EBM : Société Générale publie ses résultats au deuxième trimestre 2022. Frédéric Oudéa, bonjour et bienvenue.
Frédéric Oudéa : Bonjour.
EBM : Vous êtes le Directeur général de Société Générale. Quel bilan dressez-vous de ce deuxième trimestre ? Dans un monde toujours marqué par l'invasion de l'Ukraine par la Russie et par l'inflation.
Frédéric Oudéa : Écoutez, on a d'excellentes performances au deuxième trimestre, de très bons résultats. Bien entendu, on enregistre les effets de la cession de notre filiale en Russie comme prévu, 3 milliards après impôts. Mais si on raisonne hors cette perte, qui a des impacts très limités en capital, tous nos métiers progressent. On a une forte progression des revenus, une bonne gestion des coûts, un coût du risque faible qui traduit la qualité du portefeuille de crédit et donc un résultat sous-jacent très élevé. Que ce soit sur le deuxième trimestre ou sur le premier semestre, nous avons des résultats supérieurs à l'année dernière qui marquait déjà un niveau historique. Bref, des niveaux de résultats très satisfaisants et tous les métiers y participent. Ensuite en capital, c'est important dans cette période, là aussi, on a un bon niveau de capital qui se maintient stable par rapport à la fin du premier trimestre 2021. Donc, je suis très satisfait des résultats de ce deuxième trimestre qui traduisent une dynamique de l'ensemble de nos métiers.
EBM : Pourriez-vous revenir plus en détail sur les performances des différents métiers du Groupe ?
Frédéric Oudéa : Vraiment, tous les métiers participent à cette performance remarquable du deuxième trimestre. Les réseaux France d'abord, avec une bonne activité commerciale en matière de crédit, de collecte de dépôts, de conseils et de commissions. Boursorama a franchi le cap des 4 millions de clients en juillet et on a avec succès commencé à basculer un certain nombre de clients d’ING. Et puis enfin, la banque privée établit un niveau record de revenus. En ce qui concerne la banque de détail à l'international, que ce soit en Afrique ou en Europe, là aussi des résultats de très forte croissance et on tire parti de franchises où nous sommes leader sur nos géographies. Résultats - comment les qualifier - spectaculaires de la gestion de flotte automobile qui se développe mais en plus bénéficie de la situation du marché de l'automobile. Très fort résultat de l'assurance et également de notre activité de leasing. Enfin, et ça fait maintenant deux ans que c'est le cas, des résultats de marché en progression très satisfaisants. Nous avons donc bien géré la volatilité, les évolutions, parfois les chocs qu'on a pu voir, notamment sur les taux et une activité là aussi de financement et de conseil qui a un niveau record. Donc vraiment pour tous les métiers, un trimestre excellent et je le répète, qui traduit aussi des années de travail pour établir ces franchises.
EBM : À l'occasion de ces résultats, vous remettez en perspective votre feuille de route stratégique et communiquez des cibles financières pour 2025. Pourriez-vous nous en dire davantage ?
Frédéric Oudéa : Vous avez tout à fait raison. Au-delà de l'incertitude sur le très court terme, il nous semblait important de nous projeter à 2025. De dire au fond voilà, on a lancé un certain nombre de chantiers et voilà ce qu'on peut attendre sur 2025 en ayant un certain nombre de priorités, stratégiques en tête, qui nous guident aujourd'hui. D'abord, la satisfaction client; c'est un objectif essentiel pour tous les métiers. Les transformations profondes autour de l'ESG (critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance), notamment la transition énergétique, la poursuite de la digitalisation qui va toucher tous les métiers et toutes les fonctions. Bref, viser des axes clairs. Et derrière, on essaie de dérouler ce que ça veut dire pour nos objectifs sur chacun des métiers, avec effectivement une mise en cohérence, une mise en perspective de ces différents projets. Alors ce qu'on affiche, ce qu'on annonce, c'est au fond l'ambition d'arriver à ce niveau de rentabilité de 10% de manière durable, sur la base d'une cible en capital, là aussi qui est adaptée à notre business model de 12 %. Et l'objectif, c'est de poursuivre la croissance de l'ensemble de nos métiers. Grâce à notre rentabilité, on peut alimenter l'investissement, on peut financer la croissance de nos métiers tout en poursuivant des objectifs de productivité, d'efficacité, je pense en particulier sur l'informatique. L'objectif est de dépenser mieux en matière informatique, donc de réduire légèrement le pourcentage de dépenses informatiques par rapport au total des revenus et d'améliorer donc au total le coefficient d'exploitation du Groupe. Et plus particulièrement concernant le financement durable, nous avons augmenté nos objectifs et nous avons porté cet objectif à 300 milliards d'euros de financement entre 2022 et 2025. Donc un travail extrêmement discipliné, nos chantiers stratégiques sont lancés. Nous avons neuf mois pour finalement finaliser l'existence d'un certain nombre des entités juridiques qui vont soutenir cette croissance. Et puis ensuite, pendant deux ans, deux ans et demi, tirer les fruits de toutes ces initiatives stratégiques.
EBM : Et pour conclure, quelles sont vos principales initiatives stratégiques en cours dans les différents métiers du Groupe ?
Frédéric Oudéa : D'abord, la fusion de nos deux réseaux en France, c'est probablement le projet le plus lourd et là on arrive à un moment crucial puisqu'au premier semestre, c'est la fusion juridique en début d'année et les bascules informatiques. Deuxièmement, terminer la bascule des clients d’ING pour Boursorama et bâtir une nouvelle étape stratégique pour Boursorama qui est un actif formidable et très distinctif dans le business model de Société Générale. On a bien entendu pour la mobilité, ce secteur de la mobilité, l'enjeu l'ambition de finaliser d'ici la fin de l'année l'acquisition de LeasePlan pour créer ce leader de la mobilité qui sera un acteur fondamental en matière d'ESG et de faire pivoter les flottes automobiles, les usages et la nature des véhicules. Et plus généralement, tous nos autres métiers sont engagés dans des transformations organiques profondes. Et encore une fois, il y a dans neuf mois une capacité à dire voilà, ces entités existent et maintenant tirons les fruits de tous ces développements stratégiques.
EBM : Frédéric Oudéa, merci.
Frédéric Oudéa : Merci.