EuroBusiness Media (EBM): VINCI, premier groupe mondial de concessions et de construction publie ses résultats pour l'exercice 2011. Xavier Huillard, bonjour. Vous êtes le Président-directeur général de VINCI. Comment qualifieriez-vous les résultats de VINCI en 2011 ?
Xavier Huillard : Adrian, 2011 aura été un excellent exercice pour VINCI, et ce à plusieurs titres. D'abord, nous avons enregistré une croissance à deux chiffres de notre chiffre d’affaire. C'est la combinaison d’une bonne croissance interne avec l’effet année pleine des acquisitions réalisées en 2010, à savoir Cegelec et Faceo dans le pôle Energies, et Tarmac dans la division Routes. La météo nous a également aidé, notamment en fin d’année. Ensuite nous nous sommes fortement concentrés sur les marges, ce qui a permis de dépasser les objectifs que nous nous étions fixés. VINCI Autoroutes a clôturé l’année avec une marge d’EBITDA de 69,4 %, soit une amélioration de 60 points de base. Pour ce qui est de la branche Contracting, notre marge opérationnelle s’est appréciée, à 4,6 %, contre 4,5% en 2010. Troisièmement, notre structure financière a continué à se renforcer. Notre endettement net a reculé d’un demi-milliard d’euros, à 12,6 milliards. La position de liquidités du Groupe s’est également améliorée à 12,8 milliards d’euros, dont 4,5 milliards de facilités bancaires à moyen terme. Enfin, l’année a été exceptionnelle en termes de prises de commandes. En plus de remporter le plus grand projet d’infrastructure ferroviaire d’Europe, avec la ligne à grande vitesse Tour-Bordeaux, nous avons connu le meilleur exercice de notre histoire, avec 36,1 milliards d’euros de prises de commandes. Notre carnet de commandes à fin 2011 atteint ainsi le niveau historique de 30,6 milliards d’euros, soit une progression de 18 % par rapport à fin 2010.
EBM : Pour 2012, et un peu au-delà, on craint que les mesures d’austérité et la crise de la dette souveraine en Europe aient un impact négatif sur les niveaux d’activité pour des groupes tels que VINCI. Qu’en pensez-vous ?
Xavier Huillard : Il n’est pas exclu que nous assistions à un fléchissement des prises de commandes dans les mois qui viennent, en particulier en provenance des collectivités locales françaises qui rencontrent des difficultés pour financer leurs projets. Heureusement nous bénéficions d’un excellent atout dans nos métiers, dans la mesure où le profil d’exécution de notre carnet de commandes nous permet d’anticiper. À l’heure où nous parlons, nous disposons en moyenne de 12 mois d’activité dans notre carnet de commandes. Si nous constatons que cet encours diminue au cours des prochains mois, nous disposons de leviers que nous pouvons activer comme nous l’avons fait en 2009 : réduire la sous-traitance, diminuer le nombre de travailleurs intérimaires, adapter nos frais généraux aux nouvelles réalités du marché accessible. Cela étant dit, nous avons récemment concrétisé d’importants projets d’infrastructures dont la réalisation s’étalera sur plusieurs années ; comme Tours-Bordeaux en France, le projet Crossrail au Royaume-Uni, la I-95 aux Etats-Unis ou le projet de dragage Western Basin en Australie. Nous pensons également que le marché français de la construction, qui représente plus de 50% de notre activité dans le Contracting, devrait globalement correctement résister, tiré par les besoins en logements sociaux, en hôpitaux, en universités et en efficacité énergétique.
Dans touts les cas, nous protégerons nos marges opérationnelles qui sont parmi les meilleurs de notre profession. Nous savons ce qu’il faut faire, nous l’avons déjà fait dans un passé récent avec l’efficacité que vous avez constaté, et nous continuerons à le faire.
EBM : L'environnement actuel a-t-il une influence sur la manière dont VINCI aborde ses initiatives stratégiques ? La période actuelle vous incite-t-elle par exemple à réduire la voilure ou à être attentiste ?
Xavier Huillard : En aucun cas. Une stratégie ne peut s’exprimer que dans la durée et nous pensons que la notre est efficace pour créer de la valeur dans le moyen et long terme. Nous ciblons toujours une croissance équilibrée entre nos activités Concessions et Contracting. Nous voulons continuer à étendre notre empreinte à l’international, en privilégiant les pays émergents ainsi que les pays producteurs de pétrole et de gaz. Nous voulons également nous appuyer sur notre capacité à gérer des grands projets complexes comme l’usine Renault au Maroc. Même nos marchés plus matures offrent de multiples opportunités de croissance, tels que des projets liés aux énergies renouvelables, ou tous les projets visant à améliorer la performance énergétique des infrastructures. Enfin nous voulons continuer à développer les synergies de revenus entre nos différents métiers. Le contrat de la ligne Tour-Bordeaux en est la parfaite illustration : nos trois divisions de Contracting travaillent conjointement avec VINCI Concessions sur un projet qui représentera un chiffre d’affaire de 4,2 milliards d’euros sur toute la durée de la construction.
EBM : Enfin, à plus court terme, à quoi le marché doit-il s’attendre de la part de VINCI ?
Xavier Huillard : Tout d’abord, nous sommes constants et nous proposons aux actionnaires le maintien de notre taux de distribution de dividende à 50 %. Sous réserve de l’approbation en Assemblée générale le 12 avril, notre dividende pour l’année 2011 s’élèvera à 1,77 euros, ce qui représente une croissance de 6% par rapport à 2010 et un rendement d’environ 5%. Nous entendons également poursuivre notre programme de rachat d'actions afin de conserver le même nombre d’actions en circulation.
Quant à savoir comment se profilera l’exercice 2012, il est encore un peu tôt pour le dire, surtout dans le contexte économique incertain que nous connaissons. Mais compte tenu de notre carnet de commandes et des projets identifiés localement par nos équipes, nous pensons raisonnable de tabler a minima sur une stabilisation de notre chiffre d’affaires en 2012 par rapport à 2011. Enfin notre objectif est de maintenir nos marges opérationnelles aux bons niveaux atteints en 2011.
EBM : Xavier Huillard, Président-directeur général de VINCI, je vous remercie.
Xavier Huillard : Merci.