EuroBusiness Média (EBM) : Le groupe Société Générale, l’un des plus grands groupes européens de services financiers, publie ses résultats pour le 3e trimestre 2019. Frédéric Oudéa, bonjour.
Frédéric Oudéa : Bonjour.
EBM : Vous êtes le Directeur Général de Société Générale. Comment analysez-vous ces résultats ?
Frédéric Oudéa : Je crois qu’on délivre des résultats tout à fait en ligne avec nos objectifs, nos priorités.
La première des priorités c’était le capital, et nous avons une très forte augmentation de notre ratio de capital, le CET1, qui se situe à 12,5 %, tout intégrant les provisions pour notre dividende (3/4 des 2,20 euros par action en cash, soit 1,65 euros). Tout cela devrait être de nature à rassurer nos actionnaires.
En ce qui concerne nos métiers, là aussi, l’adaptation des business modèles, des métiers se passe totalement en ligne avec les objectifs. Nos résultats sur la Banque de Détail en France sont totalement cohérents avec nos attentes. Le pôle Banque de Détail à l’international et Services Financiers continue à croître, bénéficiant d’un environnement beaucoup plus favorable que sur la Zone Euro. Et enfin, en ce qui concerne les activités de Banque d’Investissement et de Financement, vous savez que nous nous sommes lancés dans une restructuration qui se déroule complètement là aussi en ligne avec notre calendrier. Elle est même achevée sur le plan du capital et en ce qui concerne l’ajustement des activités, elle est en place avec, évidemment, une baisse des revenus attachés aux activités restructurées, et pas encore le bénéfice des économies, mais au total une contribution résiliente.
Les frais de gestion baissent. C’est aussi une attention forte que nous avons. Le coût du risque reste stable, à un niveau bas : 26 points de base sur le trimestre, 24 points de base sur les 9 premiers mois.
Et au total, on affiche une rentabilité résiliente, sur 9 mois, à 8 %, un résultat net sur le T3, qui baisse par rapport au T3 de l’année dernière parce qu’on avait un effet de base, une plus-value de 300 millions d’euros, et puis aussi par un effet lié à nos cessions cette année. Mais vraiment quelque chose de très en ligne avec nos objectifs.
EBM : Et, plus en détail, quelles ont été les dynamiques des principaux métiers du Groupe ?
Frédéric Oudéa : Si on prend à nouveau nos trois piliers :
- Sur la Banque de Détail en France, toujours une bonne dynamique commerciale : croissance des crédits, immobilier, croissance plus importante encore de l’investissement dans une économie française qui se porte plutôt pas mal par rapport aux autres pays européens. Donc nous en bénéficions et puis Boursorama vient de dépasser les 2 millions de clients. Au total, une bonne activité commerciale et une rentabilité très résiliente de notre activité, alors même qu’évidemment nous sommes entrés maintenant dans ce territoire des taux négatifs.
- Comme je l’ai dit sur les métiers de Banque de Détail à l’international, partout, dans toutes nos géographies : croissance des crédits, croissance des dépôts. Evidemment, on ne souffre pas du tout de la même situation de taux et tous nos métiers fonctionnent bien. Et puis sur la gestion de flotte automobile, on continue à avoir une croissance des véhicules sous gestion et le leasing, là aussi, se développe bien avec des investissements des entreprises qui continuent en Europe.
- Et puis, en ce qui concerne la Banque de Financement et d’Investissement, la situation est un peu plus contrastée. La Banque de Financement et les Financements structurés progressent assez fortement, de même que le cash management, à l’inverse sur les activités de marché des revenus en baisse, notamment parce que, une nouvelle fois, le périmètre s’est réduit et puis l’environnement n’était pas très favorable au 3e Mais au total, quelque chose en ligne avec nos attentes.
EBM : Quelles sont vos priorités pour le trimestre à venir ?
Frédéric Oudéa : C’est vraiment continuer à délivrer… D’abord, garder la discipline sur le capital, une allocation optimale du capital, allouer le maximum de capital aux activités les plus rentables et préserver un niveau de capital satisfaisant. Mais là je crois qu’on a franchi des étapes assez déterminantes.
Et puis, travailler sur la rentabilité ; cette rentabilité, notamment, sur l’équilibre entre les revenus et les coûts. Nous avons des objectifs sur 2020. Et bien sûr, tourner la page de la restructuration des activités de Banque de Financement et d’Investissements, retrouver du dynamisme de revenus, ne serait-ce que pas l’intégration, aussi, des activités de Commerzbank l’année prochaine, qui va nous apporter des revenus supplémentaires. Continuer une maîtrise forte sur les coûts et, bien entendu, rester vigilants en matière d’origination de crédits en préservant un coût du risque bas.
Nous sommes concentrés sur ces objectifs. Je suis confiant sur notre capacité à délivrer, sachant que les banques européennes font face, il faut en être conscient, à quatre défis dont trois sont assez spécifiques aux banques européennes :
- l’émergence des nouvelles technologies, bien entendu, (un défi commun à toutes les banques dans le monde),
- mais nous sommes face maintenant à un environnement de taux bas, voire même négatifs pour longtemps,
- des changements réglementaires à venir qui pénalisent le plus l’Europe,
- et puis, bien sûr, l’enjeu du climat. Nous sommes leaders dans le financement de la transition énergétique et j’en suis fier mais c’est vrai que d’autres banques, dans d’autres géographies, ont moins la pression aujourd’hui de l’opinion publique et des gouvernements. En tout cas, nous voulons en faire un atout, une force, un avantage compétitif et c’est pour ça que nous continuons à bien avancer dans ce domaine en prenant des engagements nouveaux.
En tout cas, vous voyez que, au total, pas mal de défis à relever mais tout le monde est à bord, avec beaucoup d’engagement, de dynamisme et d’esprit d’équipe pour relever ces défis.
EBM : Frédéric Oudéa, merci beaucoup.
Frédéric Oudéa : Merci.