EuroBusinessMedia (EBM) : Eutelsat, premier opérateur européen de services fixes par satellite publie ces résultats pour le premier semestre de son exercice fiscal 2011-2012. Michel de Rosen, bonjour. Vous êtes le Directeur Général d’Eutelsat. Quels sont vos commentaires sur les résultats du premier semestre ?
Michel de Rosen : C’est un beau semestre dont nous sommes fiers. Les ventes sont en augmentation de 4,6%, et même de 6% à taux de change fixe. L’EBITDA, la marge d’EBITDA, est à 79,4%, qui est le plus haut niveau de notre profession. La marge nette après impôt est à 26% du chiffre d’affaires - pas mal. Quant au carnet de commandes, il augmente de presque 10% à 5,3 milliards d’euros, ce qui fait plus de quatre fois le chiffre d’affaires annuel de notre entreprise.
EBM : Quels sont vos commentaires sur les performances des différentes activités du Groupe au premier semestre ?
Michel de Rosen : Toutes les activités ont crû. Notre première activité, qui est l’activité Vidéo, a crû, essentiellement grâce à notre forte présence dans les marchés émergents, mais aussi grâce à la continuation du développement de la Haute Définition dans toutes les régions où nous sommes présents. Deuxièmement, dans le domaine des Données et des Services la croissance n’a été que de 2,2%, essentiellement parce que nous avons été pendant une partie du semestre en capacité contrainte. Ce problème de capacité est maintenant derrière nous. Troisièmement, notre troisième activité, le Multi-Usage, a délivré une très belle performance, notamment grâce au renouvellement de contrats dont nous avons bénéficié en septembre dernier, mais aussi grâce au fait que notre flotte est très bien positionnée géographiquement dans les régions du Moyen Orient et de l’Asie Centrale où ces services sont le plus demandés.
EBM : Vous avez refinancé avec succès votre dette. Quelle flexibilité financière cela vous donne-t-il aujourd’hui ?
Michel de Rosen : Nous avons été très heureux, Adrian, de réussir ce refinancement de 1,8 milliard d’euros à la fin de l’année 2011 dans des conditions de marché particulièrement difficiles. Pourquoi ce refinancement est-il une très bonne nouvelle pour Eutelsat et pour ses actionnaires ? La première raison est que nous avons fortement diversifié l’origine de notre dette. Puisque que, en effet, à la fin de 2009 notre dette était à 100% sous forme de crédit bancaire, alors que maintenant, depuis le 31 décembre 2011, 65% de notre dette est sous forme d’obligations et seulement 35% sous forme de crédit bancaire. Deuxième avantage de ce refinancement, c’est que nous avons étendu la maturité de notre dette. Elle était en effet, au 30 juin 2011, de 3,8 ans. Elle était au 31 décembre 2011, donc il y a deux mois, de 5,1 années. Nous avons donc étendu la maturité de notre dette. Au total, ceci nous donne un bilan plus simple, plus équilibré et plus facteur de croissance pour l’avenir.
EBM : Quel est votre point de situation aujourd’hui sur KA-SAT sept mois seulement après son lancement ?
Michel de Rosen : Adrian, mon premier commentaire c’est que KA-SAT est un formidable satellite, d’une puissance formidable mais aussi qui délivre des services de très grande qualité. Les échos que nous avons de nos premiers clients est qu’ils sont très satisfaits de la qualité du service qu’ils reçoivent grâce à KA-SAT. Premier commentaire. Le deuxième commentaire est que la première application de KA-SAT c’est le service pour les particuliers, ce que nous appelons le B-to-B-to-C. Nous ne travaillons pas directement avec les particuliers, nous travaillons avec des distributeurs. Et ce qui pour nous est très encourageant, c’est que depuis le lancement de KA-SAT nous avons pu signer des contrats de distributeur avec un grand nombre de partenaires, de toutes tailles, qui sont la fondation de notre succès commercial pour les années qui viennent. Troisième commentaire, c’est qu’il y a un autre segment, qui est le segment B-to-B, donc cette fois le segment Professionnel. Dans ce domaine là, les choses ont pris un peu plus de temps que prévu dans la préparation des solutions, mais nous sommes maintenant confiants, nos équipes sont prêtes, pour préparer le succès de cet autre type d’application.
EBM : Quels sont vos perspectives pour le deuxième semestre de votre exercice fiscal ?
Michel de Rosen : Premièrement, notre profitabilité au premier semestre est très bonne et nous avons l’ambition de délivrer au moins 950 million d’euros d’EBITDA pour l’année. Je confirme cette perspective, je confirme cet objectif. Deuxièmement, les revenus. S’agissant des revenus, nous avons devant nous une demande qui continue de croître et des capacités qui ont été augmentées, donc nous sommes capables de faire face à cette augmentation de la demande. Ce qui me permet aujourd’hui de confirmer notre perspective dans le domaine des revenus, c'est-à-dire de délivrer plus de 1,235 milliards d’euros cette année en cours. Cependant, par rapport à notre état d’esprit quand nous avons commencé l’année, nous pensons que cet objectif va être plus difficile à atteindre. Pourquoi ? Pour trois raisons. Première raison est que dans certaines régions et certaines applications nous voyons une pression sur les prix plus grande que ce que nous anticipions, notamment, dans le domaine de la Vidéo dans les Balkans, ou dans le domaine de Données en Afrique. La deuxième raison est que dans le domaine du Multi-Usage nous pensons que la demande va continuer de croître, mais qu’elle va croître à un rythme plus lent et avec une plus grande volatilité qu’avant. Troisième raison : le ramp-up plus lent du KA-SAT dans le domaine B-to-B, donc dans le domaine Professionnel, auquel je faisais allusion tout à l’heure, est un troisième facteur. Ces trois facteurs combinés sont les raisons qui font que, si nous confirmons notre objectif, notre perspective, nous le faisons en disant ça va être plus difficile, plus ambitieux que ce que nous ne pensions.
EBM : Enfin pour conclure, quelles sont vos perspectives de moyen terme pour les 2-3 prochaines années ?
Michel de Rosen : Adrian nous sommes présents à la fois dans les applications et dans les régions où la demande croît. En face de cette croissance de la demande, nous augmentant notre propre capacité, nous lançons de nouveaux satellites, nous augmentons notre capacité satellitaire. Ceci nous permet de confirmer nos perspectives pour les trois ans 2011 à 2014. Quelles sont ces perspectives ? Quels sont nos objectifs ? Du côté du chiffre d’affaires, c’est d’avoir une croissance annuelle moyenne du chiffre d’affaires d’au moins 7% sur la période. Du côté de l’EBITDA, c’est d’avoir, pour chacune des trois années de cette période, une marge d’EBITDA supérieure à 77%. Et comme il est essentiel de toujours penser à ses actionnaires, nous confirmons aussi notre objectif de paiement de dividende qui est dans une plage de pay-out de 50% à 75% du résultat net attribuable au Groupe.
EBM : Michel de Rosen, Directeur Général d’Eutelsat, merci.
Michel de Rosen : Merci.