EuroBusinessMedia (EBM) : Sanofi, leader mondial et diversifié de la santé, publie aujourd’hui ses résultats pour le premier trimestre 2012. Jérôme Contamine, bonjour.
Jérôme Contamine : Bonjour !
EBM : Vous êtes le CFO de Sanofi. Pouvez-vous commenter pour nous la performance du Groupe au T1 ? Êtes-vous satisfait de ce début d’année pour Sanofi ?
Jérôme Contamine : Je pense en effet que ce premier trimestre augure bien de l’exercice 2012 pour le Groupe. Notre chiffre d'affaires s’élève à €8,511 milliards, compte tenu de la consolidation du chiffre d'affaires de Genzyme, soit une progression de 7 % par rapport à l’an dernier. Notre BPA progresse également, de 7,2 % à €1,85, grâce à Genzyme, mais aussi grâce à nos autres plateformes de croissance et à notre excellente maîtrise des coûts. Ces plateformes de croissance - qui comprennent désormais notre activité « New Genzyme », donc les ventes dans le domaine des « Maladies Rares », représentent 63 % de notre chiffre d'affaires. Nous avons commencé au T1 les livraisons de Fabrazyme® depuis notre nouveau site de production de Framingham, qui a reçu en janvier 2012 l’agrément de l’EMA (Agence Européenne du Médicament) et de la FDA. Dès le mois de mai 2012, nous allons évidemment ressentir la perte de nos droits d’exclusivité sur Plavix®. L’aspect important est que notre croissance et nos performances sous-jacentes sont totalement cohérentes avec nos prévisions de croissance à moyen terme.
EBM : Qu’en est-il de la performance de Genzyme ? Vos derniers progrès, en matiere de fabrication, se traduisent-ils déjà par une augmentation des ventes de produits contre les Maladies Rares ? Avec des produits tels que Lemtrada™ et Aubagio™, votre pipe-line dans le domaine de la sclérose en plaques progresse-t-il selon vos espérances ?
Jérôme Contamine : Oui. Nous regroupons désormais dans ce que nous appelons « New Genzyme » à la fois notre activité Maladies Rares et les nouveaux produits contre la sclérose en plaques (SEP). Donc oui, Genzyme est sur la bonne voie, et l’amélioration de la production aussi. Le chiffre d'affaires du pôle Maladies Rares atteint € 400 millions (+17,3 % par rapport à l’an dernier). Les livraisons de Fabrazyme® depuis la nouvelle usine de Framingham ont commencé en mars. Aux Etats-Unis les patients peuvent à nouveau prendre des doses complètes depuis mars, et le retour à un approvisionnement complet en Fabrazyme est prévu pour le T2. Sur les livraisons de Cerezyme®, les choses s’améliorent. Quant au médicament pour la maladie de Pompe, Myozyme® (appelée Lumizyme® sur certains marchés), il maintient une croissance à deux chiffres. Sur le volet SEP, Genzyme a déposé auprès des autorités européennes la demande de mise sur le marché d’Aubagio™, et prépare actuellement le dossier Lemtrada™, après les impressionnants résultats de l’étude de phase III récemment publiés.
EBM : Le chiffre d'affaires de la division Diabète a battu un nouveau record au T1 2012. Pour l’avenir, quels sont les principaux vecteurs de croissance pour Lantus® ? Quand est prévue l’arrivée sur le marché de Lyxumia® ?
Jérôme Contamine : En effet, le chiffre d'affaires de la division Diabète progresse de nouveau au T1, de 14 % par rapport à 2011. C’est principalement dû à la croissance des ventes de Lantus®, qui progressent de 17 % par rapport au T1 2011. Aux États-Unis, où la croissance dépasse 16 %, Lantus® SoloSTAR® représente désormais 51 % du chiffre d'affaires de Lantus® aux États-Unis. Sur les marchés émergents, la croissance est particulièrement impressionnante (+ de 32 %), surtout en Chine (+64 %), au Brésil, en Russie ou au Mexique. Quant à Lyxumia®, nous avons déposé la demande d’agrément auprès des autorités européennes, l’an dernier, et le dossier est en cours d’examen. Aux États-Unis, nous prévoyons de déposer le dossier au T4 2012.
