EuroBusiness Media (EBM) : Leader global et diversifié de la santé, Sanofi publie aujourd’hui ses résultats pour l’année 2017. J’ai le plaisir d’être avec le Directeur Général de Sanofi. Bonjour Olivier Brandicourt et bienvenue. Quel bilan tirez-vous des résultats de 2017 ?
Olivier Brandicourt : Le 4ème trimestre a présenté quelques défis mais globalement, en 2017, le Bénéfice Net Par Action (BNPA) des activités est resté stable, dans la lignée des perspectives annoncées. En termes de ventes, le chiffre d’affaires de notre activité Diabète aux États-Unis a, comme nous l’avions anticipé, reculé de plus de 20 %. Cette baisse est néanmoins compensée par la croissance à deux chiffres des ventes de Sanofi Genzyme, qui progressent de 16,8 %, par la croissance de 8,3 % des ventes de Sanofi Pasteur et par une progression de 6 % du chiffre d’affaires des Marchés Émergents, portée par la solide performance de la Chine.
Globalement, nous sommes satisfaits des mesures que nous avons prises pour renforcer l’entreprise. Le BNPA des activités pour l’ensemble de l’année s’inscrit à 5,54 €, comme nous l’avions prévu, et nous proposons un dividende de 3,03 €. Il s’agit de la 24ème hausse annuelle consécutive du dividende.
EBM : Quels progrès avez-vous enregistrés en 2017 dans le déploiement de votre stratégie ?
Olivier Brandicourt : Notre stratégie à l’horizon 2020 s’appuie sur 4 piliers : recentrer nos domaines d’activité, soutenir l’innovation en R&D, exceller dans le lancement de nos produits et simplifier notre organisation pour devenir plus efficaces.
Afin de recentrer nos domaines d’activité, nous avons échangé en 2017 notre activité Santé Animale contre une position de leader sur le marché de la Santé Grand Public. Nous avons repris le contrôle de notre activité Vaccins en Europe et ajouté Flublok à notre portefeuille. Nous y avons également adjoint un anticorps monoclonal dirigé contre le virus respiratoire syncytial ou VRS. Le processus de dissociation de notre activité Génériques en Europe, dans l’objectif de sa cession d’ici à la fin de 2018, progresse favorablement. Le succès de ces projets témoigne de notre capacité à gérer des enjeux commerciaux complexes et cela a eu un impact positif immédiat sur l’entreprise.
S’agissant des lancements et même si certains ne progressent pas aussi vite que nous l’avions anticipé, nous sommes très satisfaits du déploiement de notre franchise Immunologie et en particulier du lancement de Dupixent, qui dépasse nos attentes et entraînela solide croissance des ventes de Sanofi Genzyme. Ce médicament innovant est aujourd’hui prescrit à plus de 33 000 patients aux États-Unis. Kevzara, notre second actif en immunologie, enregistre des progrès satisfaisants et a affiché un rebond dans les Maladies Rares qui lui a permis de clôturer l’année sur une solide croissance de 8 % au quatrième trimestre.
EBM : Qu’en est-il de la R&D, deuxième axe de votre stratégie à l’horizon 2020 ?
Olivier Brandicourt : En R&D, nous développons des plateformes technologiques qui ciblent plusieurs mécanismes à la fois pour le traitement de maladies complexes. C’est ce qu’on appelle l’approche multi-cibles. Cela nous aidera à bâtir une franchise Immunologie compétitive, de nous reconstruire en oncologie et de défendre notre position de leader dans le diabète et le cardiovasculaire.
Le taux de succès des projets portés par notre R&D est aujourd’hui supérieur à celui du secteur, pour toutes les phases cliniques et réglementaires clés, et nous sommes bien positionnés pour devenir l’un des principaux acteurs du secteur pharmaceutiques en matière de R&D.
En ce qui concerne la simplification de l’organisation, nous avons terminé la mise en place de notre nouvelle structure avec 5 Entités Commerciale Globales et des fonctions Support centralisées. Cela nous a permis de tenir notre promesse et de réaliser 1,5 milliard d’euros d’économies au cours des deux dernières années.
Pour répondre à votre question, je dirais que nous sommes satisfaits des progrès accomplis et impatients d’accélerer notre transformation en 2018.
EBM : Parlant d’intensification, vous avez annoncé d’importantes opérations en janvier 2018. Comment Sanofi entame-t-elle cette nouvelle année ?
Olivier Brandicourt : L’année 2018 a démarré à plein régime pour Sanofi. Le mois dernier, nous avons en effet annoncé des avancées majeures dans la réalisation de nos objectifs stratégiques.
Nous avons renégocié notre contrat avec Alnylam et obtenu les droits mondiaux sur le fitusiran pour le traitement des hémophilies A et B.
Nous avons annoncé l’acquisition de Bioverativ, qui apportera à Sanofi une franchise solide, avec des produits déjà commercialiséssur le marché de l’hémophilie qui pèse 10 milliards de dollars. Mais cette acquisition ne se limitera pas à ce segment — elle constitue une plateforme qui nous permettra d’étendre notre présence dans les troubles hématologiques rares.
Nous avons également annoncé l’acquisition d’Ablynx. À court terme, cette opération renforce notre portefeuille avec le caplacizumab, qui devrait être approuvé cette année et sera le premier médicament indiqué dans le traitement du purpura thrombotique thrombocytopénique acquis (PTT acquis). Ablynx consolide également notre R&D avec sa plateforme technologique innovante Nanobody® et ses applications, non seulement en hématologie, mais aussi dans les maladies respiratoires et immuno-inflammatoires.
Ces avancées remodèlent en profondeur notre portefeuille en Médecine de spécialités et nous permettront d’occuper une position de leader dans le traitement de l’hémophilie et d’autres troubles hématologiques rares, en plus de consolider significativement notre R&D.
EBM : Qu’en est-il du coût de ces acquisitions ? Le marché semble penser qu’elles sont très coûteuses...
Olivier Brandicourt : Merci pour cette question.
Il est important de savoir que ces opérations obéissent à une stricte discipline financière. De fait, nous anticipons un retour sur investissement supérieur au coût du capital investi dans un délai de trois ans. L’acquisition de Bioverativ devrait par ailleurs avoir un effet relutif immédiat sur le BNPA des activités.
Globalement, après une période consacrée depuis 2015 à une restructuration en profondeur, nous disposons aujourd’hui des outils pour piloter notre croissance.
EBM : Qu’attendez-vous de 2018 ? Quelles sont vos perspectives ?
Olivier Brandicourt : En 2018, Sanofi va commencer à récolter durablement les fruits de son succès.
Nous n’avons ménagé aucun effort pour mettre l’exécution de notre transformation stratégique au service de la création de valeur. Sanofi est plus compétitive parce qu’elle est mieux structurée et parce qu’elle a recentré ses domaines d’activité. L’allocation des ressources obéit à un processus plus discipliné. Nous avons atteint nos objectifs financiers. Nous avons lancé avec succès notre nouvelle franchise Immunologie, tirée par Dupixent. Notre portefeuille de de traitements en développement progresse et nous avons développé nos capacités de recherche.
En 2018, grâce aux acquisitions que nous venons d’annoncer, nous serons solidement positionnés dans les maladies sanguines rares, ce quidevrait créer de la valeur à long terme pour nos actionnaires. Sanofi devrait renouer avec la croissance et nous anticipons un BNPA des activités compris entre 2 % et 5 % à taux de change constants.
EBM : Olivier Brandicourt, Directeur général de Sanofi, merci beaucoup.
Olivier Brandicourt: Merci.