EuroBusinessMedia (EBM) : Société Générale, l’un des plus grands groupes européens de services financiers, publie ses résultats pour le deuxième trimestre 2016. Frédéric Oudéa, bonjour.
Vous êtes le Directeur général de Société Générale et vous publiez des résultats solides au 2e trimestre, dans un environnement pourtant particulièrement difficile. Quels sont les faits marquants de ce 2e trimestre ?
Frédéric Oudéa : Oui, nos résultats sont effectivement solides et bénéficient d’une bonne dynamique commerciale dans tous les métiers, et également au 2e trimestre du bénéfice de la plus-value enregistrée dans la cession de nos parts dans Visa Europe.
Alors, cette dynamique commerciale des métiers, elle se prolonge. Elle concerne tous les métiers, comme je le disais : la Banque de détail en France, la Banque de détail à l’International et les Services Financiers qui confirment leur potentiel de croissance et même la banque de financement et d’investissement qui a su bien traverser les turbulences de fin de trimestre liées au vote britannique sur le Brexit.
Par ailleurs, on continue à porter une attention particulière à la maîtrise des frais (+1,3 % sur le trimestre, + 0,6 % sur l’ensemble du semestre) et puis on bénéficie également de la poursuite de la baisse du coût du risque, là aussi dans tous les métiers, signe de la qualité de notre portefeuille de crédit.
Donc, au total, des contributions des métiers solides et sur l’ensemble du semestre, une progression du bénéfice net par action de 25 %.
Enfin, en ce qui concerne le ratio de capital, là aussi une progression : ratio de Core Tier One 10,9 fin 2015, 11,1 fin juin 2016. Conformément à notre plan de marche, nous améliorons pas à pas notre structure de capital.
EBM : Les résultats de la Banque de détail et Services Financiers Internationaux sont particulièrement positifs ce trimestre. Comment expliquez-vous cette performance ?
Frédéric Oudéa : Effectivement, c’est probablement un des éléments majeurs. C’est la confirmation du potentiel de croissance et de rentabilité de ce pôle. C’est le fruit de plusieurs années de travail intensif et la confirmation de ce potentiel. Les revenus croissent de plus de 4 %. C’est une performance excellente quand on compare à toute activité de banque de détail en Zone Euro affectée par les taux négatifs. Le bénéfice de cette diversification, c’est que nous exerçons nos activités essentiellement dans des pays qui ne sont pas dans la situation de taux négatifs et qui, d’une manière générale, connaissent des croissances économiques plus favorables. Nous avons aussi des services financiers qui continuent à extrêmement bien se développer, avec des dynamiques de marchés positives.
Bref, croissance des revenus.
Amélioration du coefficient de l’exploitation : nous investissons mais la croissance des frais est inférieure à la croissance des revenus. Et puis, comme je le soulignais, le coût du risque, comme dans tous les métiers, baisse. Il baisse dans l’ensemble des géographies. On retrouve une contribution, par exemple, positive en Roumanie. La Russie, dans une situation économique qui se stabilise, connaît une bonne activité commerciale avec les entreprises et réduit ses pertes comme prévu et l’ensemble des autres activités bénéficie d’une bonne dynamique commerciale.
Donc, on a concrètement un pôle qui affiche une rentabilité au T2 de 16 % sur le capital normatif, qui sur le 1er semestre a la même contribution que les réseaux France et le même type de rentabilité et qui, pour les prochains trimestres, me paraît très porteur de croissance.
EBM : Et comment expliquez-vous que l’activité de la Banque de détail en France résiste plutôt bien à cet environnement de taux bas que nous connaissons actuellement ?
Frédéric Oudéa : Alors, la banque de détail en France, elle est en Zone Euro. C’est la partie qui connaît cette situation de taux négatifs et de taux très bas, pour une partie seulement de son revenu qui est la marge d’intérêts.
