EuroBusiness Média (EBM) : Société Générale, l'un des plus grands groupes européens de services financiers, publie ses résultats du 3e trimestre 2017. Frédéric Oudéa, bonjour. Vous êtes le Directeur Général de Société Générale. Alors, comment s'est comporté le groupe Société Générale au 3e trimestre 2017, notamment au plan commercial ?
Frédéric Oudéa : D’une manière générale, on a une bonne activité commerciale dans l’ensemble de nos activités de Banque de détail, que ce soit en France ou à l’étranger, et notamment les activités de services financiers de Banque de détail à l’étranger confirment leur potentiel de croissance. En revanche, dans un environnement moins porteur sur les marchés financiers, on a moins d’activité sur les marchés, beaucoup d’attentisme des investisseurs.
Globalement, on a un revenu des métiers qui baisse mais qui est compensé largement par une bonne tenue des coûts et toujours un faible coût du risque.
On a décidé, aussi, ce trimestre, de compléter notre provision pour litige. On a une provision générale pour litige : on a décidé d’augmenter de 300 millions d’euros cette provision pour la porter à 2,2 milliards d’euros. Nous sommes en discussion avec les autorités américaines pour résoudre deux dossiers liés, d’une part, au sujet Ibor et d’autre part au sujet LIA. Nous avons donc décidé, dans l’attente, de compléter cette provision. Nous espérons pouvoir aboutir dans les prochaines semaines ou dans les prochains mois.
EBM : Alors, comme vous l’avez dit, vos résultats témoignent d’un environnement peu porteur ce trimestre sur les marchés financiers. Vos activités de marché ont-elles été affectées ?
Frédéric Oudéa : Oui, il y a eu beaucoup moins d’activité. Il y avait un fort attentisme des investisseurs, au-delà de la saisonnalité traditionnelle de l’été, beaucoup d’attente, en ce qui concerne les décisions des banques centrales et, en particulier, de la BCE.
Donc, finalement, peu d’activités de flux, peu d’activités aussi des produits structurés sur Actions. Donc, effectivement, une baisse des revenus de ces différents segments. Néanmoins, sur neuf mois, quand on regarde sur du plus long terme, il y a toujours une croissance des activités de produits structurés et le segment des activités de produits structurés fixed income a mieux résisté, d’ailleurs, que celui des métiers Actions.
EBM : Regardons maintenant vos métiers de Banque de détail et de services financiers internationaux. Confirment-ils leur dynamique de croissance ?
Frédéric Oudéa : Oui, totalement. Et ça, trimestre après trimestre. La très bonne nouvelle, c’est le potentiel de croissance rentable de ces activités. Et c’est vrai pour l’ensemble des activités dans ce segment, que ce soit en Europe, en Russie où nous avons vraiment une confirmation du rebond de nos activités avec une contribution de 38 millions d’euros sur le trimestre et une très belle croissance des crédits, notamment retail. C’est aussi le cas sur l’Afrique, c’est le cas sur l’assurance et d’une manière générale sur les services financiers. Donc, là, très belle croissance du résultat net, bonne rentabilité, et ces tendances sont amenées, à mon avis, à se prolonger.
EBM : Quelle est votre perception de l’environnement économique ici, en France, et comment votre Banque de détail en France s’y adapte-t-elle ?
Frédéric Oudéa : Clairement, l’activité économique s’améliore en France, d’ailleurs, comme dans l’ensemble de la zone Euro. Et ça se traduit par une bonne activité commerciale en matière de crédit. Une forte augmentation, par exemple, de la production de crédits destinés aux entreprises. Il y a toujours aussi des crédits immobiliers qui sont dynamiques dans un environnement de taux bas.
Nous sommes entrés depuis neuf mois en relation avec 3 500 entreprises supplémentaires pour les aider à se développer.
Alors, cette bonne activité commerciale ne se traduit pas pour autant par une croissance des revenus parce que les taux sont toujours bas et, du coup, mordent sur, notamment, la marge d’intérêts. La bonne nouvelle, c’est que nos commissions progressent et elles sont une part croissante de nos revenus.
EBM : Et pour finir, vous présentez dans quelques semaines votre nouveau plan stratégique. Comment Société Générale aborde-t-elle cette nouvelle phase de son développement ?
Frédéric Oudéa : Je ne peux évidemment pas vous en dire trop, mais nous l’abordons avec beaucoup d’ambition, un esprit de conquête, avec la confiance dans notre potentiel de croissance, dans notre capacité d’adaptation et en pouvant nous appuyer sur des fondations solides : notamment un bilan et une base de capital solides.
Alors, nous sommes lucides sur les défis encore à venir. Le fait que les besoins de nos clients changent, s’adaptent, en particulier liés à l’émergence des nouvelles technologies et que nous avons besoin, nous-même, d’adapter nos modèles de distribution et la relation que nous avons avec nos clients. Nous entendons donc, bien sûr, innover et continuer à diffuser ces changements culturels, ces changements technologiques dans l’ensemble de nos métiers. Et c’est vrai que, de ce point de vue, je me félicite de voir que Société Générale figure à nouveau dans le peloton de tête de ce palmarès eCAC 40 des entreprises digitales en France : nous sommes deuxième cette année, première institution financière. Je pense que ça reflète tout l’engagement de l’ensemble de nos équipes dans ces transformations et l’acceptation, encore une fois qu’il faut bâtir le futur et, parfois, savoir un peu oublier le monde passé.
Donc, on est dans cet état d’esprit plein d’énergie et nous allons présenter notre plan de route aux marchés le 28 novembre.
EBM : Frédéric Oudéa, merci beaucoup.
Frédéric Oudéa : Merci.