EBM : Pour certaines de vos marques phares telles que Plavix® et Lovenox®, les ventes restent résilientes dans les principaux pays hors États-Unis. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi ?
Jérôme Contamine : Pour ces marques phares, on a toujours tendance à évoquer d’abord les États-Unis et la fin de la période d’exclusivité des droits de brevet, mais en réalité, leur croissance se poursuit dans d’autres régions du monde. Rien qu’au T1, Plavix® a progressé de plus de 5 % dans les marchés émergents (+23 % en Chine) et de 11,9 % au Japon, et nous prévoyons de lancer deux nouvelles indications au second semestre 2012. La performance de Lovenox® reste également excellente en Europe et dans le reste du monde - hors États-Unis. Dans l’ensemble, le chiffre d'affaires de Lovenox® (hors Etats-Unis) s’élève à €404 millions au T1, en progression de 11,9 %
EBM : Quelle est la situation de votre pipe-line de R&D et celle des futurs catalyseurs de croissance qui s’y trouvent ?
Jérôme Contamine : Depuis notre dernier communiqué R&D le 8 février, deux éléments importants sont venus améliorer les perspectives de notre portefeuille de R&D. Le premier est la présentation des très impressionnants résultats de phase II obtenus pour notre composé anti-PCSK9, et aussi la présentation récente à l’American Association of Neurology des données relatives à l’étude de phase III pour Lemtrada™. Au cours du trimestre, Genzyme a également déposé aux États-Unis une demande d’agrément de mipomersen pour le traitement de l’hypercholestérolémie homozygote, les dossiers de Zaltrap™ aux États-Unis et d'Aubagio™ dans l’UE ont été déposés. À fin avril, notre portefeuille R&D en développement comprend donc 61 nouvelles entités moléculaires, dont 18 sont en phase III ou viennent d’être soumises et sont donc susceptibles d’être approuvées puis lancées avant fin 2015.
EBM : L’acquisition de Genzyme par Sanofi remonte déjà à un an. Quelle est aujourd’hui votre endettement net ?
Jérôme Contamine : En fait, nous remboursons plutôt rapidement la dette que nous avons mobilisée pour acquérir Genzyme. Rien qu’au T1, l’endettement net a reculé, de €10,8 milliards à €8,6 milliards, grâce à l’excellent flux de trésorerie disponible dégagé au T1 (€2,8 milliards). Cela nous a permis à la fois d’investir et de saisir des occasions pour des rachats d’actions opportunistes, pour un total de €400 millions au cours du trimestre. Compte tenu du dividende à verser en mai, notre objectif d’endettement net d’environ €10 milliards à la fin de l’année sera en bonne voie d’être atteint.
EBM : La performance du groupe au T1 suffira-t-elle pour atteindre la fourchette haute de vos perspectives 2012 ? Pourriez-vous nous rappeler l’impact de la perte d’exclusivité sur Plavix® et Avapro® aux États-Unis en 2012 ?
Jérôme Contamine : Comme nous l’indiquions en début d’année, et déjà en 2011, la perte d’exclusivité sur Plavix® et Avapro® aux Etats-Unis aura sur notre compte de résultats 2012 un impact d’environ €1,4 milliard. Dès lors, l’excellent résultat du premier trimestre nous conforte dans l’idée que nous atteindrons les perspectives données pour l’exercice. Bien sûr, nous devons tenir compte des effets de cette perte d’exclusivité, en particulier celle de Plavix® le 17 mai. Aujourd'hui, je ne peux que confirmer les perspectives annoncées en début d’année : en prenant en compte ce qui précède, la contribution de la plateforme de croissance et de Genzyme, mais aussi nos efforts continus de maîtrise des coûts, notre BPA devrait reculer de 12 à 15 % par rapport à 2011, sauf événement imprévu.
EBM : Merci beaucoup.
Jérôme Contamine : Merci à vous !