D’abord, la stratégie c’est continuer à augmenter les fonds de commerce, le dynamisme commercial. Et nous bénéficions du déploiement de business models qui me paraissent particulièrement bien adaptés, notamment, par exemple, pour la clientèle entreprise. Nous avons à nouveau un record d’entrées en relation avec des entreprises dynamiques en France, qui souhaitent bénéficier de l’expertise Société Générale, à travers un réseau de pôles d’excellence, de banquiers à leur service, qui les aident dans leur développement y compris à l’international, dans leur couverture de taux d’intérêts, de change par exemple.
Nous avons également avec les particuliers une belle conquête de clientèle. Je pense à Boursorama qui atteint 870 000 clients à fin juin 2016, 64 000 de plus sur le trimestre. Vous voyez : conquête commerciale.
Cette conquête commerciale nous permet au total d’avoir une bonne dynamique des commissions. Elle progresse sur le 1er semestre de près de 1 %. Et ça, ça permet de limiter l’érosion du revenu. La marge d’intérêts, effectivement, certes, souffre des taux, mais les crédits croissent. Les volumes permettent là aussi de modérer l’érosion du revenu.
Donc, au total, on a plutôt une bonne performance en relatif, on continue à travailler sur les frais, on bénéficie là aussi d’une baisse du coût du risque. La contribution au résultat net, part du Groupe, de ce métier, progresse au 1er semestre par rapport à l’année dernière, en dépit de cet environnement globalement difficile.
EBM : Dans quelle mesure la Banque de Grande Clientèle et Solutions Investisseurs a-t-elle été impactée par cet environnement de marché difficile qui a caractérisé le 2e trimestre ?
Frédéric Oudéa : Ce 3e pôle, la banque de services aux investisseurs, de financement et d’investissement, montre à nouveau sa résilience dans des turbulences de marché très fortes de fin de trimestre et la priorité était à la bonne gestion des risques. Nous confirmons une capacité de maintien d’une bonne rentabilité au-delà de 10 % sur le capital. Alors, bien entendu, les revenus sont en baisse, par rapport à l’année dernière qui était beaucoup plus favorable dans l’environnement de marché, avec plus d’activité de la part des entreprises. Avec l’attentisme pré-Brexit et les turbulences, évidemment, priorité au maintien d’une bonne gestion des risques.
EBM : Et si on se tourne vers l’avenir à présent, quelles sont vos priorités pour le 2e semestre 2016 ?
Frédéric Oudéa : Eh bien on va continuer notre route. On va tirer profit d’un business model qui, par rapport à beaucoup, est moins sensible à ces taux négatifs, comme je le disais. Donc, sur les réseaux de détail France, confirmer cette capacité de se transformer à l’évolution des comportements du client, déployer cette transformation et l’introduction des nouvelles technologies numériques.
Une des grandes satisfactions de ce 1er semestre, c’est aussi d’avoir annoncé à tous nos collaborateurs, à nos organisations syndicales, ce que nous voulions faire dans les 5 prochaines années. C’est acquis, tout le monde est prêt à dérouler ce plan sur 5 ans. Priorité à cela et à maintenir une bonne activité commerciale et, bien sûr, une bonne rentabilité.
Deuxièmement, confirmer ce potentiel de croissance de la banque de détail à l’étranger, et de services financiers spécialisés. Et je suis confiant, comme je le disais, sur ce potentiel de croissance. Il y a encore des entités qui peuvent faire mieux. Il y a encore des synergies à dégager. Ce pôle va continuer à délivrer.
Et enfin, sur la banque d’investissement et de financement, continuer à transformer le modèle, bénéficier de la croissance de nos nouveaux métiers comme le métier de Prime Services et bien sûr travailler sur les coûts parce que c’est un enjeu essentiel pour continuer à améliorer la rentabilité sous-jacente de ce métier.
Au total, vous voyez, une transformation tous azimuts, centrée sur ses clients, au bénéfice, évidemment, de nos actionnaires et de nos salariés.
EBM : Frédéric Oudéa, Directeur général de Société Générale, merci beaucoup.
Frédéric Oudéa : Merci.