EBM : Le groupe Société Générale, l'un des plus grands groupes européens de services financiers, publie ses résultats au premier trimestre 2022. Frédéric Oudéa, bienvenue.
Frédéric Oudéa : Bonjour, merci.
EBM : Vous êtes le Directeur général de groupe Société Générale. Quel bilan dressez-vous de ce premier trimestre 2022, marqué bien sûr par la crise en Ukraine et en Russie?
Frédéric Oudéa : Ecoutez, on a un excellent début d'année, un très bon premier trimestre, très cohérent avec la dynamique observée en 2021 en dépit, comme vous le dites, d'un environnement plus incertain avec cette crise grave évidemment en Ukraine. Ça se traduit par un niveau de revenus qui augmente très fortement, 16 % de croissance de nos revenus, des coûts bien maîtrisés, un coût du risque qui intègre les effets de la crise en Russie. On provisionne mais on reste très prudent sur le provisionnement. Mais tout ça néanmoins donne un résultat net en forte progression à 1,6 milliard en sous-jacent, en progression de plus de 20 % par rapport à l'année dernière. Et vraiment, tous les métiers contribuent à cette dynamique. On garde un très bon niveau de capital qui absorbe là aussi les effets de la crise et à vrai dire, très largement, l'annonce de la cession de la Russie de notre filiale en Russie, le niveau de capital qui nous permet de bien sûr confirmer à nouveau la distribution annoncée pour 2021. Alors ce trimestre, il a été très intense parce qu'on a travaillé sur nos métiers, dans l'accompagnement des clients, nos projets stratégiques. Et puis, bien sûr, encore une fois, on a annoncé cette cession de notre filiale en Russie. Après avoir géré les premiers effets de la crise, les premiers enjeux immédiats, nous avons pris la décision de sortir de Russie de manière ordonnée, effective, en annonçant la cession de notre filiale à Interros Capital et on entend « closer » évidemment dans les prochaines semaines. Un trimestre très intense, mais très réussi.
EBM : Et plus précisément, quelles ont été les dynamiques de vos principaux métiers?
Frédéric Oudéa : Comme je le disais, tous les métiers ont participé à cette très belle dynamique. Les réseaux France, forte croissance des productions de crédit, très haut niveau des commissions à la fois des commissions financières et puis des commissions de services. Certes, comparé à l'année dernière où il y avait encore des éléments de confinement, mais très belle dynamique de revenus. Et puis Boursorama qui conquiert un nombre de clients proche de 400 000 sur un trimestre, jamais on n'avait fait un trimestre pareil. Donc très belle activité dans le réseau français. Les réseaux de détail à l'international, c'est pareil en Europe et en Afrique, belle dynamique commerciale, en crédit, en dépôt. On a de très solides activités d'assurance, de services financiers et puis ALD qui a des performances absolument spectaculaires, avec à la fois la croissance des flottes mais aussi le bénéfice des reventes de véhicules d'occasion dans un marché automobile qui reste, comme on le sait, assez perturbé. Enfin, les activités de financement et de marchés fonctionnent parfaitement. Des activités de marché qui sont là aussi en croissance de près de 20 % par rapport à déjà un bon niveau de Q1 de l'année dernière et des financements qui progressent aussi dans ce type d'ordre de grandeur, avec là aussi beaucoup de transactions et en accompagnement de nos clients. Donc vraiment à vrai dire peu de choses à dire sur les métiers si ce n'est un tableau de forte croissance partout.
EBM : Et quelles ont été les principales avancées sur les chantiers stratégiques?
Frédéric Oudéa : C'est vrai qu'en parallèle, bien sûr de faire fonctionner nos métiers au service de nos clients. Nous avons des avancées stratégiques majeures, des projets stratégiques majeurs pour transformer le business model. Premièrement, la signature de l'accord concernant l'acquisition de LeasePlan est une étape très significative. Je vous rappelle qu'on a l'ambition de « closer » cette transaction, si possible en fin d'année. Deuxièmement, l'accord définitif signé entre Boursorama et ING, cette offre alternative aux clients d’ING, puisque vous le savez, ING se retire de ses activités de banque de détail en France. Troisièmement, dans la fusion de nos réseaux. Deux avancées significatives, la présentation de la nouvelle architecture de marque, très cohérente avec une organisation plus régionale, comme on l'avait dit, mais qui préserve les marques du Crédit du Nord tout en ayant une ombrelle nationale et puis un accord avec tous nos syndicats pour la mise en œuvre, l'accompagnement social et bien entendu des synergies qui résulteront de cette fusion qui, je le rappelle, est programmée pour le début de l'année, d'un point de vue juridique, en début d'année 2023, avec des bascules informatiques sur le premier semestre. Et puis enfin le prolongement de tous nos efforts en matière d'ESG. Nous annonçons un nouvel objectif en matière de financement durable, 300 milliards sur la période 2022-2025. Un cocktail de financement sur notre bilan et d'obligations que nous organisons, que nous arrangeons à un niveau senior. Bref, ce premier trimestre a une nouvelle fois été aussi une grande réussite. Nous avançons tous nos projets en temps et heure et avec beaucoup d'enthousiasme.
EBM : Enfin, quelles sont vos priorités pour les trimestres à venir?
Frédéric Oudéa : En simplifiant, j’allais vous dire continuer. Si je me projette en mai 2023, donc à 4 trimestres, on a l'opportunité d'avoir achevé la mise en place d'un nouveau business model très équilibré, très résilient, très différenciant. Et un modèle de croissance, en dépit, je le répète, d'un environnement, on le sait, qui va être plus contraint et un modèle qui accompagne, qui va accompagner les clients dans leur transition de business model et dans leur transition, notamment énergétique. Nous aurons une nouvelle banque de détail en France. Comme je le dis, la fusion sera terminée en mai 2023. Nous aurons un Boursorama qui pourra penser à de nouvelles étapes de son développement. Après avoir atteint 4 à 4,5 millions de clients en France d'ici fin 2022, nous aurons cette nouvelle, ce nouveau leader mondial de la mobilité, avec cette combinaison entre ALD et LeasePlan. Et c'est 15 ans de croissance et d'accompagnement des entreprises clientes, mais aussi des particuliers et des changements des usages. Nous aurons là aussi franchi de nouvelles étapes, que ce soit en Europe ou en Afrique, en banque de détail, avec bien sûr des transformations avec l'utilisation des nouvelles technologies. Et puis sur la banque d'investissement et de financement, l'idée, c'est de dire, 2022 montrons ce que nous savons faire dans un environnement plus perturbé. Et le premier trimestre en est aussi une parfaite illustration de cette capacité à délivrer de la valeur ajoutée à nos clients dans des rôles de financement, de conseil et d'accompagnement, sur nos activités de marchés et avec une rentabilité pour nos actionnaires. Bref, continuons de faire l'année 2022, une belle année, une année de construction, tout en restant évidemment bien sûr lucide sur les risques géopolitiques, économiques et financiers.
EBM : Frédéric Oudéa, merci.
Frédéric Oudéa : Merci.