EuroBusiness Media (EBM) : Jean-Laurent Bonnafé, bonjour et bienvenue !
Vous venez de publier les résultats du 2ème trimestre. Quels en sont les principaux faits marquants ?
Jean-Laurent Bonnafé : Au 2ème trimestre, BNP Paribas a réalisé de bons résultats et confirmé sa solide génération de capital.
Les revenus progressent de plus de 2 % au 2T avec une évolution positive des pôles opérationnels sur une base comparable. Les revenus sont impactés par un effet de change défavorable, mais ils bénéficient par ailleurs de la plus-value réalisée sur la vente de Visa Europe.
Les coûts sont globalement stables par rapport à l’an dernier.
Au niveau du groupe, le coût du risque diminue sensiblement, à 45 points de base ; en baisse, ou peu élevé, dans la plupart de nos métiers.
Le résultat net du Groupe reste stable à un niveau élevé, à près de 2,6 milliards d’euros. Hors l’effet des éléments exceptionnels, positifs ce semestre, la rentabilité des fonds propres s’améliore, à 9,7 %, et celle des fonds propres tangibles à 11,6 %.
Comme je l’indiquais, le Groupe confirme au 2T sa solide et récurrente capacité à générer du capital, avec une nouvelle amélioration du ratio Common Equity Tier 1 « plein », qui atteint 11,1 %.
EBM : Comment a évolué le pôle Domestic Markets au 2ème trimestre ? Et quels sont les progrès réalisés par Arval dans l’intégration de l’activité de gestion de flotte rachetée à GE l’an dernier ?
Jean-Laurent Bonnafé : L’ensemble Domestic Markets montre une bonne résistance au 2ème trimestre. On observe une croissance graduelle de la demande de crédit, et la croissance des dépôts se poursuit dans tous nos métiers.
Domestic Markets continue également d’étendre et d’enrichir son offre digitale.
Hello bank!, notre banque 100% digitale, poursuit son développement, avec 210 000 nouveaux clients au premier semestre.
Par ailleurs, notre offre digitale s’enrichit avec le lancement imminent d’une nouvelle application baptisée Wa!, solution de paiement multi-services sécurisée et innovante pour téléphone mobile, combinant paiement, programmes de fidélisation et offres promotionnelles.
Si l’on regarde le compte de résultat, les revenus sont en très légère baisse à 4 milliards d’euros. La baisse des taux et le faible niveau des commissions financières continuent de peser, mais les activités spécialisées et la Banque de Détail en Belgique ont réalisé tous deux une bonne performance ce trimestre.
Les frais de gestion sont en hausse modérée et le coût du risque diminue, particulièrement en Italie. Ainsi, le résultat avant impôt s’élève à 1,1 milliards d’euros au 2ème trimestre, confirmant la bonne résistance de cette division.
L’intégration de GE Fleet Services au sein d’Arval progresse bien. Comme vous le savez, avec cette acquisition finalisée en novembre 2015, Arval est devenu le leader européen avec une flotte d’environ 900 000 véhicules. L’apport de GE fait qu’Arval est désormais le leader du marché en France, en Italie, en Espagne et en Belgique, et qu’il a pratiquement triplé sa présence en Allemagne.
Globalement, l’acquisition de GE devrait générer d’ici trois ans quelque 45 millions d’euros de synergies, essentiellement sous forme de synergies de coût.
Pour résumer, une bonne résistance du pôle Domestic Markets, qui poursuit le développement de notre offre digitale et l’intégration rapide de GE Fleet Services au sein d’Arval.
EBM : Quels sont les faits marquants du 2ème trimestre pour International Retail Banking ? Aux vues des récents événements en Turquie, que pouvez-vous nous dire de TEB, votre banque de détail dans ce pays ?
Jean-Laurent Bonnafé : Si l’on regarde tout d’abord BancWest aux États-Unis, l’une des étapes marquantes du trimestre est la réussite, dès le premier passage, du stress test CCAR, confirmant la solidité de notre activité de banque de détail aux États-Unis.
La bonne dynamique commerciale s’est poursuivie, avec une hausse de plus de 6 % des dépôts et de près de 8 % des crédits. Les actifs sous gestion de la banque privée progressent bien, à 10,9 milliards de dollars.
À périmètre et change constants, les revenus progressent de près de 1 %, hors plus-values de cession de crédits réalisées l’an dernier. Globalement, les revenus ont été pénalisés par la baisse de la courbe des taux par rapport à l’an dernier. Les coûts ont augmenté en raison des investissements faits pour renforcer le dispositif commercial, tandis que le coût du risque est resté faible.
Au total, le résultat avant impôt diminue à 181 millions d'euros au 2T.
Dans la zone Europe-Méditerranée, l’activité progresse bien, tant en termes de crédits que de dépôts. Dans cette zone, nos banques digitales continuent d’attirer de nouveaux clients : en Turquie, Cepteteb a déjà atteint la barre des 290 000 clients, tandis qu’en Pologne, BGZ Optima avoisine les 180 000 clients.
À périmètre et changes constants, et hors éléments non-récurrents, les revenus progressent, alors que les coûts augmentent sous l’effet de la nouvelle taxe bancaire en Pologne et de l’augmentation de l’activité. Le coût du risque recule ce trimestre. Au global, la contribution d’Europe-Méditerranée aux résultats du groupe est en baisse à environ 150 millions d’euros.
Vous évoquiez également les récents événements en Turquie. Notre filiale locale, TEB, est une banque très bien gérée. Elle se finance localement et son ratio de solvabilité s’élevait à 13,7 % fin 2015. En termes d’exposition, TEB représente 1,3 % du montant brut des engagements totaux du groupe.
