EuroBusiness Media : Nexity publie ses résultats pour l'exercice 2016, et pour en parler j'ai le plaisir d'être avec Alain Dinin. Bonjour. Vous êtes le Président-directeur général de Nexity. Quels sont vos commentaires sur les résultats que vous venez de publier ?
Alain Dinin : Ecoutez, on a fait un communiqué de presse assez basique, assez factuel, les chiffres, etc. La réalité, c'est que nous sommes très contents, chez Nexity, de nos résultats. Tous les secteurs d'activité ont bien fonctionné. Alors, si on prenait l'ensemble des métiers de Nexity, on en a une bonne cinquantaine, ils ont tous fait de la croissance cette année. Par exemple, sur le résidentiel, on va faire 35 % en volume là où le marché n'a fait une croissance que de 20 %. Donc, on a repris plus d’1,5 points de parts de marché. Sur l'immobilier d'entreprise, on pense être un des tous premiers opérateurs d'immobilier d'entreprise en France. Et même nos activités de services, qui pendant des années, ont un tout petit peu ramé puisqu'il fallait les digitaliser et qu'il fallait faire un certain nombre de transformations, atteignent aujourd'hui des scores de performance qui sont très honorables, à plus de 10 %.
Donc, l'ensemble de tout ça nous donne un résultat de 266 millions, en croissance de plus de 21 % et un backlog, un carnet de commandes historique à plus de 4 milliards. Il faut se dire qu'il y a 5 ans, on était à 2,2 milliards. Donc on a 75 % de croissance de notre carnet de commandes sur 5 ans et ça nous donne une visibilité jusqu'à pratiquement fin 2018. Donc, au fond, les problèmes de Nexity aujourd'hui, ou les hypothèses de travail de Nexity, c'est de s'occuper de 2019 et de 2020 et il n'y a pas beaucoup d'entreprises qui peuvent dire la même chose.
EBM : Vous venez tout récemment d'annoncer une nouvelle gouvernance. Est-ce que vous pouvez nous dire ce que cela signifie pour Nexity ?
Alain Dinin : La nouvelle gouvernance, telle qu'on la positionne actuellement, elle est dans la droite ligne de ce que je viens d'évoquer. Sur l'ensemble de nos secteurs d'activité, nous sommes en croissance, nos métiers fonctionnent bien. Et en même temps, ce sont plein de métiers juxtaposés les uns à côté des autres et il est temps de se préoccuper de la relation plus globale au client. L'ensemble des marchés et de la compréhension du monde a changé.
Ces sujets-là, quand on les regarde et qu'on voit chez Nexity l'ensemble de nos métiers, on se dit qu'au fond on a 3 ou 4 clients. 4 clients. Un client qui est le particulier. Dans les métiers de l'administration de biens, du syndic, de la gestion de la transaction sur l'ancien mais aussi sur le neuf, ça, ça représente presque 1 million de clients.
On a des clients dans les entreprises, celles pour qui on construit des sièges sociaux, mais celles aussi pour qui on administre l'ensemble de leurs biens et on gère aujourd'hui presque 12 millions de mètres carrés d'immobilier d'entreprise en France.
Et puis les collectivités pour lesquelles on travaille sur les grands projets urbains.
Ça, ce sont nos 3 clients. Et ces 3 clients, au fond, ils ont à gérer l'ensemble de la problématique immobilière. Et justement, on peut répondre à leur questionnement.
Et puis il y a un 4e client qu'il ne faut pas oublier, c'est le client interne. Eh bien, ce sont les gens qui travaillent dans cette entreprise qui, au fond, sont aussi des clients qui doivent se trouver dans une situation où la transformation de leur travail, par exemple le travail nomade, par exemple, la digitalisation et l'informatisation de l'ensemble de leur fonction, par exemple, l'employabilité, sont des sujets majeurs.
Donc, l'ensemble de tout ça nous a amenés à nous dire "au fonds, faisons comme le monde, soyons dans des plateformes ouvertes" ; et nous sommes une plateforme de services. Donc, au fond, assumons notre mission qui est d'être au service de nos clients, qu'ils soient à l'intérieur de l'entreprise et puis de nos clients particuliers, entreprises et collectivités qui eux, n'ont pas à connaître tout ce qui est la soute de nos différents métiers, des 50 métiers qu'on additionne dans ce groupe, mais qui ont besoin d'une réponse globale quand on vient chez Nexity. Qu'on soit un étudiant, qu'on soit une personne en primo-accession, qu'on soit une entreprise, eh bien, je dois avoir une seule réponse et cette réponse-là, elle doit être fournie par un collaborateur de Nexity qui, lui-même saura que derrière, il y a toute une plateforme de services à la disposition de son client.
