EuroBusiness Media (EBM) : Société Générale, l'un des plus grands groupes européens de services financiers, publie ses résultats pour le premier trimestre. Frédéric Oudéa, bonjour. Vous êtes le Directeur général de Société Générale. Comment s'est passé le début de l'année 2016 pour Société Générale ? Et puis, aussi, vos activités ont-elles été impactées par un environnement difficile, comme ce fut le cas pour la plupart des banques ?
Frédéric Oudéa : Je crois que, dans un environnement, comme vous le dites, compliqué sur les marchés, et notamment par rapport à l'année dernière, on a des très bonnes performances. Et on voit notamment le bénéfice du modèle d'activités diversifiées où, effectivement, baisse des revenus de marchés, mais qui sont compensés par la bonne prestation des activités de banque de détail et de nos activités de banque de financement. Donc, au total, qu'est-ce que ça donne ? Une légère érosion des revenus, marginale, deuxièmement, une bonne gestion des risques et des coûts, et au total un résultat net qui progresse légèrement et est stable, si on enlève les éléments non économiques. Et donc, là aussi, un bénéfice par action. Ça montre la résilience de ce modèle qui est alimenté, notamment, par une croissance des synergies entre nos métiers. Le niveau d'intégration entre nos métiers est très important d'un point de vue stratégique et, année après année, nous augmentons ce niveau de synergie. Donc, au total, bonnes performances, solides performances, que ce soit en absolu ou par rapport à nos pairs.
EBM : Alors tournons-nous maintenant vers la banque de détail en France, qui affiche une activité commerciale et financière solide et, ceci, dans un environnement de taux bas. Alors, justement, comment vous expliquez cette performance ?
Frédéric Oudéa : D'abord, il y a une poursuite de la dynamique commerciale. Dans la foulée de 2015, nous continuons à accumuler de nouveaux clients, à conquérir de nouveaux clients. 1 000 entreprises supplémentaires sont entrées en relation avec la Société Générale, ou plus de 60 000 nouveaux clients chez Boursorama. Ceci nous permet, si vous voulez, d'absorber les effets négatifs de la baisse des taux et, surtout, des taux négatifs. Donc, la baisse des revenus qui était anticipée, est, somme toute, limitée. La maîtrise des coûts et une baisse du coût du risque nous permettent d’afficher une progression de la contribution des réseaux France qui, on le voit, confirment leur statut de pilier de solidité. Ça n'est pas nécessairement de là que vient la croissance, en revanche, c'est un socle autour duquel on peut bien sûr, aussi, bâtir. Et là aussi, les synergies entre métiers délivrent, que ce soit en matière d'assurances ou de services aux entreprises. L'encours des crédits progresse de 4 % (nous finançons l'économie, nous sommes au service de l'économie). Et encore une fois, nous affichons, je pense, de bonnes performances financières.
EBM : Concernant la banque de détail et services financiers internationaux, un autre pilier du groupe, vos résultats semblent progresser de manière positive. Alors, justement, quelles en sont les raisons ?
Frédéric Oudéa : C'est, je pense, une des grandes satisfactions, une grande confirmation surtout du potentiel de croissance et de rentabilité de ce pilier. Nous doublons en effet, nous multiplions par 2 la contribution nette de ce pôle. Quelques mots. Ce pôle, c'est des activités de banque de détail à l'étranger, notamment dans des pays qui n'ont pas de politique de taux négatifs, de taux d'intérêts négatifs (ça aide), mais qui ont aussi un potentiel de croissance qui va être meilleur que la zone Euro. Et puis ce sont des services financiers aux entreprises, et de l'assurance, qui continuent à très bien se développer. Alors, au total, sur la banque de détail à l'étranger, réduction des pertes comme prévu en Russie, progression de la plupart de nos franchises, forte croissance des prêts, je pense, en Europe et en Afrique. Et au total, donc, voyez, des contributions qui s'améliorent. En ce qui concerne les services financiers, j'ai mentionné l'assurance : on continue à collecter des flux d'épargne. Et puis nos services financiers aux entreprises se développent à la fois en croissance organique et puis par des acquisitions ciblées. On annonce également aujourd'hui, de facto, le closing d'une acquisition de Parcours (60 000 véhicules supplémentaires) : je crois beaucoup à ce métier.
EBM : Le premier trimestre a été caractérisé par un environnement de marché difficile. Dans quelle mesure cela a impacté Société Générale ?
Frédéric Oudéa : J'ai l'impression, au fur et à mesure que nos pairs publient, qu'en fait on a été moins impactés que nos pairs. Pourquoi ? Nos revenus de marché baissent de 13 % mais par rapport à une base très élevée du T1 mais progressent par rapport à la fin de l'année. Et cette baisse est plus faible que ce que nos pairs affichent. Donc on voit la résilience du modèle de marché. Et notamment une forme de compensation entre le métier action qui baisse mais le métier fixed income qui progresse. Et ça, c'est intrinsèque à mon avis à notre structure d'activité. Nos activités de financement progressent. Nous avons continué à mettre du capital au service des entreprises, des financements (progressent de près de 8 %). Donc, au total, vous voyez, une photo des revenus qui est plutôt bonne. Nous continuons à mettre l'accent sur la maîtrise des coûts. Nous avons annoncé notamment un nouveau plan d'économies pour nous adapter à un environnement qui change : 220 millions d'euros supplémentaires à l'échéance 2017, que l'on commence à mettre en œuvre. Et enfin, le coût du risque est maîtrisé, en dépit des impacts limités qu'a eu le prix du pétrole, bas, sur un certain nombre de nos expositions. Mais nous confirmons également notre vision sur l'année : une stabilité du coût du risque. Donc, au total, une belle performance résiliente.
EBM : Et enfin, pour conclure, comment est-ce que vous envisagez le reste de l'année 2016 ?
Frédéric Oudéa : Au total, je crois qu'on a des perspectives favorables. Ce modèle diversifié, il a beaucoup d'atouts. Une nouvelle fois, il s'adapte à des environnements qui peuvent changer. Nous l'avons profondément transformé et nous développons, une nouvelle fois, les synergies. Les performances commerciales de l'ensemble de nos métiers sont bonnes. C'est ça que je regarde aussi pour la génération de revenus futurs. Et au total, je répète, nous allons continuer à porter l'action sur la maîtrise des coûts et des risques. Donc, nos perspectives 2016, me semble-t-il, restent favorables, dans un environnement qui lui, peut rester en partie heurté, en partie incertain, j'en suis très conscient. Dans une perspective économique de croissance raisonnable pour la zone Euro et aux Etats-Unis également, il n'y a pas de raison que nous n'ayons pas une activité 2016 satisfaisante, et la poursuite de la transformation, surtout, structurelle du groupe.
EBM : Frédéric Oudéa, Directeur général de Société Générale, je vous remercie.
Frédéric Oudéa : Merci.