EuroBusiness Media (EBM) : Société Générale, l'un des plus grands groupes européens de services financiers, publie ses résultats pour le premier semestre 2017. Frédéric Oudéa, bonjour. Vous êtes le Directeur général de Société Générale. Alors, comment le groupe s’est-il comporté au 2e trimestre 2017 ?
Frédéric Oudéa : Nous avons enregistré des performances solides à l’image du 1er trimestre et, notamment, nous bénéficions du modèle diversifié d’activités que nous avons, avec des performances commerciales satisfaisantes dans tous nos métiers et, au total, des revenus des métiers qui sont stables, en dépit d’un environnement qui reste contrasté du point de vue des taux d’intérêts et des marchés.
Associés à cette dynamique commerciale, nous continuons à maîtriser nos frais généraux. Nous portons de l’attention à ces frais généraux, tout en investissant. Et puis nous bénéficions d’un coût du risque particulièrement bas qui est le fruit, là aussi, de l’amélioration de la qualité du portefeuille de crédit.
Ce trimestre enregistre des éléments non économiques, en particulier le traitement comptable de l’accord concernant le litige avec la LIA. Si je veux faire abstraction de ces éléments non économiques et non récurrents, on a une progression du résultat sous-jacent de 11 %. Et au total, sur le 1er semestre, quand je regarde la rentabilité sous-jacente du groupe, elle progresse là aussi et s’affiche à 9,5 %.
Donc, au total, un semestre au cours duquel nous avons adapté notre business model, nous continuons à enregistrer de bonnes performances commerciales. Nous continuons donc à progresser vers les cibles, bien entendu, que nous nous fixons.
EBM : Alors, vos relais de croissance, notamment en Banque de Détail et Services Financiers Internationaux confirment-ils leur potentiel ?
Frédéric Oudéa : Totalement et c’est la grande satisfaction, à nouveau, de ce 2e trimestre, avec une progression des revenus, une progression du RBE et un coût du risque là aussi très faible qui reflète la qualité du portefeuille de crédit dans des économies plus émergentes que l’économie française et donc, au total, avec une très forte rentabilité.
Et ça, c’est vrai un peu de toutes les géographies. L’Europe progresse, on a une forte croissance des crédits, crédits à la consommation notamment. En Russie, on confirme le redressement de notre filiale qui atteint une rentabilité de 9 % avec 31 millions d’euros de résultat net. C’est vrai de l’Afrique, c’est vrai de l’assurance, c’est vrai, donc, de l’ensemble des métiers. Et on va continuer à nourrir ce pôle de croissance et je crois que nous sommes très bien positionnés sur les géographies dans lesquelles nous opérons.
EBM : Et comment votre Banque de Détail en France s’est-elle adaptée à un environnement de taux toujours défavorable ?
Frédéric Oudéa : D’abord, nous continuons à conquérir des clients. Ça, c’est le point fondamental : près de 250 000 clients supplémentaires. Un Boursorama qui affiche maintenant plus de 1,1 million de clients. Et puis nous conquérons aussi des clients Entreprises : 1 400 entreprises sont entrées en relation avec la Société Générale.
Mais c’est vrai qu’en dépit de ces effets « volume » favorables, nous continuons à subir la pression à la baisse des taux d’intérêts, de ces taux négatifs. Donc, notre revenu s’érode légèrement de 1,8 %.
Le point intéressant, c’est que les commissions progressent. On voit une déformation positive de la structure des revenus avec des commissions qui progressent alors que la marge d’intérêt baisse une nouvelle fois à cause de cet environnement de taux.
Nous continuons à transformer le modèle. Nous avons un coût du risque bas. Et donc, on a au total des résultats qui se tiennent bien en dépit de cet environnement plus difficile.
EBM : Alors, l’environnement de marché a été peu porteur au 2e trimestre. Est-ce que cela a pesé sur votre banque de Grande Clientèle et de solutions investisseurs ?
Frédéric Oudéa : Oui, d’abord, on a eu un environnement moins favorable, plus d’attentisme avec, évidemment, une élection en France, en particulier, mais pas seulement. Et au total, c’est vrai que les investisseurs ont été un peu plus en attente sur tout ce qui était produits de flux. Par exemple sur le marché Actions. Les produits structurés, à l’inverse, ont bien fonctionné. Donc, on a une légère baisse de nos revenus de marché, de l’ordre de 4 %, par rapport à une base de référence élevée l’année dernière où il y avait plus de volatilité avec le BREXIT.
Plus fondamentalement, je crois qu’on confirme le caractère extrêmement récurrent de notre base de revenus. Et c’est ça le point fondamental. Nous voulons construire une BFI qui délivre dans la durée de la croissance et de la rentabilité. Et la rentabilité sous-jacente s’est améliorée grâce aux efforts sur nos frais généraux et là aussi un coût du risque très bas.
Le modèle continue donc à s’adapter dans la bonne direction.
EBM : Alors, pour finir, comment Société Générale aborde-t-elle la deuxième partie de l’année ? Etes-vous confiant dans l’amélioration de l’environnement économique, en particulier en France ?
Frédéric Oudéa : Oui, d’abord, j’aborde ces prochains trimestres avec confiance. Les résultats du 2e trimestre, en termes d’activité économique en Europe et en France, en particulier, sont bons. Le niveau de confiance ne cesse de s’améliorer. Je crois qu’on peut être raisonnablement optimistes pour les 12-18 prochains mois sur l’activité économique en Europe et en France, dans le cadre d’un environnement peu favorable, donc, et peut-être aussi avec une perspective de normalisation progressive des politiques monétaires.
Eh bien nous, qu’est-ce qu’on entend faire ? Tout d’abord, tourner la page de la remédiation, mettre derrière nos litiges bien sûr et puis surtout construire le nouveau plan stratégique que nous allons communiquer d’ici la fin de l’année. Donc, continuer dans cette transformation.
Nous avons des ambitions de développement de nos métiers. Nous voulons nous adapter, bien entendu, aux effets des nouvelles technologies sur le comportement de nos clients, tirer profit du maximum de potentiel de croissance de l’entreprise.
Et pour cela, eh bien, nous avons mis en place une nouvelle organisation, aussi, sur ce 1er semestre, avec la volonté d’être plus agile, plus proche du client, de saisir les opportunités, d’être encore plus capable de nous adapter le plus vite possible aux évolutions profondes de l’industrie.
Donc j’aborde avec beaucoup d’énergie et d’enthousiasme cette nouvelle phase qui s’ouvrira à partir de la fin de l’année et du début de l’année 2018.
EBM : Frédéric Oudéa, merci beaucoup.
Frédéric Oudéa : Merci.