EuroBusiness Média (EBM) : Société Générale, l'un des plus grands groupes de services financiers en Europe, publie ses résultats au 1er semestre 2020. Frédéric Oudéa, bonjour.
Frédéric Oudéa : Bonjour.
EBM : Quel bilan dressez-vous de ce 2e trimestre marqué, bien entendu, par la crise COVID 19 ?
Frédéric Oudéa : Effectivement, nos résultats financiers portent la marque de l’arrêt de nombreuses économies dans le monde pendant une bonne partie du trimestre. Donc, on voit une baisse des revenus dans la plupart des activités, avec des différences.
La bonne nouvelle, c’est qu’on voit aussi le rebond à partir de mi-mai et de juin dans la totalité des activités.
Deuxièmement, en matière de coûts, on a fait des efforts et on voit une baisse des coûts partout. Ça fait partie des capacités à absorber en partie ce choc.
Sur le coût du risque, nous avons eu à comptabiliser des défauts constatés mais aussi, et surtout, le futur avec les normes comptables IFRS9. Et bien sûr le coût du risque augmente. Mais nous indiquons aux marchés que nous nous situerons dans le bas de la fourchette entre 70 et 100 points de base, donc un message rassurant sur le 2
e semestre.
Enfin, en matière de capital, le capital et la liquidité restent abondantes et ça, c’est une très bonne nouvelle puisque c’est bien sûr la capacité à accompagner nos clients dans le futur.
Au total, le résultat reste à l’équilibre, hors éléments exceptionnels.
On comptabilise, au T2, deux éléments exceptionnels non cash qui sont liés à la révision à la baisse des perspectives de nos activités de marché. Donc, l’amortissement du goodwill sur ces activités et puis une révision à la baisse des actifs d’impôts différés.
EBM : Quelle analyse faites-vous des résultats des métiers ?
Frédéric Oudéa : Si on prend métier par métier :
Sur la Banque de Détail en France, d’abord, la priorité, c’était d’être auprès de nos clients entreprises, avec ce fameux Prêt Garanti par l’Etat (PGE) : 18 milliards concernant la Société Générale. Ça s’est fait, je crois, dans de bonnes conditions et nos clients nous en sont reconnaissants : on a bâti une espèce de good will pour le futur.
Au-delà, bien-sûr, les revenus baissent parce qu’il y avait moins de trafic, moins de visites : les commissions sont en baisse. Et puis on a eu un afflux de dépôts et l’afflux de dépôts, par des taux négatifs, ce n’est pas bon pour la marge d’intérêts.
Le coût du risque augmente, mais là aussi, beaucoup, en « forward looking ».
En ce qui concerne les activités de
Banque de Détail à l’international, ça varie aussi d’un pays à l’autre, mais dans l’ensemble, même chose : lockdown, des économies qui s’arrêtent, donc des baisses de commissions, une normalisation des taux, aussi une baisse des taux forte en République Tchèque, mais un fort rebond, comme dans les autres activités, à partir de juin. Et au total, là aussi, un coût du risque qui, de la même manière, prévoit pour le futur.
Et enfin, en
Banque d’investissement et de financement, c’est contrasté.
On a de bonnes activités de financement et de conseil qui progressent même par rapport à l’année dernière. Tout ça avec un capital qui a été géré avec discipline.
On a des activités record en matière de taux, de crédit et de change.
Et puis, sur les marchés « Actions », les produits « Actions », les produits structurés, ont été à nouveau impactés en début de trimestre mais on voit la normalisation progressive, mois par mois. Et au total, le trimestre est meilleur que le 1
er trimestre. On est confiants, avec cette nouvelle stratégie, de poursuivre cette normalisation progressive.
Voilà pour le panorama de l’ensemble de nos activités.
EBM : Enfin, alors que la situation économique s’annonce plus difficile, quelles vont être vos priorités ?
Frédéric Oudéa : D’abord, si je tire les leçons de ce 1
er semestre, la banque a su traverser cette période extraordinaire et aujourd’hui, elle a la capacité, effectivement, de se projeter. Je voudrais remercier tous nos collaborateurs dans cette période hors normes. Notre priorité a été, bien sûr, d’assurer leur sécurité, nous l’avons fait, la sécurité de nos clients. Et je le répète, la Société Générale a été présente.
Ensuite, on va continuer à bâtir, à transformer nos métiers, avec une vision d’un nouveau plan stratégique qui sera articulé autour de :
- la centricité clients : Les besoins des clients ont changé pendant cette crise et vont continuer à changer et nous devons partir de là pour penser nos métiers et, notamment, avec la transformation digitale.
- Tout l’enjeu de responsabilité sociale et environnementale : nous avons continué à prendre des initiatives, en pleine crise, en matière de, par exemple, financement du charbon ou en finançant des projets très innovants avec des nouvelles énergies. Nous entendons inscrire ces enjeux de transition énergétique au cœur de la stratégie de nos métiers mais au-delà, aussi, en matière de diversité. Par exemple, nous voulons être un employeur socialement pleinement responsable et c’est un des enjeux clés pour l’avenir.
- Et puis, enfin, bien sûr, en matière d’efficacité, l’environnement va rester plus difficile, on le sait. Et donc, l’enjeu de baisser les coûts, baisser les points morts, notamment en s’appuyant sur les nouvelles technologies, restera aussi au cœur de notre stratégie.
EBM : Frédéric Oudéa, merci.
Frédéric Oudéa : Merci.