EBM : Justement, vous le dites : à vous écouter, vous vous présentez, en plaçant vos clients au centre, plus comme une société de services qu’une société immobilière...
Alain Dinin : alors, en fait, nous ne sommes pas... Ça va paraître paradoxal, nous sommes une société qui travaille dans les marchés de l'immobilier mais nous ne sommes pas une société immobilière. Une société immobilière, c'est une société qui détient un actif et qui le gère, et qui va acheter cet actif en profitant, ou en regardant un certain nombre d'éléments financiers sur la dette, les taux d'intérêts, et qui va spéculer au sens noble du terme sur la valeur future. Une foncière, par exemple, est un acteur de l'immobilier. Un asset manager est un acteur de l'immobilier. Nous ne sommes ni les uns ni l'autre puisque le seul actif que nous ayons chez Nexity, c'est éventuellement quelques terrains que nous avons en portefeuille. Tout le reste, nous sommes des intermédiaires de commerce. Donc, assumons-le comme ça et soyons au service du client.
EBM : Alors, justement, le client, le client particulier, voit une hausse des taux d'intérêts, des taux d'emprunt.
Alain Dinin : Si les taux d'intérêts augmentent de 1 % par exemple, qu'est-ce qui va se passer" ? Eh bien il va se passer que la mensualité du client primo-accédant va augmenter de 47 euros. Alors, c'est de l'argent, 47 euros par mois. Mais ça ne change pas le marché. Et notre conviction, chez Nexity, c'est que la hausse des taux d'intérêts va être maintenue parce que, sinon, elle va devenir insoutenable pour les Etats, parce que l'Europe et les Etats-Unis ne sont pas tout à fait la même chose. On regarde ça sur une période 2017-2018 : on pense que les taux d'intérêts pourraient monter de 1 ou 1,5 % au niveau du crédit aux particuliers. Ça jouera pour entre 45 et 55 euros de mensualité. C'est ce que j'évoquais : 47 euros pour 1 %. Ça ne modifie pas fondamentalement le marché. Ceci étant, pour 2017, du coup, nous disons, nous, le marché va être "flat" et la croissance du marché du résidentiel en 2017 sera nulle, donc au même niveau qu'en 2016. Et on se rappellera qu'à 125 000 logements par an, ce qui serait le cas en 2017, et qui a été le cas en 2016, on est quand même à + 21 % par rapport à l'année d'avant. Donc, déjà, le marché est plutôt actif et, nous, dans ces hypothèses-là, pour 2017, nos parts de marché vont continuer d'être en croissance parce qu'on a fait aussi de la croissance externe, qui n'est pas encore inscrite dans les chiffres 2016.
EBM : Alors, en 2017, l'activité, vous venez d'en parler. Mais en termes de chiffres, quelles sont vos perspectives ?
Alain Dinin : Alors, parce qu'on a une bonne visibilité, on le disait tout à l'heure, notre carnet de commandes, c'est 19 mois, c'est 4 milliards, un chiffre historique. Donc, au fond, on sait déjà quel est notre chiffre d'affaires et nos résultats à quelques pourcents près sur 2017. On va même jusqu'à dire qu'on les connaît déjà pour une grande partie de 2018. Avec 19 mois d'activité, on est en septembre 2018. Ce qui nous permet de dire aux marchés "nous savons que nous allons faire 300 millions de résultat en 2017 contre 266 en 2016, donc, encore une croissance donnant un résultat à 2 chiffres. Nous disons même qu'en 2018, on refera une nouvelle croissance et qu'on sera aux alentours de 325 millions de résultat. On sait aussi que nos carnets de commandes, compte-tenu du fait que le marché est stable et que nous sommes capables de prendre des parts de marché supplémentaires, puisqu'on va faire en 2017 1 % de parts de marché supplémentaire à celui de 2016 où on avait déjà gagné 1,5 %. Donc, voyez, c'est une entreprise en croissance et en mouvement avec une vraie visibilité sur le résultat. Donc, on est sereins pour la période 2017-2018. On ne sous-estime pas ce que peut devenir l'ensemble de l'économie autour de certaines décisions, par exemple, aux Etats-Unis, avec des hypothèses sur les taux d'intérêts, mais aussi s'il y avait une vraie remontée des taux d'intérêts, une remontée aussi de l'inflation qui profite à l'immobilier. Mais les métiers de Nexity, mis tous ensemble dans un objectif commun de satisfaire le client, c'est aussi une récurrence de métiers. Parce qu'en fait, nous sommes beaucoup moins sensibles à telle ou telle vague ou à telle ou telle bulle ou collapse sur tel ou tel marché que la plupart des sociétés qui ne sont focalisées que sur un seul métier.
