent Bonnafé : Investment Solutions affiche une bonne performance opérationnelle au premier trimestre ; le niveau d’activité est en hausse, particulièrement en Asie.
Le montant des actifs sous gestion progresse à plus de 900 milliards, bénéficiant en particulier de la bonne performance des marchés boursiers et d’une collecte nette positive, notamment dans Wealth Management et en Assurance, y compris en France comme vous l’indiquiez.
La croissance des revenus se poursuit tirée par le bon développement de l’Assurance dans l’épargne et la prévoyance, particulièrement en Asie et en Amérique latine. Les revenus de Gestion Institutionnelle et Privée baissent légèrement, comme vous l’indiquez. Cela s'explique principalement par un recul des actifs moyens sous gestion chez Investment Partners alors que Wealth Management enregistre des performances solides. Les taux d’intérêt bas et de faibles volumes de transactions pèsent sur l’activité de Securities Services.
Les frais de gestion progressent légèrement : leur augmentation dans l’Assurance, du fait de la hausse de l’activité, est globalement compensée par les effets favorables du plan d’adaptation en Gestion d’Actifs.
Le bénéfice avant impôt progresse de près de 13 %, à 541 millions d’euros, avec une contribution positive de tous les métiers.
Pour vous répondre sur less perspectives du pôle, je rappelle qu’une des principales fonctions des métiers d’Investment Solutions est de gérer l’épargne de nos clients, ce qui rend donc ces métiers particulièrement importants pour BNP Paribas. À l’avenir, Investment solutions continuera donc d’innover et d’étendre son offre de produits, renforçant ses position de leadership en Europe et poursuivant le développement de ses activités dans les régions à forte croissance comme la zone Asie-Pacifique, l’Amérique latine et les pays du Golfe.
EBM : Dans Corporate & Investment Banking, le PNB réalisé par les activités de Conseil et de Marchés de Capitaux recule par rapport au premier trimestre 2012 comme chez la plupart de nos concurrents. Comment expliquez-vous cette évolution : est-ce une question de pricing, de volumes, ou de demande de vos clients ? Quelle évolution voyez-vous à l’avenir?
Jean-Laurent Bonnafé : Au premier trimestre, l’activité Marchés de Capitaux a été particulièrement irrégulière en raison de regains ponctuels de tension en Europe. Ceci a eu un impact sur les revenus de Conseil et de Marchés de capitaux qui sont inférieurs au niveau du premier trimestre 2012 qui, rappelons-le, avait bénéficié d’une certaine euphorie avec la mise en place du LTRO en Europe et qui constitue donc une base de comparaison élevée. En Asie, néanmoins, la croissance de nos revenus se poursuit.
Dans Fixed Income, nous enregistrons une bonne performance dans l’activité Change, mais un retrait en Taux et en Crédit. Nous maintenons une forte position mondiale sur les émissions obligataires, où nous confirmons notre 8e place pour l’ensemble des émissions internationales et la place de n°1 pour les émissions d’entreprises en Euro.
Dans les métiers Actions et Conseil, le volume réduit des transactions, combiné à une demande limitée des investisseurs, pèse sur les revenus. Nous avons néanmoins observé une reprise de l’activité en produits structurés, particulièrement en Europe et en Asie. Sur l’« Equity Linked », nous conservons nos positions de leader : numéro 2 en Europe et dans le top 10 mondial.
Ainsi pour répondre à votre question, la baisse des revenus s’explique par la combinaison de plusieurs facteurs : un point de comparaison élevé en 2012, une demande limitée de la clientèle, d’où des volumes réduits.
Pour l’avenir, compte tenu de nos positions de leader dans ces activités, nous pensons que l’évolution vers le modèle « Originate to Distribute » qui se développe progressivement en Europe nous sera favorable. En outre, compte tenu d’un contexte réglementaire de plus en plus contraignant, nous anticipons une certaine diminution du nombre d’intervenants sur ces marchés. En un mot, nous pensons que nous sommes très bien placés pour tirer parti de ces tendances.
EBM : Toujours dans Corporate & Investment Banking, les revenus de votre métier Corporate Banking diminuent en raison de votre plan d’adaptation l’an dernier. Que pensez-vous de l’évolution de vos revenus en Corporate Banking ?
Jean-Laurent Bonnafé : Au premier trimestre, les revenus de Corporate Banking reculent, comme vous l’indiquez très justement, en raison de notre plan d’adaptation, mais aussi du fait de la faible demande liée au contexte européen peu porteur. Les encours de crédits en fin de trimestre sont légèrement inférieurs à ceux de la fin 2012, mais ont remonté par rapport à un point bas en cours de trimestre. En effet, la relance de l’origination de crédits a permis progressivement à Corporate Banking de reconstituer son flux d’opération en fin de trimestre. Nous avons aussi renforcé notre position de numéro 1 dans les financements syndiqués en Europe.
Parallèlement à l’activité de prêt, nous avons poursuivi le développement de notre collecte de dépôts en lien avec notre offre Cash Management, où nous avons signé plusieurs mandats paneuropéens significatifs au cours du trimestre. Ainsi, nous continuons de renforcer notre base de dépôts, en hausse à 57 milliards d’euros, avec une contribution importante des dépôts en dollars US.
Après avoir achevé notre plan d’adaptation en 2012, comme je l’ai déjà indiqué, nous nous concentrons, cette année, sur la relance progressive de notre origination tout en continuant d’améliorer l’autofinancement de ce métier.
EBM : Le trimestre dernier, vous avez annoncé votre plan d’optimisation des coûts « Simple & Efficient ». Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Jean-Laurent Bonnafé : Je vous rappelle que notre objectif, avec « Simple & Efficient », consiste à simplifier le fonctionnement du groupe et à améliorer son efficacité opérationnelle. Nous voulons dégager ainsi une économie récurrente de 2 milliards d’euros par an à partir de 2015, avec des coûts de transformation non récurrents de 1,5 milliard d’euros au total étalés sur 3 ans.
Nous avons indiqué que ce plan concernera toutes nos activités et toutes nos implantations. Pour être plus précis, environ 55 % des économies viendront de la Banque de détail, dont 35 % pour Domestic Markets, et 20 % pour Personal Finance et International Retail Banking. Le pourcentage devrait atteindre environ 30 % pour CIB, et environ 15 % pour Investment Solutions.
Au premier trimestre, nous avons déjà comptabilisé 155 millions d’euros de coûts de transformation. De nombreux projets sont en cours de lancement, comme l’illustrent certains aspects du plan « Bank for the future » annoncé en Belgique.
La mise en œuvre du plan « Simple & Efficient » a donc démarré rapidement, et nous sommes en avance sur notre calendrier.
EBM : Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur Directeur Général de BNP Paribas, merci beaucoup.
Jean-Laurent Bonnafé : Merci à vous. Avant de conclure, je rappelle à tous la date du 16 mai, jour du lancement officiel de notre nouvelle banque digitale dans quatre marchés européens. Rendez-vous est pris !