EuroBusiness Media (EBM): Le groupe Société Générale, l’un des plus grands groupes européens de services financiers, publie ses résultats pour le 3ème trimestre 2020. Frédéric Oudéa bonjour.
Frédéric Oudéa: Nadia bonjour et puisqu’on est à plus d’un mètre cinquante, je vais me permettre à titre exceptionnel d’enlever mon masque.
EBM : Je vous en prie. Vous êtes le directeur général de Société Générale, quel bilan dressez-vous de ce troisième trimestre de l’année, marqué par un léger rebond de l’activité économique ?
Frédéric Oudéa : Nous affichons un rebond très net de l’activité de tous nos métiers bénéficiant, comme vous le dites, de la fin du confinement et du rebond des activités en général, des économies. Donc on a des résultats qui progressent fortement, non seulement par rapport au deuxième trimestre, mais aussi même par rapport à l’année dernière, et ça c’est quelque chose de notable. On continue à gérer nos coûts avec beaucoup de discipline donc on a une très forte amélioration de ce qu’on appelle notre résultat brut d’exploitation. Et puis point très important évidemment sur le coût du risque : après le provisionnement du premier semestre qui cherchait à anticiper des pertes non constatées mais futures, nous avons un coût du risque à 40 points de base, qui est supérieur à l’année dernière mais très inférieur à celui du premier semestre. Et tout ça nous permet d’afficher un résultat net significatif de plus de 860 millions d’euros, là aussi supérieur à l’année dernière, ce qui traduit la bonne capacité de rebond des métiers. Et enfin, dernier point très important aussi dans cette crise, c’est le niveau de capital. Le fameux ratio core tier 1 progresse fortement, on a une marge considérable par rapport à l’exigence règlementaire. Ça nous donne beaucoup de flexibilité, d’abord pour financer nos métiers mais aussi bien sûr en matière de distribution de dividendes et de rémunération de nos actionnaires.
EBM : Et comment analysez-vous les résultats des métiers ?
Frédéric Oudéa : Si on prend chaque métier, commençons peut être par les activités de Grande Clientèle, celles qui avait finalement souffert au premier semestre, là on a un rebond très, très net puisque les revenus de nos activités de marché notamment, progressent très fortement, sont multipliés par plus de trois en ce qui concerne les revenus d’actions, mais même par rapport à l’année dernière. Et le résultat net, la contribution de cette activité globalement destinée aux grandes entreprises et aux institutions financières, en résultat net progresse très fortement par rapport à l’année dernière. On tente encore de remodeler certains éléments de ce pôle, mais c’était quelque chose d’extrêmement encourageant.
En ce qui concerne les activités de Banque de Détail en France, les Français ont repris le chemin de la consommation, les crédits aux entreprises restent très dynamiques avec notamment le PGE, nous sommes pleinement mobilisés pour soutenir l’économie, c’est plus de 20 milliards d’euros pour le groupe Société Générale qui ont été accordés d’ores et déjà. Et au total, on a un revenu qui continue à baisser à cause des taux bas principalement de l’afflux des dépôts qui nous coûtent, mais néanmoins une belle activité commerciale. Et je voudrais souligner que Boursorama a atteint maintenant 2,5 millions de clients, et suit totalement sa trajectoire.
Et enfin, sur le Réseau International de Banque de Détail et de Services Financiers, il affiche clairement sa résilience. Les économies ont trouvé un peu plus d’activité avec la fin du confinement, les situations varient beaucoup d’un pays à l’autre, mais globalement une très bonne résistance des métiers, de leur contribution au résultat net, et donc c’est un pôle qui reste un pôle de croissance.
EBMl : Enfin, à l’heure du reconfinement dans plusieurs pays du monde impactant encore plus fortement les économies, quelles sont vos priorités ?
Frédéric Oudéa : D’abord c’est terminer bien l’année dans ce climat plus incertain et on a donné des éléments de guidance qui doivent là aussi donner du confort à nos actionnaires. Un coût du risque qui restera bien autour de 70 points de base, donc la fourchette basse qu’on avait indiquée, même en tenant compte le cas échéant d’un environnement plus détérioré à venir. Un niveau de capital qui restera au-delà de 12% et là aussi c’est un gage de sécurité, de confort, de confiance pour aborder l’année 2021.
Ensuite, on est en train de bâtir notre feuille de route stratégique, et ce qu’on souligne aussi justement dans cette communication c’est qu’au-delà des enjeux de court terme dans la crise, on est engagé pleinement dans des transformations fondamentales, structurelles de nos métiers et on cherche à accompagner nos clients dans leur propre transformation. Et cette crise elle accélère les tendances. C’est notamment le cas en matière de digital et on veut évidemment continuer à accompagner nos clients dans leur évolution de l’accès aux services, et puis aussi en matière de transition énergétique et on vient de prendre des engagements extrêmement forts, très concrets. D’abord, on est numéro un mondial à fin septembre du financement des énergies renouvelables. Deuxièmement, on a pris un objectif très concret à court terme de réduction de notre empreinte en matière d’extraction de pétrole et de gaz, ceci tout en accompagnant nos clients dans leur propre transformation et notamment en indiquant qu’à 2025, échéance de notre plan stratégique, cette empreinte serait réduite de 10%. On va le faire, notamment en arrêtant de nouveaux financements d’activité d’extraction de pétrole et de gaz onshore aux Etats Unis, ce sera un des points importants de cette région. Donc vous voyez, quelque chose de très concret, très court terme, très mesurable, qui montre l’engagement du Groupe aussi dans ce domaine.
Et de manière plus générale, dans les prochains mois, on va tracer notre direction stratégique pour tous nos métiers avec des communications dans les toutes prochaines semaines très importantes sur des métiers d’avenir comme la gestion des flottes automobiles, mais aussi par exemple sur les réseaux France etd’ici la fin de l’année nous allons présenter cette étude combinant nos deux réseaux et bien sûr la trajectoire de Boursorama, et puis enfin au premier trimestre sur les activités destinées aux grandes entreprises et aux institutions financières.
Donc je crois qu’on saura montrer là où on veut se diriger avec une ambition collective d’être une banque responsable qui sait construire avec ses clients un monde meilleur et durable, dieu sait que nous y espérons tous.
EBM : Frédérique Oudéa, merci beaucoup
Frédérique Oudéa : Merci