EBM : Je vous ai entendu prononcer le chiffre de 300 millions de résultat. Je vous ai entendu par le passé dire que le dividende et le niveau du dividende serait conditionné au résultat et, notamment, à un objectif de 300 millions pour amener le dividende à 2,2 si ma mémoire est bonne. Est-ce que vous annoncez une augmentation du dividende ?
Alain Dinin : Alors, on annonce, effectivement, en même temps que des prévisions de résultat pour 2017 et pour 2018, ce que peu d'entreprises font, une augmentation de notre dividende qui va passer de 2,20 à 2,40, sous réserve bien entendu que l'Assemblée Générale et les actionnaires l'acceptent. Alors, pourquoi est-ce qu'on fait ça ? Parce que d'abord, notre hypothèse de travail qui a modifié assez fondamentalement la structure de l'entreprise vers une société, vraiment, de services destinés aux clients, elle a un objectif de croissance de résultat et de croissance future. Alors, la croissance 2017-2018, elle vient de nos métiers historiques. La future croissance au-delà, et sur les plans 2018-2020, et d'ailleurs, on publiera début 2018 un plan stratégique pour les 3 années qui suivront, ces hypothèses de croissance, elles ont besoin d'être confortées dans les marchés par le fait que nous sommes extrêmement sereins sur la façon dont nous gérons notre entreprise, dont on maîtrise les cash-flow et dont on sait comment on va utiliser notre BFR dans un monde qui paraît complexe, et qui l'est, mais qui n'est pas aussi incertain sur les sujets de l'immobilier qu'il pourrait le paraître dans d'autres métiers. Donc, à partir de là, autant dire à nos actionnaires aussi, sans toucher à la capacité d'endettement et à la capacité de financement de sa croissance, on est capable d'augmenter le dividende, donc on va le poser à 2,40 -ce qui est une croissance de près de 10 %- pour 2017 et pour 2018.
Et puis si on regarde un peu quelle est la structure de l'actionnariat de Nexity, elle est majoritairement une société cotée en bourse avec 74 % de flottant, mais un actionnaire de référence qui sont les salariés et les cadres de l'entreprise. Ce qu'il faut bien avoir en tête c'est que l'ensemble du corps social de l'entreprise représente presque 15 % d'actionnaires et ces gens-là ont besoin aussi de dividendes. Donc, nos intérêts sont alignés avec ceux du marché et cette réponse-là, elle est aussi une réponse sereine sur le futur pour ceux qui se diraient "est-ce que c'est un dividende pour une ou deux années, ou pour plus longtemps ?".
EBM : C’est une tendance.
Alain Dinin : Voilà, c'est une tendance. Il faut que l'ensemble des stakeholders que nous avons chez Nexity soient satisfaits de ce que nous faisons. Les collaborateurs parce qu'ils sont sur des projets de croissance : ils participent, puisqu'ils sont actionnaires, aux fruits de l'expansion de l'entreprise et ils en ont les dividendes. Les actionnaires financiers parce qu'il est normal qu'ils aient un retour sur investissement. Et les actionnaires futurs, parce que, comme ça, ils se disent "tiens, il y a un projet de croissance, il y a une transformation de l'entreprise et, en même temps, il y a du rendement, donc tout va bien...".
EBM : Et bien évidemment, les clients aussi. Alain Dinin, PDG de Nexity, merci beaucoup.
Alain Dinin : Merci à vous.