TEB est une banque locale très solide, engagée au service de ses clients.
EBM : Votre pôle de crédit à la consommation, Personal Finance est un contributeur d’importance croissante aux résultats du groupe. Quelle a été sa performance au 2e trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Personal Finance montre une activité soutenue au 2ème trimestre, avec une augmentation de 9 % des encours sur base comparable, en lien avec la hausse de la demande dans la zone euro.
La digitalisation de l’activité progresse bien, comme le montre notamment le nombre croissant de dossiers traités électroniquement. Au premier semestre, le nombre de dossiers avec une signature digitale augmente de 15 % par rapport à la même période l’an dernier.
Les revenus sont impactés ce trimestre par un effet de change défavorable. À périmètre et changes comparables, ils progressent de 2,8 %, grâce à la hausse des volumes et à un positionnement croissant sur des produits offrant un meilleur profil de risque.
Une bonne maîtrise des coûts ainsi que la réduction sensible du coût du risque entrainent une forte hausse du résultat avant impôt, à 364 millions d’euros, soit une amélioration de près de 20 % à périmètre et à change constants.
En conclusion, Personal Finance réalise une très bonne performance au 2T, confirmant sa forte contribution aux résultats du groupe.
EBM : Passons à vos activités d’épargne et d’assurance : quels sont les faits marquants du trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Le total des actifs sous gestion augmente de 13 milliards au premier semestre à 967 milliards d’euros, grâce à une bonne collecte nette dans tous nos métiers.
L’essentiel de cette collecte provient en fait du deuxième trimestre.
Prenons d’abord l’assurance : les revenus augmentent de 9 % grâce à un niveau élevé des plus-values réalisées.
Les coûts restent bien sous contrôle, conduisant à un résultat avant impôt de 387 millions d’euros, en hausse de 13 % par rapport à l’an dernier.
Dans Wealth & Asset Management, nos revenus résistent bien malgré un contexte de marché défavorable. Grâce à une gestion efficace des coûts, le résultat avant impôt n’est que marginalement plus faible, à 181 millions d'euros.
Pour résumer, les résultats de notre activité d’assurance progressent au 2ème trimestre, tandis que Wealth & Asset Management résiste bien dans un contexte qui reste encore défavorable.
EBM : Dans quelle mesure votre pôle Corporate & Institutional Banking s’est-il amélioré après un début d’année difficile? Quels progrès avez-vous réalisés par rapport au plan de transformation annoncé récemment ?
Jean-Laurent Bonnafé : Notre pôle Corporate & Institutional Banking a réalisé un deuxième trimestre de très bon niveau. Les revenus enregistrent une bonne performance, à plus de 3 milliards d’euros, supérieurs à ceux de l’an dernier qui était une base de comparaison élevée. Global Markets et Corporate Banking réalisent tous deux une bonne performance, alors que Securities Services est en légère baisse.
Passons ces métiers en revue et commençons par Global Markets qui rebondit fortement par rapport au trimestre précédent, grâce à une reprise de l’activité de la clientèle.
Chez Fixed Income, les revenus augmentent sensiblement, à plus de 1 milliard d‘euros, grâce à une activité soutenue sur les taux et sur le change, mais aussi à de bonnes performances sur le crédit et les émissions obligataires.
L’activité Equities est en baisse, mais la base de comparaison de l’année précédente était particulièrement élevée.
Dans Securities Services, le fléchissement modéré des revenus est dû essentiellement au recul des marchés boursiers et à la baisse des volumes de souscriptions et de remboursements de fonds.
Dans Corporate Banking, la progression des revenus traduit l’augmentation des volumes et le bon niveau des commissions du trimestre. Les activités de transaction progressent bien, particulièrement le cash management, tout comme les opérations de financements et de conseil « cross-border ».
Les coûts augmentent du fait de la progression de l’activité. L’augmentation des coûts réglementaires est plus que compensée par les économies réalisées.
Concernant le Plan de Transformation, sa mise en œuvre se poursuit dans le calendrier prévu. Ainsi, sur le volet réduction des coûts, nous avons lancé 55 projets pour harmoniser les systèmes informatiques dans Global Markets.
Concernant l’optimisation du rendement du capital, nous avons déjà cédé ou titrisé 6 milliards d’euros environ, sur les 20 milliards d’actifs pondérés prévus dans notre plan.
En synthèse, une très bonne performance globale pour CIB au 2ème trimestre.
EBM : Concernant le résultat du récent référendum tenu au Royaume-Uni : quel impact pourrait avoir le Brexit sur l’activité et la rentabilité de BNP Paribas ?
Jean-Laurent Bonnafé : Comme vous le savez, BNP Paribas se distingue par un modèle économique diversifié tant en terme de pays que de métiers.
Nous n’avons pas de concentration par pays, par métier ou par secteur ; de fait, aucune de nos activités ne représente plus de 15 % du total des capitaux propres alloués.
Concernant le Brexit plus particulièrement, les activités de marché de BNP Paribas dans la région EMEA sont bien équilibrées entre le Royaume-Uni et la France. Et le groupe génère environ 2,5 % de son résultat opérationnel au Royaume-Uni.
En synthèse, compte tenu du modèle économique diversifié et intégré du Groupe, nous sommes très résilients dans un environnement changeant.
EBM : Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur Directeur général de BNP Paribas, merci beaucoup !
Jean-Laurent Bonnafé : Merci à vous.